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Togo : Déclaration relative à l’interdiction de la manifestation FRAC/CST du samedi 22 septembre 2012

D 25 septembre 2012     H 12:50     A ANC (Togo)     C 0 messages


Le vendredi 21 septembre 2012, le gouvernement a annoncé au cours d’une conférence de presse du Ministre de la Sécurité Damehame Yark, qu’il interdit la manifestation que le FRAC et le CST ont programmé pour le lendemain, samedi 22 septembre 2012. Le ministre a invoqué comme motif de cette mesure, le refus du FRAC de changer le lieu de départ et l’itinéraire de la manifestation, conformément à la proposition qu’il lui a formulée dans sa lettre du mardi 18 septembre 2012. Selon le Ministre, il est impérieux d’éviter des affrontements entre les militants du FRAC et « les jeunes du quartier d’Adéwi. », alors qu’une enquête est en cours pour situer les responsabilités dans les événements du 15 septembre 2012.

Le samedi 22 septembre 2012, la gendarmerie et la police ont déployé sur les lieux de départ de la manifestation, un important dispositif de sécurité qui a dispersé à coups de grenades lacrymogènes, les militants et sympathisant du FRAC/CST qui y étaient rassemblés.

L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) condamne avec la plus grande vigueur, l’interdiction de cette manifestation de même que la répression de ses militants et sympathisants ainsi que ceux du FRAC et du CST. L’ANC dénonce la stratégie de la terreur que le régime RPT ne cesse de mettre en œuvre depuis 1991, pour empêcher les manifestations de l’opposition et se maintenir au pouvoir.

L’ANC rappelle que cette stratégie a conduit, après la présidentielle de 2005, à un massacre de plus de 500 personnes selon les estimations d’une mission d’établissement des faits des Nations Unies.

Les supposées ruses du RPT/UNIR, connu pour sa duplicité, ne trompent plus personne. Le gouvernement ne peut prétendre ouvrir une enquête pour identifier des personnes que ses premiers responsables ont envoyées commettre des crimes. En effet, les criminels armés de machettes, de haches, de gourdins et de couteaux, qui ont pourchassé et blessé les militants du FRAC et du CST aux mains nues, le samedi 15 septembre 2012 à Tokoin Doumasséssé, pendant des heures, sont connus de la Gendarmerie et de la Police nationales. Ce sont des sbires du RPT/UNIR recrutés dans différents quartiers de Lomé (Hanoukopé, Amoutivé, Nyékonakpoé, etc..), contrairement aux affirmations du pouvoir en place, selon lesquelles ils seraient du « quartier d’Adéwi. »

Les graves événements qui se sont produits le samedi 15 septembre 2012, procèdent, entre autres, de la volonté du RPT/UNIR d’empêcher par la violence l’opposition d’organiser des manifestations dans des zones qu’il considère comme ses fiefs. Ils confirment aussi, les velléités du RPT/UNIR d’interdire sournoisement les manifestations de l’opposition dans certaines parties du territoire national.

Les arguments invoqués pour interdire la manifestation du 22 septembre 2012 sont lamentables et absolument irrecevables, car ils conduisent à accepter voire encourager l’érection au Togo de zones de non-droit, où règneraient la raison du plus fort, la violence et le tribalisme. Aucun démocrate digne de ce nom, ne peut les accepter. Aucun régime républicain digne de ce nom ne doit les invoquer.

En outre, les événements graves du samedi 15 septembre à Doumasséssé mettent en cause de façon patente, la responsabilité des forces de l’ordre. La proposition du Ministre de la sécurité de modifier le point de départ et l’itinéraire prévus, apparaît comme une véritable démission de l’Etat qui, à l’occasion, n’hésite pas à exercer contre les manifestants de l’opposition aux mains nues, une autorité sans retenue et de façon injustifiée. En République, l’autorité de l’Etat doit s’exercer rigoureusement et fermement, notamment à l’encontre d’individus armés et menaçants pour l’intégrité physique des citoyens. Il est temps d’arrêter sans délai, la dangereuse dérive tribale, pour ne pas dire ethnique, du régime RPT.

Au demeurant, il n’est pas possible que de vulgaires miliciens puissent interdire à des citoyens togolais, le droit de manifester sur une quelconque partie du territoire national, comme cela a été fait à Kara le 4 août 2012 dans l’indifférence des forces de l’ordre. Il est incompréhensible et inadmissible que l’Etat cède face à une horde d’individus, instrumentalisée à des fins politiciennes par le parti au pouvoir et payée pour tuer des citoyens togolais.

Le Ministre de la Sécurité, au lieu de s’accommoder d’une situation de non droit conduisant la police et la gendarmerie nationales à raser les murs devant des miliciens criminels et leurs commanditaires, et d’obliger les manifestants du FRAC et du CST à modifier le point de départ, l’itinéraire ou le point de chute de leurs marches pacifiques, devrait s’engager, au nom de la République, à protéger et à défendre les libertés publiques parmi lesquelles le droit de manifester.

Enfin, les graves événements du 15 septembre 2012 révèlent au grand jour les funestes desseins du régime RPT qui, pour se main tenir au pouvoir à tout prix, est en train de rééditer les massacres de populations comme en 2005. Il appartient à l’immense majorité de la population togolaise, toutes ethnies confondues, de s’organiser pour faire échec à ce projet irresponsable et diabolique. La menace contre les droit et libertés publiques interpelle la responsabilité de chaque citoyen.

En tout état de cause, les droits et libertés des citoyens, garantis par le Constitution, ne sauraient faire l’objet d’aucun compromis.

Devant le tribunal de l’histoire et devant la justice des hommes, chacun répondra de ce qu’il a fait ou n’a pas fait face aux menaces contre l’intégrité physique des paisibles citoyens de ce pays qui ne font rien d’autre que d’exercer les droits que leur reconnaissent la Constitution et les lois de la République.

En saluant les réactions des ambassadeurs face aux atteintes aux libertés publiques et face aux exactions perpétrées par les milices du RPT, l’ANC demande à l’ensemble de la communauté internationale de prendre la mesure de la réalité des menaces qui pèsent sur le Togo, afin d’aider le gouvernement togolais à prendre conscience de la gravité de la situation et à juguler de manière juste et durable la crise qui mine le pays depuis des décennies, au lieu d’inciter le gouvernement, directement ou indirectement, à précipiter le pays vers des élections qui risquent de déboucher, une fois encore, sur un bain de sang.

L’ANC se félicite de l’engagement des populations togolaises, plus que jamais déterminées à défendre leurs droits fondamentaux et à œuvrer pour l’instauration de l’Etat de droit au Togo, et les appelle à répondre massivement aux mots d’ordre de mobilisation du FRAC et du CST.

Fait à Lomé, le 24 septembre 2012,

Pour le Bureau National,

Le Président