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Non à la transformation de la Mauritanie en narco-Etat

D 17 août 2013     H 05:43     A COD (Mauritanie)     C 0 messages


Selon l’organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), l’Afrique
entière a connu un développement spectaculaire du trafic de stupéfiants,
surtout les drogues dures. Mais l’Afrique de l’Ouest et particulièrement
la zone sahélo-saharienne, est la partie du continent la plus touchée par
ce fléau, responsable notamment de l’instabilité politique dans la
sous-région, de la résurgence des coups d’Etat militaires, de la
fragilisation des circuits formels de l’économie et, aujourd’hui, du
conflit malien dont la drogue se trouve au cœur des enjeux.

En Mauritanie, le trafic de drogue est non seulement présent depuis
plusieurs années, mais il y a de fortes présomptions que le pays soit
devenu une des principales plaque-tournantes du narcotrafic dans la sous
région et que les réseaux criminels aient tendu leur influence jusqu’au
sommet de l’Etat.

Un simple rappel de quelques unes des affaires liées à la drogue, de
certaines décisions judiciaires et sécuritaires prises par Mohamed Ould
Abdel Aziz et de ses relations avec certains milieux opaques, permet
d’appréhender jusqu’où l’hydre du narcotrafic s’est incrusté
subrepticement dans nos murs et à quel point il a tendu ses tentacules
dans notre pays !

Des affaires louches…

• L’affaire de l’avion de Nouadhibou : Le 2 mai 2007, la police
mauritanienne découvre, abandonnée sur le tarmac de l’aéroport de
Nouadhibou, une importante cargaison de 629 kilogrammes de cocaïne,
débarquée d’un avion bimoteur. Très vite, l’enquête menée par l’ancien
Inspecteur Général de l’Etat pointe du doigt de très hauts responsables
sécuritaires, dont l’enquêteur demande l’audition. Le rapport de celui-ci
sera jeté aux oubliettes et l’affaire étouffée à ce jour.

• L’affaire du bus de Nouakchott : En août 2007, les forces de l’ordre
interceptent un minibus avec une cargaison de plus de 760 kilos de
cocaïne. Deux Mauritaniens et un franco-africain sont arrêtés. Condamnés à
15 ans pour deux d’entre eux et sept ans pour le troisième, un décret
présidentiel en date du 15 février 2011 leur accordera une réduction de
peine de 5 ans ! Le 13 juillet 2011, toute la bande est fut acquittée par
la Cour d’Appel de Nouakchott, soit juste deux mois après la visite à
Nouakchott d’un certain Général Antonio Injai, chef d’Etat-major
bissau-guinéen, aujourd’hui objet d’un mandat d’arrêt émis par un juge
américain qui l’accuse de trafic de drogue !

• Les révélations de Canal+ : En Mars 2010, la chaîne de télévision
française Canal+ a consacré une enquête de son émission "Spécial
Investigation" au trafic de drogue en Mauritanie. Les journalistes ont
obtenu des témoignages mettant en cause un Colonel de la Gendarmerie
mauritanienne, ancien Directeur Général des Douanes. Ici, les soupçons de
collision contre le régime mauritanien avec le narcotrafic trouvent leur
raison dans le silence que les autorités observent autour de cette
accusation grave, portée contre un haut gradé des forces armées nationales
et de sécurité !

• Les accusations de Noël Mamère : Le 21 janvier 2013, M. Noël Mamère,
député français a accusé Mohamed Ould Abdel Aziz d’être « un parrain de
drogue ». Ce dernier ne se résout à porter plainte qu’après que
l’Opposition soit montée au créneau !

• Le Ghanagate : Des enregistrements audio circulent depuis quelques
semaines sur le web, où on entend clairement la voix de Mohamed Ould Abdel
Aziz, négociant une transaction douteuse avec un ressortissant irakien du
nom d’Alawi, établi au Ghana. On y parle de la "livraison d’une cargaison"
non définie, que la presse ne trouve pas de difficulté à lier à des « 
valises » au contenu inconnu, ramenées par Coumba Ba, une ancienne
ministre du Chef de l’Etat actuel, d’un voyage tout aussi suspect au
Burkina Faso !

