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Côte d’Ivoire : NE PERMETTONS PAS QUE LES LIBERTES SOIENT CONFISQUEES

D 25 août 2012     H 05:02     A Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire     C 0 messages


Le 11 avril 2011 n’a finalement pas marqué la fin des affrontements armés entre les factions de hauts-bourgeois pour la direction de l’Etat néocolonial sous l’œil vigilance des puissances impérialistes avec l’omniprésence de l’armée française.

Les tenants du pouvoir d’Etat ont dénoncé récemment une tentative de coup d’Etat avec l’arrestation d’un dignitaire de l’ancien pouvoir en la personne de LIDA KOUASSI Moïse. Les preuves de la planification de ce coup d’Etat sont toujours attendues. Il est impératif qu’elles soient fournies sinon le peuple retiendra que les mauvaises pratiques du passé perdurent. La nécessaire lutte contre le putschisme et le terrorisme ne doit plus servir de prétexte pour bâillonner le peuple, pour le priver de ses libertés fondamentales. Actuellement, l’on constate que les partisans du pouvoir déchu sont en colère, que certains d’entre eux sont en exil et ont du mal à prendre acte du fait que le pouvoir a changé de mains ; de condamnables attaques meurtrières se produisent à la frontière ouest du pays ; d’innocentes personnes, en général de paisibles paysans et des soldats en sont les victimes.

Il est de la responsabilité de l’Etat de faire davantage d’efforts pour protéger les frontières et les populations des zones à risque. Cependant, les lâches attaques à l’ouest ne constituent pas des preuves de coups d’Etat, encore moins les éclats de voix des partisans de l’ancien président qui expriment leur colère. Le ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko a rendu compte le mardi 12 juin 2012 des résultats du travail de son département qui ont, selon lui, abouti à la découverte d’un « complot contre la sûreté de l’Etat » et qui impliquerait des civils et des militaires. Les « preuves » brandies par le ministre ont toutefois besoin d’être étayées à travers des débats contradictoires avec une défense adéquate des accusés. En la matière, aucune personne avisée ne peut prendre pour argent comptant des déclarations du gouvernement même « corroborées » par les propos des accusés aux mains de la police. Des déclarations faites par le ministre de l’intérieur sur le plateau de la télévision nationale ce 12 juin 2012, l’un des aspects dignes d’attention concerne l’assertion selon laquelle les accusés « projetaient de réveiller les réseaux sociaux, c’est-à-dire les syndicats ». C’est là un dangereux amalgame entre un projet d’atteinte à la sûreté de l’Etat et les mouvements sociaux. Le ministre a ainsi profité de l’occasion de son passage à la télévision pour ouvrir la perspective de menaces et de probables attaques contre les libertés politiques et associatives. Au niveau politique, il a évoqué l’hypothèse de la dissolution du Front populaire ivoirien (FPI) en faisant un parallèle inapproprié avec ce qui s’est passé dans la Tunisie révolutionnaire, encore que rien ne dit que cette décision tunisienne de dissolution du parti de Ben Ali soit judicieuse ; au niveau des libertés associatives en général, il a proféré des menaces qui augurent un bâillonnement des organisations syndicales et associatives diverses.

Une éventuelle dissolution du FPI serait le point de départ de la remise en cause du multipartisme et du retour au parti unique. L’assimilation des mouvements sociaux, syndicaux en particulier à des actions de déstabilisation constitue un pas vers la remise en cause du droit d’organisation et de manifestation en général. Ces menaces du ministre de l’intérieur sont totalement inacceptables et doivent être rejetées avec vigueur par toutes les forces démocratiques et révolutionnaires. Les partis politiques, les syndicats et toutes les organisations de la société civile sont des acquis inaliénables de la lutte du peuple ivoirien auxquels personne, pour quelque raison que ce soit ne doit s’aviser à porter atteinte.

Un parti unique ne peut plus être accepté par le peuple ivoirien. Les responsabilités individuelles de tous ceux qui ont commis des actes répréhensibles ces dernières années, en particulier des responsables de l’ancien pouvoir, ne peuvent justifier des atteintes aux acquis démocratiques. Dans ce sens, l’arrestation et la détention de Martial Yavo, président par intérim du Congrès Panafricain de la Jeunesse Patriotique (COJEP) qui s’apprêtait à organiser un congrès de son association constitue une atteinte à la liberté associative. Concernant le cas particulier des syndicats, ces organisations conduisent les luttes des travailleurs pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail quel que soit le pouvoir en place. Le pouvoir d’Etat étant une continuité, les promesses faites à de nombreuses corporations par le pouvoir Gbagbo sont opposables à l’actuel pouvoir qui est tenu de les respecter. S’il veut se délier de cette responsabilité, il a l’obligation de le dire clairement plutôt que d’envisager des sanctions administratives contre des organisations démocratiques.

Ainsi donc, la liberté semble gêner les tenants du pouvoir ; les atteintes aux libertés sont de plus en plus nombreuses. Par exemple, une consigne ferme du gouvernement interdit désormais à la télévision d’Etat de couvrir les manifestations des « associations critiques » contre le pouvoir. Un autre exemple est celui de ce responsable d’association de défense des victimes des déchets toxiques. En effet, l’interpellation le 06 juin 2012 de Charles Koffi Hanon, président du réseau national de défense des droits des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Renadvidet-CI) et sa détention au motif qu’il aurait porté des « fausses accusations » contre des personnes mêlées à cette salle affaire de déversement de déchets toxiques à Abidjan en août 2006 relèvent simplement d’un abus de pouvoir. Dans le cas d’espèce, en dehors d’une plainte des personnes visées par ces accusations et de procès réguliers, il n’y a pas lieu d’invoquer des fausses accusations passibles de peines privatives de liberté. Un danger se profile donc à l’horizon qu’il faut absolument conjurer. Les prétextes tendant à faire croire que l’usage de la liberté empêche les gouvernants de travailler a été tellement ressassé ces dernières années que plus personne ne doit se laisser abuser.

Les promesses mirobolantes de « faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent dans 8 ans » conjuguées avec le bâillonnement des libertés ne sont que des écrans de fumée derrière lesquels le pillage des deniers publics et de toutes les ressources économiques va s’organiser dans la durée. A preuve, regardez un peu les chaussées réparées il y a moins d’un an dans lesquelles les crevasses réapparaissent déjà. C’est à coup sûr le signe que la corruption continue de gangréner l’appareil d’Etat et que les ouvrages sont réceptionnés sans les nécessaires contrôles en dépit des discours sur la rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat. Le peuple a lutté pour les libertés et doit veiller à leur préservation comme à la prunelle de ses yeux. Autrement les efforts de lutte pour la démocratie ces 20 dernières années seront réduits à néant avec le renforcement d’un pouvoir dictatorial pro impérialiste.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire lance un appel pressant, à tous les démocrates, aux organisations de travailleurs, de paysans, d’artisans, de femmes, de jeunes, de la société civile, à renforcer leurs liens de lutte afin de faire barrage au danger de bâillonnement des libertés qui se profile à l’horizon.