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Togo : Lettre ouverte du CST à M. François Hollande, président de la république française

D 4 août 2012     H 05:19     A SAUVONS LE TOGO     C 0 messages


DE LA NÉCESSITE DE DÉFENDRE LA DYNAMIQUE DES VALEURS, DE LA RÉPUBLIQUE ET DE LA DÉMOCRATIE AU TOGO !

Monsieur le Président,

Le mouvement citoyen Collectif « Sauvons le Togo » (CST) a eu à vous féliciter, dès le lendemain de votre belle victoire du 06 mai 2012, lors de l’élection présidentielle française. Il s’agissait, pour nous, de saluer cette victoire fondée sur les valeurs, l’action citoyenne et le rassemblement républicain qui offre à la France et à la Communauté internationale l’occasion de construire un monde de confiance, de fraternité et de solidarité partagées pour le mieux-être de tous les peuples de la terre.

Nous vous avons alors invité à une véritable politique de rupture en matière de politique étrangère, notamment avec les pays africains, et particulièrement avec le Togo.

Face à la récurrente violation, aussi bien des droits humains et constitutionnels que de la vérité des urnes et des comptes publics par la dictature militaro-clanique qui régente depuis plus de 45 ans notre pays, notre mouvement après maints appels adressés à Faure GNASSINGBE et son gouvernement, a rendu publique, le 04 juin 2012, une plateforme citoyenne pour un Togo démocratique en vue d’une sortie de crise heureuse et pacifique.

Malheureusement, depuis lors, et nonobstant les dispositions de l’article 30 de la Constitution Togolaise et de la loi du 16 mai 2011 sur les manifestations publiques pacifiques, toutes nos manifestations, ont été l’objet d’une violente répression par les forces de l’ordre, bien que toutes les formalités administratives aient été faites et sans qu’aucune observation contraire n’ait été formulée. C’est dans ce contexte que trois des leaders du Collectif « Sauvons le Togo » notamment Maitre Ata Messan Zeus AJAVON, Maitre Raphaël N. KPANDE-ADZARE, Maitre Gil-Benoit AFANGBEDJI sont variablement inculpés par le pouvoir ; tandis qu’un autre leader, Agbéyomé KODJO,

ancien président de l’Assemblée nationale et ancien Premier ministre du Togo, actuellement président national de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) a été arrêté et menotté par une unité d’élite de la gendarmerie nationale, entrée par effraction dans son domicile, puis a été entendu par des officiers de la gendarmerie, sans la levée de son immunité parlementaire avant d’être libéré sous la pression nationale et internationale !

Le bilan actuel de cette violence d’Etat sur de paisibles citoyens est de trois (03) morts, plus de 150 blessés, dont certains graves, nécessitant des interventions chirurgicales, 47 personnes arbitrairement détenues à ce jour, à la prison civile de Lomé, la confiscation illégale aussi bien des matériels de sonorisation et instruments de musique servant à l’animation de nos meetings, que de matériels roulants et autres biens meubles.

Face à l’exacerbation de la tension politique dans le pays, le gouvernement de Faure GNASSINGBE a invité au dialogue, le 21 juin 2012, le Collectif « Sauvons le Togo ». Notre bonne foi et volonté de prendre part au dialogue ne souffrant guère de doute, nous avons souhaité qu’il en soit de même de la part du gouvernement en posant trois préalables :

 La libération sans condition des personnes arbitrairement détenues, dans le cadre de nos manifestations des 12, 13 et 14 juin 2012,

 La restitution aussi bien des matériels de sonorisation et roulants que des autres biens meubles illégalement confisqués,

 Le respect des dispositions constitutionnelles et de la loi du 16 mai 2012 sur les manifestations publiques pacifiques.

Sans suite à nos attentes et en contradiction avec les dispositions de la loi du 16 mai 2011 sur les manifestations publiques pacifiques, le gouvernement publie, le 29 juin 2012, dans la presse d’Etat TOGO PRESSE, un mémorandum interdisant, sur le territoire national, toute manifestation publique pacifique du Collectif « Sauvons le Togo ».

Ainsi notre meeting du 01er juillet 2012 au stade Oscar Anthony de Bèniglato, à Lomé, a été réprimé, sans état d’âme, par la gendarmerie, entrainant son report au 05 juillet 2012. Ce meeting connaitra le même sort. La manifestation spontanée du Collectif « Sauvons le Togo » qui s’en est suivie, ce même jour, devant l’Ambassade de France, pour attirer l’attention de la Communauté internationale sur la récurrente violation des droits humains et constitutionnels par le pouvoir de Faure GNASSINGBE notamment, le droit de manifester librement consubstantiel à la démocratie, et réaffirmé dans la déclaration du 14 juin 2012 du Quai d’Orsay sur le Togo.

