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Statue de la renaissance africaine à Dakar

Les colosses aux pieds d’argile

D 18 février 2010     H 16:24     A Moulay     C 0 messages


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"C’est l’Afrique sortant des entrailles de la terre,
quittant l’obscurantisme pour aller vers la lumière
 »
. On pourrait croire ces paroles tout droit sorties
du discours de Sarkozy à Dakar (juillet 2007) qui a fait
couler tant d’encre. Mais non, c’est le président de la
République du Sénégal Abdoulaye Wade qui les prononce à
propos de Sa statue de 50 m (plus haute que la statue de la
Liberté - 46m et le christ rédempteur de Rio - 43m). Il s’agit
d’un géant africain de cinquante mètres qui tient un bambin
qui pointe l’horizon du doigt. Avec son autre bras, il entoure
la taille d’une femme toute en rondeurs et court vêtue,
cheveux aux vents, face à l’Atlantique.

Les mauvaises langues y voient une famille sénégalaise
en route vers l’Amérique, fuyant l’Afrique. D’autres ont
parodié la statue sur internet en y collant les visages
d’Abdoulaye Wade, de Viviane Wade (son épouse) et celui
de leur fils Karim Wade (actuel ministre d’État en charge de
la Coopération internationale, de l’aménagement du
territoire, des transports aériens et des infrastructures). Le
coût de cette monumentale statue est de plus de 20
millions d’euros dans un pays pauvre où beaucoup n’ont pas
le strict minimum. D’autant plus que Wade (82 ans)
s’octroie 35% des recettes générées par l’exploitation de la
statue au titre de droits d’auteur (sic !) tandis que son
propre fils (ou sa fille selon les versions) gérerait la
fondation de la renaissance africaine qu’il compte créer.
En soit, ce n’est pas la statue elle même qui pose
problème. Pourquoi l’Afrique n’aurait-elle pas aussi sa
statue ? La renaissance africaine qui en est la matrice est
une idée plutôt noble. Les mamelles (une colline de
Dakar) qui portent la statue est symboliquement forte en
tant qu’ « Afrique mère nourricière ». Mais le montage
financier complexe (cession de terrains à la société nord
coréenne qui réalise l’oeuvre), l’esthétique douteuse de la
statue (Ousmane Sow, un des sculpteurs les plus connus
au monde est sénégalais mais n’a pas été associé au
projet) font de cette généreuse idée un problème pour
beaucoup d’Africains qui y voient une mégalomanie
présidentielle. C’est bien dommage.

Moulzo