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Togo : Le CST rejette catégoriquement les “résultats provisoires” publiés par la CENI

D 4 août 2013     H 12:14     A SAUVONS LE TOGO     C 0 messages


Déclaration liminaire

La CENI a rendu publics les ‘’résultats provisoires’’ des élections législatives du 25 juillet 2013.

Ces faux résultats, qui reposent sur des fraudes massives, dénoncées en vain par le CST, donnent le parti au pouvoir largement gagnant. La publication de tels résultats, au moment où le gouvernement est confronté à de nombreuses revendications sur tous les fronts, illustre une fois encore, l’arrogance et le mépris du régime RPT/UNIR pour le peuple togolais souverain.

Depuis plusieurs années, en vue de se ménager les coudées franches pour manipuler à sa guise, l’issue des élections législatives, le gouvernement RPT/UNIR/UFC s’est refusé de prendre le temps nécessaire pour réunir les conditions d’apaisement, d’équité et de consensus qu’appellent de telles élections. Il s’est notamment opposé à la mise en œuvre des réformes exigées par les populations togolaises et les partis politiques de l’opposition et préconisées par les partenaires du Togo.

Ainsi, les prisonniers politiques continuent de croupir arbitrairement en prison tandis que de nouvelles arrestations arbitraires sont signalées. Les distorsions, relevées dans le découpage électoral et qui enlèvent tout son sens à la Représentation nationale, sont aggravées au lieu d’être corrigées. Le système de transmission, de centralisation et de compilation des résultats avant publication, a conservé toute son opacité, malgré maintes dénonciations par l’opposition.

Aujourd’hui, le constat est patent. Les nombreuses et graves irrégularités observées tout au long du processus, les mesures discriminatoires et d’exclusion appliquées à l’encontre des représentants de l’opposition dans les CELI et dans les centres de vote (CRV), ainsi que l’opacité des procédures de résultats, cachent mal des chiffres fabriqués d’avance et sortis d’un chapeau, entachent lourdement la sincérité du scrutin et enlèvent tout crédit aux résultats de la CENI.

En conséquence, le CST dénonce avec la plus grande fermeté, tout en les rejetant catégoriquement, les prétendus ‘’résultats provisoires’’ des élections législatives du 25 juillet 2013, publiés par la CENI.

Le déroulement calamiteux du processus témoigne d’un état d’impréparation notoire, que les interférences délibérées des membres de la CENI, des présidents des CELI et des bureaux de vote, tous acquis au pouvoir en place, ont contribué à aggraver. Fraudes, corruption, achats de conscience, harcèlement, intimidations, menaces et désordres de toutes sortes et de toute nature ont émaillé le processus, sur l’ensemble du territoire national.

