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Nigeria : Les responsabilités de la pollution du delta du Niger

Amnesty a critiqué dans un rapport le système d’enquêtes sur les déversements de pétrole dans la région du delta du Niger.

D 30 août 2010     H 05:43     A     C 0 messages


Les Nations unies ne doivent pas utiliser des données erronées sur les causes des déversements de pétrole au Nigeria

Amnesty International a mis en doute la crédibilité des données citées par un haut responsable des Nations unies enquêtant sur les sites pollués par le pétrole en pays ogoni, dans la région du delta du Niger.

D’après certaines sources, un représentant du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a déclaré que 90 % des déversements de pétrole en pays ogoni étaient dus au sabotage et aux activités criminelles, et seulement 10% à des incidents matériels et des négligences de la part de sociétés comme Shell.

Amnesty International s’élève contre la confiance que le PNUE accorde à ces chiffres, qui ont été fournis par des autorités de contrôle nigérianes connues pour être fortement tributaires des compagnies pétrolières lorsqu’elles enquêtent sur les déversements.

« S’en remettre à ces données serait une grave erreur de jugement qui pourrait être lourde de conséquences pour les personnes vivant dans le delta du Niger, a déclaré Audrey Gaughran, directrice du programme Thématiques mondiales d’Amnesty International. Le PNUE doit être conscient que ces chiffres sont fortement contestés depuis plusieurs années par les groupes environnementaux et les habitants. Ils manquent totalement de crédibilité. »

« On ment à la population du delta du Niger, qui est ainsi privée de justice, depuis des décennies. La question des causes des déversements de pétrole est sensible. Si le PNUE fait des commentaires sur celle-ci, il ne doit s’appuyer que sur des informations précises et crédibles, et non sur des chiffres qui sont source de conflit. »

En juin 2009, un rapport d’Amnesty International sur les conséquences de la pollution pétrolière en termes de droits humains a conclu que le système d’enquêtes sur les déversements de pétrole dans la région du delta du Niger manquait totalement d’indépendance et était insuffisant pour déterminer la proportion de ces déversements causée par le sabotage plutôt que par des incidents matériels. L’organisation a constaté que les compagnies pétrolières ont souvent une influence non négligeable sur la détermination des causes d’un déversement. Son rapport présente des exemples de cas dans lesquels Shell a prétendu que la cause était le sabotage, mais où cette affirmation a par la suite été remise en question par d’autres enquêtes ou par les tribunaux.

Amnesty International a demandé que l’industrie pétrolière soit contrôlée de manière indépendante dans le delta du Niger et que toutes les informations utiles sur les causes de la pollution par le pétrole soient rendues publiques.

Entre 1989 et 1994, Shell estimait elle-même que seulement 28 % des déversements de pétrole dans cette région étaient dus au sabotage. En 2007, son estimation était montée à 70 %. Les chiffres qu’elle fournit aujourd’hui atteignent plus de 90 %. Amnesty International lui a demandé à plusieurs reprises de présenter des preuves à l’appui de ces chiffres, ce qu’elle n’a pas été en mesure de faire.

« Bien que le sabotage et le vandalisme soient des problèmes sérieux, il n’existe aucune preuve à l’appui des données présentées par les compagnies pétrolières et les organismes gouvernementaux du Nigeria », a souligné Audrey Gaughran.

24 août 2010

Pour en savoir plus rapport d’Amnesty International :
Nigeria. Pétrole, pollution et pauvreté (rapport, 30 juin 2009)