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Manoeuvres de l’impérialisme français au Sahel

D 7 mars 2014     H 05:09     A Moulzo     C 0 messages


A FRANCE DE FRANÇOIS HOLLANDE EST UNE FRANCE GUERRIÈRE. Elle a déjà fait deux guerres sur le continent
africain. La guerre au Mali (soutenue néanmoins par beaucoup de maliens) a été l’occasion pour le
Président français de se poser en rempart contre le terrorisme tandis que l’intervention de la France en
Centrafrique fin 2013 nous confirme que le viril François aurait dû dire du débat de la campagne
présidentielle française de 2007 contre Nicolas Sarkozy, « Moi, Président de la Françafrique ! ».

Convergence d’intérêts

Déjà en 2010, Aïr Info, titre influent
d’Agadez analysait : « A long terme, le coup
d’éclat d’Al-Qaïda Maghreb islamique dans
le Nord du pays pourrait bien servir l’intérêt
de la France. Elle pourra ainsi légitimer sa
volonté de contrôler militairement la région
 ». Quatre ans plus tard, cette analyse
semble se confirmer. En effet, si la stratégie
de déstabilisation de la région du Sahel par
les combattants d’AQMI (Al Quaida au
Maghreb Islamique – ex GSPC – Groupe
Salafiste pour la Prédication et le Combat)
ainsi que les djihadistes de tout bord est
avérée, il n’en demeure pas moins que
l’éclat de leurs actions (rapts
d’occidentaux, attaques des intérêts au
Sahel des intérêts des multinationales)
profite aussi à l’impérialisme français. La
parfaite réussite des opérations d’AQMI
prouve par ailleurs une certaine complaisance
locale, y compris celle des gouvernements
locaux, souvent corrompus par les
multinationales capitalistes et se souciant
peu du sort des populations locales qui
elles, subissent violemment le racket organisé
des ressources qui leur appartiennent.

Mépris d’Areva

Depuis quelques temps, le bras de fer entre
Areva et le Président nigérien Mahamadou
Issoufou réclamant quelques miettes de
plus pour son peuple (12% de redevance
au lieu des 5,5% actuel) nous montre bien
le mépris du groupe français à l’égard du
Niger qui lui fournit pourtant une bonne
part de son uranium. Le scandale révélé par
l’observatoire du nucléaire en décembre
2012 du don d’un avion au Président
Issoufou par Areva nous indique que la
corruption est souvent le moyen le plus
efficace pour faire plier les gouvernements1.
D’ailleurs, M. Issoufou connait bien
Areva puisque cet ingénieur des mines
(diplômé de l’école nationale supérieur des
mines de Saint-Étienne) a aussi été directeur
d’exploitation de la mine d’Arlit qui
appartient en partie à Areva.

Le sahel, zone à risques

Le sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal,
Burkina Faso, Tchad…), est bien devenu
une zone à hauts risques. Les attaques
contre les intérêts de la France n’épargnent
aucun pays du Sahel. Au Niger par
exemple, il semble que ce soient les difficultés
économiques qui ont poussé les
rebelles touaregs vers AQMI car les revenus
de l’uranium (exploitées par Areva) ne
profitent pas du tout aux populations
locales. De plus, la compagnie française
néglige les questions environnementales
et le collectif « Areva ne fera pas la loi au
Niger » ne cesse de dénoncer le comportement
du groupe français au Niger depuis
de nombreuses années. Selon Seidik Abba
(journaliste nigérien), l’adhésion des
touaregs à AQMI n’est pas idéologique
mais stratégique car dans la région d’Arlit
(où se situent les gisements d’uranium) par
exemple, la défiance vis-à-vis d’AREVA
s’est récemment fortement accrue.

À qui profite donc le crime ?

Certainement pas seulement à AQMI qui
récolte certes beaucoup d’argent grâce aux
rançons tout en se faisant une publicité
quasi gratuite à travers les médias occidentaux
mais aussi à la France, implantée de
longue date dans la région. La déstabilisation
du sahel est profitable à la France qui
dispose d’avantages comparatifs (grâce à
ses réseaux) par rapport aux autres nations
impérialistes. Celle-ci n’incite pas par
ailleurs les autres multinationales impérialistes
(Chine, Etats Unis…) à s’y implanter
mais aussi parce qu’elle justifie une présence
militaire française dans la zone,
souvent sur appel des gouvernements
locaux. Ce fut le cas au Mali mais aussi en
Centrafrique.

L’enjeu : les ressources africaines

Depuis plusieurs années, la France est une
nation en guerre. Afghanistan, Côte
d’Ivoire, Mali, Centrafrique. Sarkozy ou
Hollande, même combat ? Très certainement
car le véritable enjeu est bien le
partage des ressources du continent africain.
La France, qui s’est laissé distancer
par la Chine (négociateur sans état d’âme
avec les dictateurs du continent) veut
certainement rattraper son retard et ramener
cette zone du continent sous sa coupe.
La Chine est en effet ambitieuse en Afrique.
Le nouveau siège de l’union africaine
(flambant neuf) inauguré en 2012 à Addis
Abeba est un cadeau de la Chine à
l’Afrique. Son coût est de 154M € tandis
que le commerce entre la Chine et l’Afrique
pèse aujourd’hui 93 milliards € contre à
peine 15 milliards, dix ans plus tôt. Mais il
n’y a pas que la Chine. L’Inde, le Brésil
veulent aussi leur part du gâteau africain.
Cette nouvelle donne incite certainement
la France à se maintenir par tous les
moyens nécessaires afin de préserver son
pré-carré.

La coopération militaire entre le Mali, le
Niger et la France, se trouve aujourd’hui
renforcée et la présence militaire française
dans la région accrue. L’impérialisme a plus
d’un tour dans son sac pour continuer à
exploiter encore et toujours les pays
pauvres.

1 Voir article de Bertold du Ryon :
www.europe-solidaire.org/spip.php?article31063

Moulzo