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50ème anniversaire de la mort de FANON, l’homme intégral

D 11 janvier 2012     H 04:31     A Moulzo     C 1 messages


Fanon était-il Français, Martiniquais ou Algérien ?
Certainement les trois à la fois et même plus que ça
d’ailleurs. Fanon n’avait pas de patrie ou alors sa patrie était
celle de tous les damnés et les opprimés de la terre. Il avait
choisi d’être Algérien pour se battre contre la colonisation et les
injustices qui en émanaient mais il aurait tout aussi bien été
Congolais s’il avait été témoin sur place de l’injustice coloniale au
Congo ou encore Indochinois. L’auteur de « peau noire, masque
blanc (1952) », « L’an V de la révolution algérienne (1959) »,
« Les damnés de la terre (1961) », « Pour la révolution africaine
(publié en 1964) » était avant tout un homme d’action, un
homme de dépassement, un sans patrie bref un homme au sens
le plus global de ce terme, un homme intégral.

La France lui en
voudra jusqu’à l’effacer complètement des manuels scolaires
tandis que les Martiniquais semblent avoir du mal à comprendre
ce qui a poussé cet homme du pays à épouser la cause
algérienne, la cause des Arabes. Les Algériens quant à eux n’ont
pas oublié le rédacteur en chef de leur journal Al Moudjahid et un
de leurs représentants au congrès panafricain d’Accra (Ghana) en
1959 avant d’être ambassadeur du Gouvernement provisoire de
la République algérienne en 1960. Et ils lui ont rendu hommage à
l’occasion des 50 ans de sa mort à Alger tandis qu’Abdel Kader
Benarab[i] vient de publier un livre hommage à Fanon qu’il
considère comme un visionnaire surtout à l’aune des révolutions
arabes actuelles.

Atypique, en avance sur son temps, Fanon, qui est mort à 36 ans
(en 1961) avant d’avoir vu l’Indépendance de son pays
d’adoption l’Algérie, a passé les derniers moments de sa vie à
écrire la bible des peuples colonisés, l’Évangile des damnés de ce
monde[ii]. Revisité aujourd’hui par les Américains mais aussi les
Indiens, Fanon n’a pas fini de nous parler. Les Africains aussi ont
fait de Fanon un des leurs depuis longtemps et son oeuvre ne
cesse d’influencer le combat anti colonial qui ne s’est en réalité
jamais arrêté. Son combat si juste est un combat universel pour
tous ceux qui souffrent à cause de l’Impérialisme et de la raison
du plus fort. Fanon serait-il Palestinien aujourd’hui ? Très
certainement car le combat de sa si courte vie ne s’arrête pas
puisque Frantz Fanon inspire tous ceux dans ce monde ne
supportent pas le capitalisme et l’injustice et qui bien sûr comme
le disait si bien Frantz Fanon, ont choisi comme lui leur camp,
celui des opprimés de ce monde.

Moulzo

[i] Il est directeur de la collection Voix exilées aux éditions Gnosis-Editions de France, depuis 2010. Docteur en littérature française à
la Sorbonne.

[ii]Les damnés de la terre, La découverte, 1961.

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