Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Ouest » Burkina Faso » Burkina Faso, luttes sociales et politiques

Burkina Faso, luttes sociales et politiques

D 7 août 2011     H 04:48     A Bertold de Ryon     C 3 messages


Vendredi 1er juillet, un meeting « Justice pour Thomas Sankara »
a réuni de nombreuses personnes dont le GTA du NPA dans une
salle du 2e arrondissement de Paris.

C’était l’occasion de faire le point
sur le dossier, toujours ouvert, de
l’assassinat du président
révolutionnaire du Burkina Faso, le
15 octobre 1987, par son
successeur (Blaise Compaoré) et
avec le soutien de la
« Françafrique ». Les autorités
judiciaires, que ce soit en France
ou au Burkina, n’ont toujours pas
commencé à faire le lumière sur
les commanditaires et exécutants
de ce crime politique. Cependant,
un élément nouveau important a
vu le jour : 21 députés de
l’Assemblée nationale française
demandent, maintenant, de « faire
le point sur le rôle des services de
renseignement français, sur la
mise en cause de la responsabilité
de l’Etat et de ses services ».

Leur démarche a été présentée à l’opinion publique lors d’une
conférence de presse, tenue le 28 juin 11 à l’Assemblée
nationale. Mais ce meeting important a aussi était le moment de
faire le point sur les nombreuses luttes sociales et démocratiques
qui se sont déroulées, au Burkina Faso, depuis le mois de février
dernier. Le 22 février, une vive contestation des étudiants et
lycéens a éclaté à Koudougou, ville située dans l’Ouest du pays.
C’est la mort d’un lycéen, Justin Zongo, imputée aux forces de
police, qui avait mis le feu aux poudres. La police avait beau
prétendre que le jeune serait « mort des suites d’une
méningite », la jeunesse n’y croyait point. Des collègues lycéens
ont d’ailleurs raconté que l’élève - qui avait la mauvaise chance
d’avoir engagé une dispute avec une lycéenne sortant avec un
policier - était plusieurs fois revenu du commissariat en portant
des traces de coups. Une partie des protestataires scanda
d’ailleurs, à en croire la presse locale, des slogans faisant
référence aux révolutions en Afrique du Nord : « La Tunisie à
Koudougou ! » ou encore « Koudougou aura son
Egypte ! ».

Suite au déclenchement de la révolte, bon nombre de bâtiments
publics furent incendiés. Six personnes ont trouvé à mort à
Koudougou : quatre élèves, un policier et un commerçant n’ayant
pas pris part aux affrontements. Dans les jours suivants, la
révolte s’étendait aussi à d’autres villes : Gaoua, Fada N’Gourma,
Tenkodogo, Pô, Léo… Début mars 11, à Ouhigouya, ce sont à la
fois le commissariat, le siège du gouverneur de la province, celui
du gouvernement régional, le bâtiment du palais présidentiel CDP
(« Congrès pour la démocratie et le progrès ») et une partie du
tribunal qui furent incendiés.Dans la première moitié du mois de
mars 11, le mouvement étudiant montra sa force de mobilisation
dans la capitale Ouagadougou. Des milliers de personnes
manifestèrent, suite à des appels du syndicat des étudiants,
notamment. Au même moment, l’expérience d’un appel à une
manifestation lancée sur Facebook montra les limites de ce
procédé – et tordit le cou à la légende, qui voudrait que
désormais « les révolutions se font sur Internet ». Seulement dix
personnes, dont deux députés, s’étaient déplacées. Ce ne sont
pas les appels « Facebook », mais bien les mobilisation au sein
des lycées et facultés qui assuraient le succès des mobilisation. A
partir du mois d’avril 11, une série de grèves eut lieu : à la
société de téléphone ONATEL, dans la mine d’or de Kalsaka, ou
encore chez les enseignant-e-s. Ces luttes étaient souvent
conduites par la CGT-B.

A la mi-avril 2011, c’était par contre la Garde présidentielle – un
corps d’élite de l’armée – qui entra en mutinerie, pour des motifs
financiers. Le régime arriva, cependant, à s’arranger avec les
soldats d’élite et leurs demandes pécuniaires. Le 03 juin, c’était la
même Garde présidentielle qui écrasa une autre mutinerie de
soldats, qui avait éclaté dans une caserne à Bobo Dioulasso.
Ce n’est certainement pas à partir des garnisons militaires que
viendra la solution aux problèmes sociaux et politiques du Burkina
Faso. Cependant, les mutineries à répétition au sein de l’armée
constituent un signe de plus de l’affaiblissement et de l’« usure »
du pouvoir de Blaise Compaoré.

Bertold du Ryon

2 Messages