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Alors que la guerre continue au Mali, les créanciers réclament le remboursement des dettes et instrumentalisent l’« aide » pour leurs propres intérêts

D 25 juin 2014     H 05:40     A CADTM     C 0 messages


La guerre qui continue au Nord du Mali n’a aucune incidence sur le comportement des créanciers qui continuent d’exiger le remboursement de la dette malienne. Comble du cynisme : ces même créanciers prétendent aider le Mali à se « reconstruire et se développer ». 3,25 milliards d’euros (environ 2 128 milliards de FCFA) ont été ainsi promis en mai 2013 par 80 pays et 28 organisations internationales. Le 15 mai dernier, ils se sont réunis à Bamako sous la coprésidence de la Commission européenne, de la France et du Mali pour assurer le suivi de cette « aide ». Mais de quelle aide parle-t-on ?
Sur les fonds déjà décaissés, les deux tiers ont été utilisés au nom du Mali mais sans passer par le Trésor public malien et sans qu’on connaisse sa destination ! De plus, cet argent utilisé sans le consentement du peuple malien et qui a pu servir en partie des intérêts privés constitue une dette à charge de la population. En effet, une partie de cette prétendue « aide » est composée en partie de prêts qui augmentent donc la dette du Mali. À titre d’exemple, 36% de l’ « aide » promise par la France constitue des prêts sous conditions. Cette part s’élève même à 78% pour l’ « aide » promise par la Banque mondiale et 100% pour le FMI !

La partie composée de dons est, quant à elle, extrêmement critiquable puisque des dons ayant servi à financer des projets déjà arrivés à leur terme comme la construction de la route Tombouctou-Gomacoura, financée par l’Union européenne, sont comptabilisés une deuxième fois dans ces 3,25 milliards d’euros d’« aide ».

Enfin, une partie de cette « aide » repart directement dans les poches des créanciers étrangers car les autorités maliennes se sont engagées en 2013 dans une lettre d’intention envoyée au FMI à rembourser la dette en priorité. Soulignons que cette lettre d’intention a été signée en pleine crise sécuritaire et qu’elle méprise les préoccupations de la population. L’augmentation des revenus des travailleurs, la promotion des industries nationales pour créer des emplois, l’accès aux services sociaux de base de qualité, la promotion des énergies renouvelables devraient compter parmi les priorités du gouvernement. Soulignons que l’obligation pour un État de respecter des droits humains est une obligation supérieure à celle de rembourser ses créanciers.
Pour le CADTM, cette lettre d’intention dictée par le FMI est illégitime et ne doit pas donc pas être appliquée. D’une part, elle viole les droits du peuple malien et d’autre part, elle ne repose sur aucune légitimité démocratique puisqu’elle a été signée par un gouvernement provisoire avec la complicité du FMI.

Rappelons que le FMI exerce une pression constante sur le Gouvernement malien pour qu’il privatise l’énergie du Mali (EDM) et augmente le coût de consommation pour les abonnés.
Épinglons également la schizophrénie de cette organisation internationale qui, d’un côté, critique le fait que les entreprises ne paient pas assez de taxes, et de l’autre, exigent du gouvernement qu’il accorde des exonérations fiscales aux multinationales.

Enfin, il n’appartient pas au FMI d’exiger la revente du nouvel avion présidentiel. Ce droit revient exclusivement au peuple malien.
Le réseau CADTM exige :
 la fin des conditionnalités imposées par les créanciers
 l’annulation sans condition de toutes les dettes illégitimes comme celles qui ne servent pas les intérêts de population et celles qui n’ont pas été approuvées par les élus ;
 que l’aide internationale soit composée uniquement de dons
 la réelle implication des acteurs de la société civile malienne dans la gestion des fonds
 que le budget de l’agriculture soit consacré prioritairement aux besoins cruciaux des agricultures paysannes vivrières occupant environ 95% des actifs agricoles. Ce modèle agricole autonome reste le seul système agraire respectueux du climat et de l’environnement et du droit à la vie pour tous – du vivre ensemble.