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Y EN A MARRE : Où en est le mouvement ?

D 15 août 2013     H 12:46     A Moulzo     C 0 messages


Le fondateur du mouvement Y’en a marre Fadel Barro a été reçu par le Président des États-Unis Barack Obama lors de sa visite au Sénégal en juin dernier. Il a fait partie de la dizaine de représentants de la société civile reçue par le premier Président noir des États-Unis. Une reconnaissance pour ce mouvement né lors des contestations contre une troisième candidature aux élections présidentielles de Wade en 2011. Fondé par Fadel Barro en février 2011 avec ses camarades rappeurs fou malade, thiatt et Kilifeu du groupe Keur gui (la maison en ouolof), le mouvement n’a pas hypothéqué (pour le moment) sa crédibilité et reste un mouvement ancré dans la société civile[1].

« Nous lui avons délivré un message d’espoir de la jeunesse africaine, explique Fadel Barro. Les Y’en a marristes représentent des jeunes qui ne veulent plus tendre la main, mais qui ont besoin de s’émanciper, de travailler et de se développer chez eux. Nous voulons rester là, dans notre pays, ne pas être un fardeau - ni pour les autres ni pour nous-mêmes - mais une énergie. Les jeunes représentent 70% de la population au Sénégal. Ils sont le moyen et la force pour se développer. A condition que les élites suivent… Si nous ne sommes pas dans des États démocratiques, nous n’irons nulle part. De ce point de vue, le président des États-Unis peut faire pression pour que les évolutions aillent dans ce sens »,

résume le journaliste qui tente avec ses camarades de Y’en a marre de continuer dans la même ligne. Mais, certains concepts développés par le mouvement comme le NTS « Nouveau Type de sénégalais » restent flous et on ne sait pas trop où veulent en venir les y’en a marristes[2] qui espèrent insuffler de nouvelles valeurs dans la société sénégalaise mais peinent à porter en privé ces mêmes valeurs (bagarres de rappeurs, insultes lors de concerts à la mode bad boys américains).

Cependant, la véritable caution intellectuelle reste Fadel Barro qui, lors d’une visite au Burkina Faso a dit « Nous sommes des fils de Thomas Sankara »[3] et a critiqué en ces termes le régime de Macky Sall : « Macky Sall ne rassure pas parce que nous ne sentons pas une politique cohérente, une politique sérieuse allant dans le sens de répondre aux besoins du peuple sénégalais », ce qui lui a valu les foudres des militants de l’APR ( Alliance Pour la République), le parti du Président.

Le mouvement Y’en a marre doit continuer à soutenir le peuple et la jeunesse tout en évitant de se disperser. Y’en a marre ne réglera pas tous les problèmes des Sénégalais mais si le mouvement arrive à servir de relais pour la jeunesse sénégalaise et pour la démocratie et le droit des femmes, ce sera une grande victoire. Il faudra aussi très certainement se méfier de l’appât du gain car les mouvements comme Y’en a marre doivent recevoir des soutiens financiers de partout. Que les fondateurs de ce mouvement ne se laissent surtout pas embobiner, qu’ils restent sur leurs gardes comme de vrais soldats du peuple, ils seront alors de véritables enfants de Thomas Sankara.

Moulzo

[1] Voir Bulletin Afriques en lutte n°13 juin/Août 2011 « Du sopi de 2000 au Y’en a marre de 2011 »

[2] « Le concept fumeux du Nouveau type de Sénégalais (NTS) » par Ibrahima Diop.
http://www.ndarinfo.com/Le-concept-fumeux-du-Nouveau-Type-de-Senegalais-NTS_a5685.html

[3] http://www.leral.net/Fadel-Barro-du-mouvement-Y-en-a-marre-du-Senegal-Nous-sommes-des-fils-de-Thomas-Sankara_a46101.html

Source : http://www.afriquesenlutte.org/notre-bulletin/article/bulletin-afriques-en-lutte-no23