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Sénégal : lettre ouverte aux élus

D 11 septembre 2011     H 05:04     A Ibrahima Séne     C 0 messages


Lettre ouverte aux Députés, Sénateurs, Elus locaux de la Majorité Présidentielle, et aux Membres du Conseil Economique et Social du Sénégal !

Mesdames, Messieurs,

Chers concitoyens !

Le Sénégal, notre pays, et notre peuple traversent une période cruciale, inédite dans toute son histoire politique moderne, plus que bicentenaire.
En effet, en perspectives des élections présidentielles de Février 2012, il est placé, pour la première fois de son histoire politique, devant la problématique de l’inconstitutionnalité de la candidature à un troisième mandat du Président sortant, et d’un plan de succession monarchique au pouvoir, malgré la diversité et la subtilité des moyens mis en œuvre à cet effet.

Incontestablement, de par les fonctions institutionnelles de Parlementaire détenues par certain d’entre vous, vous constituez, pour Wade et sa famille, une pièce maîtresse dans son dispositif de confiscation du pouvoir pour créer, à sa « mort », les conditions de sa transmission monarchique à son fils.

A cet effet, vous ne pouvez pas ignorer la stratégie de chaos qu’il est entrain de mettre en œuvre, pour la survie des intérêts de sa famille, qu’il a placés au dessus de ceux de tout notre peuple. Le chaos est programmé à cet effet durant ce que lui reste de temps d’ici les élections, et non pas, comme il l’adit pour détourner notre attention, après son départ.

C’est ce qu’il a reconnu ouvertement et publiquement, dans son interview au journal « La Croix », en direction de l’opinion publique Française et des Grandes puissances.
Cela est donc son dernier recours, après qu’il ait échoué d’utiliser sa Majorité Parlementaire le 23 juin 2011, devant la détermination du peuple qui lui a imposé, dans la rue, le retrait de son projet de révision de la Constitution pour légaliser son plan de confiscation du pouvoir et de sa transmission monarchique.

Depuis cette journée historique du 23 juin, il est convaincu qu’il ne peut plus user de voies légales, par tripatouillages de la Constitution, pour faire aboutir son plan.

Il compte donc sur vos positions politiques dans le pays, et vos capacités de transfert massif des populations d’un endroit du pays à un autre, pour donner, à l’occasion de ses déplacements, l’impression de « foule » dont il a besoin, pour convaincre l’opinion internationale, qu’il a le soutien du peuple, pour mettre en œuvre son plan.
Il veut donc se servir de vous, comme « bouclier », pour imposer au peuple sa candidature, confisquer le pouvoir à travers une mascarade d’élection, et créer les conditions de sa transmission à son fils, à sa « mort ».

Mais, comme « bras armés », il compte sur des « nervis », dont certains sont placés dans les rangs des forces de Sécurité, et d’autres, seront « armés » sous le couvert de sa « volonté de doter les 2000 Chefs de village, d’armes pour leur sécurité.
Et comme « fer de lance », il a eu recours aux jeunes du PDS et à ses enseignants, à qui il a demandé publiquement de « descendre dans la rue et d’affronter physiquement l’opposition », pour soutenir l’exécution de sn plan

Pour vous convaincre à participer à la mise en œuvre de cette stratégie de chaos, par l’intermédiaire de son Conseiller politique, il vous a « vendu », apparemment avec succès, la fameuse « théorie des destins liés », qui consiste à dire « ma perte est la votre », ou, en d’autres termes, « si je perds le pouvoir je vous entraîne dans ma chute ».

La fonction d’une telle théorie est de semer la « peur du lendemain » dans le camp du pouvoir, pour en user comme arme de rassemblement et de mobilisation au tour du Chef de l’Etat.
Cette théorie vous trompe et abuse de crédulité.
En effet, dans notre pays, l’opposition, particulièrement au sein de Benno, est réputée par son respect des valeurs républicaines et sa lutte pugnace pour l’Etat de Droit.

