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LES PARTISANS DU COURANT POLITIQUE NATIONAL-CHAUVIN IVOIRIEN CONTRE LES ELECTIONS

D 25 août 2010     H 19:00     A Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire     C 0 messages


Pendant le pouvoir militaro civile de 1999-2000, les partisans du national-chauvinisme avaient estimé que les cartes nationales d’identité vertes alors en circulation étaient détenues aussi par des millions de personnes étrangères. Malgré cela, les militaires ont organisé des élections que les social-chauvins ont gagnées. Concernant la liste électorale en élaboration, ces partisans, maintenant au pouvoir, voient dans tous les centres d’enrôlement, cent (100), mille (1000), dix mille (10.000), cent mille (100.000), noms de « fraudeurs sur la nationalité » et s’opposent à la tenue des élections depuis cinq ans.

L’histoire, les supports politiques et le mode opératoire du courant national chauvin

Pour les partisans du courant national-chauvin dont le porte-drapeau actuel est le Front populaire ivoirien (FPI), la nationalité se détermine par la consonance des patronymes. La théorie national-chauvine dispose, que les patronymes se retrouvant au-delà des frontières nord du pays sont suspects au regard des critères de la citoyenneté ivoirienne. Ils ne tiennent pas compte des critères définis par la législation ivoirienne sur la nationalité, mais des critères subjectifs déterminés par eux seuls. Ils n’ont donc pas d’arguments théoriques ni légaux pour justifier leurs comportements, leurs tentatives de transformer, au prix d’un acte volontariste forcené, des ivoiriens en étrangers.

Ce courant est resté à l’état empirique depuis ses premières manifestations dont l’une des plus mémorables est celle d’octobre 1958 marquée par une vaste chasse aux étrangers. Il est à nouveau à l’œuvre depuis 1989, avec une nouvelle dénomination, l’ivoirité. A partir de 1989, ses adeptes ont tenté de lui donner une base théorique à travers le livre de Bédié, les « Chemins de ma vie » et des écrits d’universitaires et d’autres intellectuels. Mais très vite, ces adeptes de l’indéfendable ont étalé leurs carences théoriques. Ils n’ont jamais pu rien dire de convaincant sur la formation de la nation et de la conscience nationale ivoirienne. Ils sont donc contraints à des fuites en avant. Depuis quand la citoyenneté ivoirienne existe-t-elle ? Dans quelle espace s’exerce-t-elle ? Quelles sont les cultures dont le brassage a abouti à la conscience nationale ivoirienne ?, etc. Voilà autant de questions auxquelles les tenants du national-chauvinisme ne répondent pas. Ils se contentent de crier, « nous, quand on voit les étrangers, on les connaît ».

1. La nature et le contenu du courant national chauvin

Le national-chauvinisme ivoirien est un courant politique inconsistant, sans définition précise, incapable d’étayer ses affirmations. Quelques-unes de ses affirmations le montrent. « Un étranger ne peut pas être chef de village ou roi », « un morceau de bois à beau séjourner dans l’eau, il ne devient pas caïman ou poisson ».Toutes ces niaiseries pour signifier que les personnes naturalisées ne sont pas des ivoiriens, etc. Or, la nation ivoirienne ne peut se construire en s’appuyant sur des semi-vérités ou en faisant le culte de l’arriération. Un « étranger ne peut être chef de village ». Cette affirmation n’est plus vérifiée dans tous les villages de notre pays. Les partisans du national chauvinisme montrent là leur ignorance de la réalité ivoirienne en mouvement vers le progrès.

La faiblesse théorique du courant national chauvin l’empêche de comprendre les us et coutumes des 60 ethnies que compte le pays. Ses partisans partent d’une approche discriminatoire des diverses cultures pour tenter de faire prévaloir, a priori, l’une d’entre elles. Leurs pouvoirs qui se sont succédé à la tête du pays n’ont mené aucune politique susceptible d’enclencher une révolution culturelle et philosophique pour surmonter l’arriération dans laquelle la domination culturelle française maintient les ethnies de Côte d’ivoire.