Des liaisons suspectes…

En plus de toutes ces affaires qui laissent suspecter une connivence entre
le pouvoir mauritanien et les narcotrafiquants, Mohamed Ould Abdel Aziz
lui-même entretient, comme l’indiquent son carnet d’audiences et certaines
révélations de la presse, des relations troubles avec des personnes du
milieu du narcotrafic international et sous-régional :

 Le général Antonio Injai de Guinée Bissau, recherché par la justice
américaine pour trafic de cocaïne, reçu par Aziz en décembre 2010 et ayant
effectué un voyage douteux à Nouadhibou à l’occasion de la même visite ;

 Chrif Ould Taher, ressortissant de l’Azawad malien, considéré comme le
cerveau de l’affaire du Boeing de drogue incendié au nord du Mali en 2009
et recherché par l’Interpol. Selon la presse, il aurait trouvé asile en
Mauritanie et fréquenterait régulièrement le Chef de l’Etat ;

 Mohamed Ould Ahmed Deya dit Rouggy, objet, lui aussi, d’un mandat
d’arrêt international pour trafic de drogue a été vu récemment à une
manifestation publique à Nouakchott.

Des décisions étranges…

• L’élargissement par le régime actuel de plusieurs centaines de
trafiquants et de consommateurs de drogue : Les prisons mauritaniennes
sont régulièrement vidées, par grâce présidentielle, à l’occasion des
différentes fêtes nationales, des auteurs d’actes criminels aussi graves
que le convoyage, le recel, la détention et la consommation de cocaïne
saisie sur le territoire national, souvent en procédure de flagrant délit.

• La neutralisation de la Police Nationale : Ayant acquis, au fil des ans,
une grande expérience dans la lutte contre le fléau de la drogue, ce Corps
se trouve aujourd’hui dans une situation de quasi-chômage technique, après
que ses missions eussent été réparties entre l’Agence de documents
sécurisés, la Gendarmerie et le nouveau Corps de la sécurité routière.

Des questions sans réponses…

Face aux doutes que tout ce qui précède laisse planer sur l’implication du
régime actuel et de Mohamed Ould Abdel Aziz en personne dans le
narcotrafic, les autorités mauritaniennes gardent toujours un silence dont
le moins qu’on puisse dire est qu’il est, lui aussi, suspect. Toute une
série de questions sont aujourd’hui posées et demandent instamment réponse
 :

(1) Que venait chercher le général Antonio Indjai chez Mohamed Ould Abdel
Aziz en décembre 2010 ? Et que faisait-il à Nouadhibou ?

(2) Pourquoi Mohamed Ould Abdel Aziz ne réagit-il pas aux accusations
portées contre lui de tremper dans une affaire de blanchiment d’argent,
impliquant une de ses proches collaboratrices, Coumba Ba, le malien Hamed
Omar, et l’irakien Alawi ? Pourquoi avoir tenté de négocier leur silence
avec ceux qui ont fuité les enregistrements d’Accra, si ces derniers ne
sont pas authentiques ?

(3) Des soutiens politiques du camp de Ould Abdel Aziz et non des moindres
n’ont-ils pas reconnu dans des émissions radiotélévisées que la voix
prêtée à Aziz est bien la sienne ?

(4) Un journaliste proche de Ould Abdel Aziz et l’ayant accompagné lors du
fameux voyage du Burkina Faso n’avait-il pas révélé, en son temps,
l’existence de curieuses valises chez Coumba Ba ?

(5) Pourquoi le Chef de l’Etat ne réagit-il pas aux accusations d’accorder
asile, sur le territoire national, à des trafiquants de drogue recherchés
par Interpol et d’entretenir avec eux des relations personnelles ? Comment
expliquer l’absence de toute politique de lutte contre le fléau de la
drogue en Mauritanie au moment où Ould Abdel Aziz multiplie les campagnes
médiatiques et les réglementations dans tous les domaines, allant jusqu’à
l’interdiction des sachets plastiques (zazou).

Forte des constats ci-dessus et des graves soupçons de collision avec le
narcotrafic qu’ils font peser sur le pouvoir, la COD

(1) invite l’ensemble des mauritaniens et toutes les forces vives
nationales de toute obédience politique ou sociale, toutes les élites de
notre peuple (société civile, religieux et personnalités indépendantes) à
prendre conscience de l’ampleur des menaces que les dérives criminelles de
l’autorité de fait font courir à la Mauritanie et à son avenir,

(2) met en garde contre les risques de criminalisation qui pèsent sur
l’Etat mauritanien, les conséquences que peut avoir, pour la souveraineté
nationale, la démocratie et l’existence même du pays, la mainmise de la
pègre du narcotrafic sur les centres de décisions du pays,

(3) exige la démission de Mohamed ould Abdel Aziz du poste du président de
la république,

(4) demande l’ouverture d’une enquête indépendante et crédible sur le
dossier de la drogue dans notre pays

Nouakchott, le 27 mai 2013

La COD