 •Il est inacceptable que les représentants de l’opposition dans les CELI et dans les bureaux de vote soient discriminés, marginalisés ou expulsés, du fait de directives expressément données par la présidente de la CENI ;
 •Il est inacceptable que dans certains centres de vote, des candidats du CST soient interdits d’accès ou expulsés des bureaux de vote, notamment au moment du dépouillement, comme ce fut le cas du Candidat AMELAFO dans l’Amou ;
 •Il est inacceptable que la formation du personnel électoral ait été bâclée au point que les membres des bureaux de vote ignorent les procédures élémentaires du vote.
 •Il est inacceptable qu’au dépouillement, aucun bureau de vote n’ait vérifié le positionnement des hologrammes sur les bulletins de vote, en vue de leur authentification ;
 •Il est inacceptable que ni les CELI, ni la CENI n’aient procédé aux vérifications d’usage des bulletins de vote déclarés nuls dans les bureaux de vote, vu leur nombre parfois excessif. Plusieurs présidents de CELI se sont même ouvertement opposés à une telle vérification ;
 •Il est inacceptable que des membres du parti UNIR aient voté massivement par dérogation et par procuration en ne remplissant pas les conditions d’éligibilité à ces votes spéciaux, comme ce fut le cas du Ministre Inoussa Bouraïma qui, dans la circonscription électorale de Tchaoudjo, après avoir voté au cours de la matinée par dérogation dans un centre où il n’est pas inscrit, revient dans l’après-midi pour voter une seconde fois par procuration de Me Kassa Traoré ;
 •Il est inacceptable qu’au moment du dépouillement, des membres du parti UNIR aient introduit dans les décomptes des votes, des urnes bourrées et ne faisant pas partie du matériel électoral officiel. Il en est ainsi du sieur Issa Traoré, fils de l’ancien Maire de Sokodé, des sieurs DJADJA-AVOGNON Ignace, Mathieu Badagbon et ADJOLLA DJIWONOU à Agoè (Golfe), du sieur Douti Lardja dans la circonscription électorale du Tône. Les bourrages d’urnes sont relevés également à Niamtougou, Kantè, Kambolé ainsi qu’à Koui (BLITTA), où les cartes des électeurs qui ne retrouvaient pas leurs noms sur les listes, ont été ramassées et emportées par la présidente locale de UNIR ;
 •L’illustration la plus marquante du bourrage d’urnes à grande échelle en faveur du parti au pouvoir est la découverte, dans les locaux de la CELI de l’AMOU, de plus de vingt urnes bourrées de bulletins pré-votés en faveur de la liste UNIR de cette circonscription électorale, en présence du vice-président de la CELI M. Tafouame, M. Kouwonou représentant du groupe Arc-En-Ciel à la CELI, du chef logisticien et d’un agent de la sécurité. La même découverte a été faite dans la CELI du HAHO ;
 •Il est inacceptable que dans certains centres, des bureaux de vote aient été délocalisés dans l’improvisation totale (EPP Bè-Kpota, EPP Hédzranawé) et que ces délocalisations soient délibérément cachées aux électeurs qui, après avoir cherché en vain leurs bureaux de vote, sont rentrés chez eux sans voter, ce qui a contribué aux abstentions. A cet égard, il est plutôt curieux de noter que les militants du parti au pouvoir, mieux informés, savaient où voter ;
 •Il est inacceptable que dans de nombreux centres, des bureaux de vote censés ouvrir à 07h00, ne soient pas encore ouverts à 15h00, comme à EPP DENOUVIME (Lomé-Commune) ;
 •Il est inacceptable que des préfets se transforment en agents électoraux pour interférer dans le processus, tel le préfet du Zio qui, prétextant transporter des urnes du vote par anticipation, arrive dans les bureaux de vote et ordonne aux membres du bureau de vote, de faire voter les électeurs dans ces urnes qui contenaient en fait, des bulletins pré-votés en faveur du parti UNIR ;
 •Il est inacceptable que tous les présidents de CELI sans exception, aient cru devoir soutenir, favoriser et prendre parti pour les candidats, les électeurs et personnalités du parti au pouvoir, au lieu de s’en tenir à leur mission légale qui requiert objectivité et impartialité ;
 •Il est inacceptable que malgré l’affectation exclusive et abusive des postes de président, vice-président ou rapporteur dans les CELI ou dans les bureaux de vote, aux représentants RPT/UNIR/UFC et à leurs satellites, des présidents et rapporteurs de bureaux de vote refusent de signer les procès-verbaux et abandonnent les urnes dont ils ont la charge (EPP Dangbuipé, Lomé-Commune) ;
 •Il est inacceptable que ni la liste d’émargement, ni même la liste d’affichage ne soient disponibles dans nombre de bureaux de vote ;
 •Il est inacceptable que les membres des bureaux de vote ignorent le sens et les modalités des votes par dérogation ou par procuration et ne maîtrisent aucunement le traitement des électeurs omis ;
 •Il est inacceptable qu’avant et pendant le scrutin, le parti UNIR au pouvoir, ait procédé à une abondante distribution de sommes d’argent et de vivres et non vivres, riz, sel, tôle, machines à coudre, motos, engrais, etc.
 •Il est inacceptable enfin, que la veille et le jour même du scrutin, des chefs traditionnels, inféodés au régime, fassent gongonner des messages et slogans appelant les populations à voter pour les candidats de l’UNIR et menaçant de représailles tous ceux qui voteraient pour l’opposition.