En vertu de cela, elle ne pourra pas recourir, sans se renier, à la « théorie des destins liés ».
Le destin politique du Chef de l’Etat et de son Gouvernement, qui arrive à terme en Février 2011, ne saurait être lié au destin de l’Administration, encore moins à celui des élus locaux, dont le mandat court jusqu’en 2014, ou du Sénat et du Conseil Economique et Social qu’il serait impossible de supprimer sans recourir à un Référendum que Benno, en cas de victoire se propose d’organiser en juin 2012, et même de l’Assemblée nationale que Benno compte renouveler après adoption d’une nouvelle Constitution au Référendum de juin, juste à la fin de l’hivernage, soit en Octobre 2012 au plus tôt.
Donc, après le départ de Wade et de sa famille en Février 2012, il y a bel et bien une seconde vie qui s’offre à vous, sans vous renier, dans le cadre de la nouvelle République que Benno propose aux Sénégalais.La chute des Wade n’entraîne pas forcément la votre, et n’expose à la justice que ceux qui ont été épinglés de malversations dans la gestion de la chose publique, et/ou convaincus d’agressions physiques ou de meurtre, alors que l’écrasante majorité d’entre vous ne sont ni concernées personnellement dans cette gestion, ni impliquées dans ces crimes.

Vous avez donc le choix d’une seconde vie après Wade, dans la dignité et la préservation de la stabilité et de la paix civile, pour peu que vous refusiez de vous impliquer dans sa stratégie de chaos.
Mais, il n’est pas évident que vous ayez cette seconde vie en participant à la stratégie de chaos de Wade, dont les conséquences, pour le pays et pour les populations, ne seront ressenties que par vous et nous et nos familles, alors que Wade et les siens seront à l’abri en France, qui est leur seconde patrie.

Le Gouvernement Français, par le biais de son Ambassadeur à Dakar, a fait clairement comprendre à une délégation de Benno, que son pays soutient le plan de Wade de confiscation du pouvoir, en demandant de le « laisser se présenter aux Présidentielles », en violation flagrante de notre Constitution. Et, en se rendant au domicile de Idrissa Seck, fortement médiatisé, ce 23 juillet, date anniversaire du 23 juin, le Diplomate Français a donné un signal fort, pour notifier à l’opinion sénégalaise , l’accord de son Gouvernement avec le projet de Wade de transmission monarchique du pouvoir, non plus au « fils biologique », publiquement lâché, mais au profit du « fils d’emprunt ». Cette attitude du Gouvernement Français, qui vient de choisir ainsi ses « deux jokers » pour préserver ses intérêts économiques et stratégiques au Sénégal et dans la sous région, participe au renforcement de la stratégie de chaos de Wade, et devrait, pour cela, être vigoureusement dénoncée et combattue par tous les patriotes, républicains et démocrates de notre pays.

Dans ce contexte de danger imminent qui menace la souveraineté de notre pays, sa paix civile et sa stabilité légendaires, vous avez le devoir de refuser de vous embarquer dans cette forfaiture, et de développer la résistance, selon vos moyens, pour mettre en échec, cette stratégie de chaos de Wade, et son plan malfaisant.
Votre honneur et votre dignité personnelle vous le commandent, ne serait ce que pour laver l’affront public que Wade vous a fait, en vous traitant « d’incapables », pour mieux défendre les prétentions de son fils à sa succession. Ce mépris qu’il a affiché en votre endroit ne devrait être égal qu’à votre détermination à participer à la campagne des autres forces vives de la Nation, pour l’isoler au maximum, et le contraindre à respecter notre Constitution, en renonçant à sa prétention à un 3eme mandat. De cette manière, vous aurez contribué à créer des conditions politiques nécessaires à l’organisation de concertations avec l’opposition, pour réformer le système électoral et tenir des élections transparentes, pour que Wade et famille nous quittent honorablement, dans la paix et la sécurité pour tous.

C’est vers ce « Chemin de l’honneur » que je vous appelle de toutes mes forces.

Votre compatriote Ibrahima Sène, PIT/SENEGAL
Fait à Dakar le 31 juillet 2012