Monsieur le Président,

Les manifestants qui se reconnaissent dans votre dynamique des valeurs, de la république et de la démocratie en France, scandaient dans une atmosphère bon enfant « Libérez le Togo », « François HOLLANDE au secours », « Faure GNASSINGBE démission ». C’est dans ce contexte qu’est survenue une fois de plus la violence d’Etat inouïe caractéristique de la dictature militaro-clanique de Lomé. Les images édifiantes de cette terrible répression des forces de l’ordre ont fait le tour du monde, relayées par la plupart des medias internationaux.

Au lieu de faire preuve de bonne foi pour croiser courageusement les pertinentes approches de sortie de crise avec le Collectif « Sauvons le Togo », Faure GNASSINGBE et ses affidés refusent, sans cesse, de privilégier l’intérêt supérieur de la Nation. Nonobstant les conclusions du Rapport du 15 février 2012 de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) sur la torture au Togo, des tortionnaires avérés sont, soit maintenus à leur poste, comme le général Mohamed Atcha TITIKPINA, chef d’état-major actuel des Forces Armées Togolaises (FAT)) et le colonel Yotrofei MASSINA, le directeur de l’Agence Nationale de Renseignement, ANR), ou promus comme le commandant OUADJA, actuellement détaché à l’état-major particulier du président de la République, après s’être illustré récemment dans les tortures infligées aux étudiants de l’Université de Kara.

Monsieur le Président,

Ces exemples parmi tant d’autres, prouvent, à suffisance, qu’opposer le droit, la raison et l’humanité au non droit, à la violence militaire et au déficit d’éthique politique est l’incessant combat ardu que mène, sans relâche le Collectif « Sauvons le Togo », pour que le Togo ne soit plus « l’orphelinat de l’Humanité ».

Le peuple togolais a conscience qu’il revient à toutes les filles et tous les fils du Togo tout entier, de régler eux-mêmes la grave crise sociopolitique à laquelle est confronté, depuis plusieurs décennies, notre pays. Mais il demande plus de fermeté au cœur de l’action diplomatique en ce qui concerne le Togo, actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies !

Pour le Collectif « Sauvons le Togo », la communauté internationale ne saurait garder silence quand les valeurs qui fondent l’humain, l’action citoyenne, la République et la démocratie sont foulées au pied par Faure GNASSINGBE. En effet, sa présence au sommet de l’Etat togolais repose sur des crimes imprescriptibles selon la loi fondamentale togolaise, et est source de désolation au sein de la population togolaise.

C’est pour cette raison, qu’au regard de l’ampleur de la répression policière dans le pays sans discrimination de lieux notamment à l’intérieur même de l’église Saint Augustin d’Amoutivé, où les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes non conventionnelles jusque sous le saint sacrement exposé et de même que devant l’Ambassade de France, sur fond de violation systématique des droits humains et constitutionnels, le Collectif « Sauvons le Togo » a jugé bon de s’adresser à vous, pour qu’à travers vous, la communauté internationale, notamment la France, se préoccupe davantage de la situation politique au Togo.

A la lumière de la déclaration sur le Togo du 14 juin 2012 du Quai d’Orsay, le Collectif « Sauvons le Togo » (CST) espère que vous tiendrez vos engagements de rupture en matière de partenariat avec l’Afrique, pour notamment plus de démocratie en Afrique et au Togo, en particulier.

Le Collectif « Sauvons le Togo » espère que vous tiendrez les engagements de rupture avec un certain type de partenariat avec l’Afrique formulés par votre gouvernement à travers la déclaration du Quai d’Orsay en date du 14 juin 2012.

Le Collectif « Sauvons le Togo » considère que la gravité des événements, survenus le 05 juillet 2012, devant l’Ambassade de France à Lomé, de même que la démission, en pleine crise, le 11 juillet 2012, du Premier ministre Gilbert Fossoun HOUNGBO, donne l’occasion d’accompagner le Peuple togolais dans sa lutte ardue et déterminée pour la résolution de la longue et grave crise sociopolitique qui a mis le Togo en lambeaux.

Monsieur le Président,

Face au risque d’embrasement du Togo qui se profile à l’horizon en raison de l’autisme de Faure GNASSINGBE et son gouvernement à entendre les légitimes revendications du peuple togolais, respecter la Constitution et les lois de la République s’impose comme le seul impératif catégorique à même de préserver notre pays du chaos.

Le Collectif « Sauvons le Togo », voudrait vous prendre à témoin aussi bien que la Communauté internationale, sur la tragédie du Peuple togolais, et espère qu’il ne sera pas trop tard avant que n’émerge une réelle volonté politique à mettre hors d’état de nuire la dictature militaro-clanique de Lomé dont la similitude au pouvoir de Damas n’est plus à démontrer.

Espérant que toutes les préoccupations qu’il a formulées trouveront auprès de vous toute l’attention qu’elles méritent le Collectif « Sauvons le Togo » vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre plus haute considération.

Lomé le 13 juillet 2012