Le processus électoral qui vient de se dérouler au Togo n’est ni plus ni moins qu’un nouveau coup de force électoral du régime RPT/UNIR qui, uniquement préoccupé par la conservation du pouvoir par tous les moyens, n’a pas hésité à renier ses engagements quant à un scrutin transparent et démocratique.

En raison de l’attitude partisane qu’observe habituellement la Cour Constitutionnelle, qui a révoqué neuf députés de leur mandat parlementaire, en violation de la Constitution et invalidé des listes de l’opposition, en violation de la loi électorale, les candidats des partis politiques membres du CST considèrent que saisir cette Cour revient à saisir une des instances politiques du parti au pouvoir.

Il est important de noter :

 •que les populations togolaises, dans leur grande majorité, sont acquises à l’alternance. En témoigne la très forte mobilisation de ces populations pendant la campagne électorale conduite par les candidats du CST ;
 •que l’instauration de l’Etat de droit est loin d’être une préoccupation du régime RPT/UNIR, vu la facilité avec laquelle les actes arbitraires sont opérés impunément : arrestations, enlèvements, saisies, répressions violentes de manifestations pacifiques et musèlement des médias privés telle que la RADIO LEGENDE ;
 •que le régime RPT/UNIR, incapable de respecter ni les engagements pris avec les partenaires du Togo ni la Constitution ni les lois, ne peut jamais organiser une élection transparente, équitable et crédible ;
 •qu’il y a lieu de s’interroger, face à l’incompréhension dont semble faire preuve la communauté internationale, sur la possibilité d’une alternance au Togo ;
 •que faute de prendre véritablement le contrôle de l’organisation et de la supervision des élections sous le régime RPT/UNIR, la communauté internationale investira en vain dans les processus électoraux au Togo.

En raison de tout ce qui précède, le CST appelle la communauté internationale :

 •à constater l’impasse à laquelle a abouti le processus électoral qui vient de se dérouler au Togo et à laquelle elle a pour ainsi dire contraint l’opposition à adhérer ;
 •à tirer toutes les conséquences de cette situation quant à l’aggravation du déficit démocratique au Togo ;
 •à reconsidérer, dans l’intérêt de la paix au Togo et dans l’intérêt bien compris du peuple togolais et de la nation togolaise, la nécessité d’une mise en œuvre consensuelle des réformes politiques et des recommandations des missions d’observation électorale, afin de permettre non seulement la reprise du scrutin législatif, mais aussi la bonne préparation et l’organisation consensuelles des élections locales et de l’élection présidentielle à venir.

D’ores et déjà, et pour contribuer à l’apaisement du climat politique dans le pays, le CST exige :

 •la libération immédiate et sans condition de tous les militants et sympathisants arbitrairement arrêtés et détenus à la gendarmerie, dans les prisons et tout autre lieu de détention ;
 •la levée de toutes les inculpations qui pèsent encore sur les dirigeants des partis politiques de l’opposition ;
 •la cessation immédiate de toute poursuite, intimidation, répression et harcèlement des populations sur toute l’étendue du territoire.

Le CST réitère ses remerciements aux populations togolaises pour leur soutien massif et les appelle à rester vigilantes et fermement mobilisées pour défendre avec dignité, la souveraineté du suffrage populaire.

Fait à Lomé, le 30 juillet 2013

Pour le Collectif ‘’SAUVONS LE TOGO’’

Le Coordonnateur

Signé

Ata Messan Zeus AJAVON