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Algérie : 500 employés sans salaire depuis 3 mois à Tamanrasset

D 8 juin 2015     H 12:23     A     C 0 messages


A l’orée du mois de Ramadhan, les travailleurs de l’ENOR (Entreprise nationale d’exploitation de l’or) à Tamanrasset, se retrouvent sans salaire.

Pas moins de 500 employés travaillant dans les zones aurifères d’Amesmassa (500 km à l’extrême sud du chef-lieu de la wilaya) n’ont pas perçu leur rétribution depuis au moins trois mois, a-t-on appris des travailleurs. Malgré les grèves et les mouvements de protestation organisés, depuis plus de 90 jours, leur situation n’a toujours pas connu son dénouement. Pire encore, six employés parmi les 400 grévistes ont été « abusivement licenciés » par la direction de l’entreprise.

Ce qui n’est pas sans susciter l’indignation et la colère des employés qui ont sollicité l’intervention du wali et l’Amenokal de l’Ahaggar, Edaber Ahmed, pour résoudre ce problème qui n’a que trop duré. « La décision de licenciement, qui ne repose de surcroît sur aucun motif légal, a été prise injustement », fulmine Mohamed Meradi. Père d’une fille âgée d’à peine cinq ans, Mohamed, hanté par le cauchemar du désœuvrement, ne sait plus comment faire pour couvrir les dépenses de sa famille.

Il n’est pas le seul à ressentir ces appréhensions après avoir tiré le diable par la queue, puisque cinq de ses collègues ont subi le même sort. En signe de solidarité, les employés de l’ENOR en appellent aux plus hautes autorités du pays pour réintégrer leurs collègues limogés qui n’ont vraisemblablement le tort que de dénoncer les graves dépassements impliquant les gestionnaires de l’entreprise, pour laquelle des enveloppes faramineuses ont été allouées dans cadre de son plan de redressement, affirment les employés.

A les croire, 2,9 milliards de centimes ont été alloués par le Comité participatif de l’Etat (CPE) pour remettre sur les rails cette société qui s’embourbe dans des difficultés financières depuis 2011. Toutefois, cette enveloppe, dénoncent-ils document à l’appui, n’a profité qu’à « certains cadres véreux qui ont d’abord procédé à la révision de la convention collective et la grille des salaires pour s’offrir des rémunérations mirobolantes, avant de passer des commandes en violation du code des marchés ».

Le premier magistrat de la wilaya, Mahmoud Djemaâ, leurré sur les véritables problèmes ayant motivé les employés à investir la rue, dit avoir saisi le ministère de tutelle pour faire la lumière sur cette affaire qui a, faut-il le rappeler, nécessité le déplacement du DG de l’Enor et du PDG de Manal, en avril dernier, pour tenter de convaincre les employés à renoncer à leur mouvement de grève. Cependant, c’était peine perdue puisque les grévistes, motivés principalement par le changement du staff dirigeant et la délocalisation du siège de la DG d’Enor vers Tamanrasset, n’ont pas lâché prise.

La direction régionale de l’ENOR a appris à son tour que la grève a été gelée la semaine dernière et que les employés ont, à l’exception des licenciés, repris leur travail. A la question sur les salaires bloqués depuis 3 mois et les irrégularités enregistrées au sein de l’entreprises, notre source qui a parlé sous couvert de l’anonymat s’est contentée de préciser : « Seuls les travailleurs qui ont procédé à un mouvement de grève illégal sont concernés par cette situation. Les autres salariés ont tous perçu leur rémunération à temps. Pour ceux qui disent détenir des preuves incriminant l’administration, ils n’ont qu’à saisir la justice. »

Source : El Watan