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Burkina Faso : Le solaire au service de la filière lait

D 30 août 2011     H 04:43     A Maurice Oudet     C 0 messages


Le mardi 9 août 2011, je me suis rendu à Mu, à quelques km de Oury, pas très loin de Boromo, avec la présidente de l’Union des Mini Laiteries du Burkina et un technicien de l’élevage. Il s’agissait de rejoindre la communauté peule de ce village qui s’est préparée (alphabétisation en fulfulde, construction d’une maison), depuis plusieurs année, pour la mise en place d’une mini laiterie.

A notre arrivée, nous sommes accueillis par les hommes et les femmes du quartier Quelques vieux qui veilleront sur les troupeaux qui vont fournir le lait à la laiterieC’est un ami, producteur de riz au Sourou, mais originaire d’Oury, qui m’a fait rencontrer cette communauté peule. Très vite, elle a exprimé son souhait d’être appuyée pour la création d’une laiterie dans leur village. Je me suis demandé alors si le marché d’Oury (voire celui de Siby, un peu plus éloigné) suffisait pour qu’une laiterie soit viable économiquement. Déjà, à lui seul, un congélateur à gaz va consommer plus de 6 000 F par mois d’énergie. Ensuite, il faudra se rendre à Boromo (à 40 km environ) pour remplacer, chaque 3 semaines la bouteille de gaz.

J’ai alors pensé à un congélateur « solaire ». Mais les congélateurs « solaires » que je connaissais, n’étaient pas vraiment solaire ! Ils marchaient à partir d’une batterie au plomb de 12 volts reliée à une plaque photovoltaïque. Mais cette batterie (si elle n’est pas surdimentionnée), il faut la renouveler chaque année.

C’est alors qu’en me promenant sur la toile web, j’ai découvert que des congélateurs solaire, au sens strict du terme, étaient commercialisés. Il s’agit de congélateurs qui sont directement reliés à une plaque solaire, sans batterie. Ces congélateurs ont une double caractéristique : ils sont suffisamment bien isolés pour ne « travailler » que la journée, quand il y a du soleil, et se reposer la nuit. De plus, pour le cas où il y aurait 3 à 4 jours sans soleil, ils contiennent un liquide qui « emmagasine » du froid, pour parler simplement.

Les femmes qui travailleront bientôt à la laitere s’empresse de découvrir le matériel que nous avons apporté Les plaques solaires d’une puissance de 60 wattas x = 180 watts Comme la durée de vie d’une plaque solaire est de 25 ans (mieux : à 25 ans ces plaques ne sont pas « mortes » : elles conservent 80% de leur capacité énergétique), ce congélateur devrait pouvoir fonctionner sans dépenses annexes durant ces 25 ans. Ce qui rend ce type de congélateur tout à fait intéressant, pour des individus ou des communautés « isolés », c’est à dire sans lien avec le réseau électrique du pays.

C’est cette expérience que nous avons inaugurée mardi dernier, avec un congélateur de 150 litres. Mais notre fournisseur-constructeur fabrique aussi des modèles de 270 litres et 410 litres. Nous étudions actuellement la possibilité de devenir « diffuseur » de ces produits, ce qui nous permettrait de les importer à un coût intéressant. Les lecteurs du Burkina intéressés peuvent se signaler. Si la demande était forte nous pourrions commencer par un premier conteneur rempli de ces congélateurs.

Ceux qui souhaiteraient soutenir financièrement cette orientation vers le solaire pour les mini laiteries gérées par les femmes peules au sein de leur communauté sont également les bienvenus ! Ils peuvent se signaler.

Au moment où je termine cette lettre, je reçois des nouvelles de Guinée. Elle ne sont pas bonnes. Il s’agit de conflits entre éleveurs et agriculteurs. Déjà le ton de l’article de Guinée Presse Info fait peur : RFI confirme les massacres de bovins par des bandes de Koniankés !

Mais les commentaires sont encore plus alarmant : « la seule chose que la communauté peule doit faire actuellement est de se battre. (Il faut) prendre les armes. (Sinon) on finira par perdre tout nos biens ! »

Les femmes ont tenu à prendre encore une photo devant le matériel. A noter les vélos qui serviront à livrer yaourt, dégué et gapal dans les villages voisins. Le congélateur solaire auquel sera ajouté un bidon contenant le produit qui Nous ne sommes pas à l’abri, au Burkina, d’une telle détérioration du climat social. Or j’en suis convaincu : la gestion par une communauté peule d’une petite laiterie est un facteur très efficace d’intégration sociale. D’abord par l’alphabétisation qu’elle demande pour sa mise en place. Ensuite, par les contacts quotidiens qu’elle engendre.

Ne laissons pas les conflits se développer. Cherchons plutôt à développer des alliances entre éleveurs et agriculteurs, et tout ce qui facilite l’intégration des éleveurs peuls. Le solaire, au service de la filière lait, et donc de cette intégration sociale, peut, sans doute, trouver une place intéressante dans cette stratégie.

Koudougou, le 13 août 2011

Maurice Oudet

Président du SEDELAN

Source : http://www.abcburkina.net