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Tunisie "Démocratie Année Zéro"

D 29 novembre 2014     H 12:01     A Christophe Cotteret     C 0 messages


Une plongée dans les trois années de lutte tunisienne qui ont ouvert la voie à la première démocratie arabe.
Un film indispensable pour comprendre les enjeux de la Tunisie aujourd’hui.

SYNOPSIS,Quatre semaines. C’est le temps qu’il a fallu au peuple tunisien pour renverser le dictateur Ben Ali et ouvrir le champ au plus grand bouleversement géopolitique de ce début de 21ème siècle.,Mais la révolution tunisienne, aussi inattendue et fulgurante qu’elle ait pu apparaître aux yeux du monde, s’inscrit dans une histoire bien plus large.,Le film nous entraîne au cœur des premières révoltes dans le bassin minier de Gafsa en janvier 2008, jusqu’aux premières élections libres d’octobre 2011.,En deux chapitres et un an d’investigation, Démocratie Année Zéro autopsie les coulisses de ces évènements majeurs, à travers le regard des principaux opposants et révolutionnaires.

Christophe COTTERET INTERVIEWÉ PAR EL KASBAH

Qu’est ce qui a fait votre intérêt pour la Tunisie ? Quand avez-vous commencé à travailler dessus ?

Le hasard m’avait amené à Tunis pour la première fois en novembre 2010, deux mois avant les évènements. Jusqu’à ce fameux 17 décembre 2010 : dès lors, j’ai commencé à me passionner pour la dynamique propre à la blogosphère et aux réseaux sociaux tunisiens, une véritable découverte pour moi.

La révolution tunisienne a été l’objet de pas mal de traitement dans des films de divers formats. Quelle est la spécificité de Démocratie Année Zéro ?

L’insurrection qui a mené à la chute de Ben Ali, puis Kasbah 1 et Kasbah 2, au-delà de leur importance historique, sont des évènements très riches visuellement, contenant une forte charge émotionnelle, et capturée comme telle par de nombreux journalistes et cinéastes. Je serais même amené à dire qu’il y a eu une esthétique de la révolution tunisienne. A mon sens davantage marquée que dans les autres révoltes arabes.

La chute de Ben Ali était la fin d’un processus politique, et le début d’un autre. Kasbah 1 comprenait les prémices de ce qu’allait vivre la Tunisie dans les mois suivants, et la continuité d’un processus de révolte commencé en 2008, dans le bassin minier de Gafsa. C’est à ce moment que j’ai décidé de m’intéresser à une histoire plus large, à ce qui avait précédé la révolution, et ce qui allait la prolonger, pour tenter d’en comprendre sa nature même.

Qu’est ce qui a guidé votre choix d’interviews et de témoignages ?

Nous avons décidé d’adopter le regard de la gauche radicale, d’interviewer, de suivre, de nous mettre dans les pas de ceux qui n’avaient jamais été compromis avec l’ancien régime. En ce sens il ne s’agit pas d’un film historique, mais de retracer l’histoire d’une révolte vue par les résistants des premières heures. La chute de Ben Ali a été rendue possible par le formidable enchevêtrement et concordance de luttes sociales et politiques, à différentes échelles, dans différents endroits. C’est ce que je souhaitais montrer.

Parlez nous des deux parties du film : « Résistance » et « Démocratie ? ». Comment vous y avez songé ?

Le 14 janvier est le point d’un basculement, brutal. Pas d’une transition. Du point de vue des personnes qui s’expriment dans mon film, l’histoire qui précède est constituée d’une lutte en perpétuel mouvement, lutte pour (droit sociaux, liberté d’expression...), et lutte contre (arbitraire policier, corruption...). D’où le titre du premier chapitre du film.

Le second chapitre montre les tâtonnements d’une transition qui se cherche, parce que la révolution tunisienne n’a pas eu, et ne s’est pas cherché de leader. Ce tâtonnement, cette recherche des équilibres politiques, je l’appelle « Démocratie », suivi d’un point d’interrogation.

Enfin, vous dites « La Tunisie pour nous n’avait pas fait la révolution pour placer un nouveau pouvoir, mais pour lancer les bases d’un contre-pouvoir d’une société civile face à n’importe quel leadership. ».
Situez-vous votre travail comme faisant partie d’un des produits de ces contre pouvoirs ?

La révolution, et ceux que je qualifie de figures de la révolution, avaient pour mot d’ordre : DEGAGE. Une fois ce souhait exaucé, tout était à inventer. Mon travail est l’expression d’un regard de cinéaste, pas de journaliste. Le film est ouvert aux débats, et c’est ce débat qui est un contre-pouvoir.

Christophe Cotteret - Documentaire - 98 minutes - 2012 - Belgique (VOSTF),Formats de projection : DCP - Bluray - DVD

http://democratieanneezero.com/