2. Les vaines prétentions du national chauvinisme à la résolution de la question nationale et au patriotisme

Laurent Gbagbo, l’actuel dirigeant de ce courant et Konan Bédié l’ancien dirigeant déchu n’osent pas répondre aux vraies questions lorsqu’ils sont interpellés au sujet de leur idéologie. Le premier affirme toujours qu’il ne sait pas ce que signifie « l’ivoirité », nouvelle dénomination du national-chauvinisme par ses partisans. Le second se défend toujours d’être le père de ce concept. Récemment encore, voici ce qu’il a déclaré sur une radio étrangère : « Je ne suis pas l’inventeur de l’ivoirité. En fait, qu’entend-on par ivoirité ? Il s’agira d’un concept touchant l’entité nationale et la culture du pays ! Mais, ce concept a été galvaudé, a été dévoyé, utilisé à des fins politiques par certaines personnes (quelles personnes ? NDLR). Le problème de l’identité nationale se pose dans tous les pays du monde ! Il faut à un pays, une identité nationale ! Ceci étant, la Côte d’Ivoire est un pays des plus ouverts au monde. Les 26% de la population sont des étrangers ! Imaginez ce pourcentage appliqué à votre pays l’Allemagne, vous verrez un peu ce que cela donnerait comme attitudes ou comportements de la part des Allemands ». Bédié se défend donc d’être le père de l’ivoirité. Cet aspect des choses n’est d’ailleurs pas le plus important. Mais Bédié est un adepte du national-chauvinisme ; il y est si attaché qu’il estime, la mort dans l’âme, que le concept a été galvaudé à des fins politiques ; mais il ne dit pas par qui il a été galvaudé. L’histoire de l’humanité enseigne que ceux qui ont appliqué les thèses ou théories chauvines (racisme, xénophobie, tribalisme, antisémitisme, apartheid, etc.) n’en ont pas toujours été les inventeurs. Bédié ressasse à nouveau le dada des national-chauvins, à savoir, l’histoire des 26% d’étrangers et ose faire une comparaison avec l’Allemagne. Il ne sait peut-être pas que l’intégration progressive des arrivants ne permettra jamais de faire grimper le taux d’étrangers à 26% en Allemagne. En Côte d’Ivoire, certains descendants d’étrangers ont ce statut d’étranger après plusieurs générations. Quelques rares personnes qui, par extraordinaire, sont naturalisées continuent d’être stigmatisées et désignés par leur nationalité d’origine sans que les hors la loi soient rappelés à l’ordre par la justice.

Bédié veut se cacher dernière la nécessité historique d’une « entité nationale ». Lui, qui a dirigé la Côte d’Ivoire et le courant national-chauvin pendent 6 ans, a eu le temps de montrer qu’il a des efforts à faire pour convaincre de la pertinence de sa conception de l’entité nationale. Dans son livre, « les chemins de ma vie », « l’entité nationale » est une construction inégalitaire, dans laquelle des peuples sont aptes à gouverner tandis que d’autres ne sont aptes qu’à danser ou à chasser. Or, la construction de l’entité ou identité nationale ivoirienne doit partir de certains principes clairs, proclamés à la face de tous et mettant les 60 ethnies sur un même pied d’égalité. Les plus importants de ces principes sont : (i) la reconnaissance de la nécessité de l’émancipation de la Côte d’Ivoire par rapport à l’emprise des puissances extérieures, principalement celle de l’impérialisme français ; (ii) la reconnaissance et la proclamation de l’équivalence des cultures et des langues des 60 ethnies peuplant la Côte d’Ivoire ; (iii) la reconnaissance du fait que les 60 langues ivoiriennes doivent être des supports du discours scientifique le plus avancé. Hors de ces principes, il n’y a pas de possibilité de construire une nation ivoirienne émancipée, solidaire, forte et ouverte aux autres peuples du monde.

3. La volonté politique d’empêcher la tenue des élections et la nécessité de la révolution

Le national chauvinisme a choisi de s’installer dans une économie de guerre, une économie de rente pour l’essentiel. Les hauts placés du système se partagent les ressources de l’Etat (recettes fiscales, douanières, caféières, cacaoyères, pétrolières, etc.). La lattitude est laissée aux sous fifres de racketter et de rançonner la population sous la menace des armes. Même les étudiants proches du pouvoir des national-chauvins sont constitués en maffia qui prélève des taxes sur les commerçants aux abords des campus universitaires. Ces soi-disant étudiants assassinent les étudiants soucieux de revendiquer l’amélioration de leurs conditions de vie et d’études. Les étudiants mafieux sont, par exemple, utilisés par la compagnie de transport urbain, la SOTRA pour faire la police dans les gares et arrêts d’autobus.

Le pouvoir néocolonial ivoirien mis en place depuis 1960 a échoué à faire de la Côte d’Ivoire un pays démocratique, indépendant et moderne. Les différents passages des national-chauvins au pouvoir ont amplifié cet échec. Le souci des tenants du national-chauvinisme est de se maintenir au pouvoir sans élections en dépit de leurs promesses électorales de 2000 sur la démocratie, l’alternance et l’état de droit. Leurs manœuvres actuelles consistant à tenter de dénier leur nationalité à de nombreux ivoiriens n’ont qu’un objectif, celui d’empêcher la tenue des élections à la date qu’ils ont, eux-mêmes, fixée, le 31 octobre 2010. Ils savent bien qu’aucun ivoirien n’acceptera d’être transformé en apatride et que les luttes iront en s’amplifiant. Ils pensent pouvoir tirer prétexte de ces luttes pour déclarer l’impossibilité des élections.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire encourage à l’intensification de ces combats contre l’injustice en se constituant en comités de lutte et en renforçant ceux qui existent afin de contraindre les tenants du pouvoir national-chauvin à respecter leurs promesses de délivrer à tous les ivoiriens leurs CNI et leurs cartes d’électeur et de tenir les élections le 31 octobre prochain.

Fait à Abidjan le 21 août 2010

Pour Le Comité Central

EKISSI Achy

Le Secrétaire Général