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Claude Jacquin, dit Gabriel : un engagement internationaliste poursuivi malgré la maladie

D 18 avril 2016     H 12:05     A Pierre Rousset     C 0 messages


Nombre d’entre nous le connaissions depuis longtemps sous son nom de plume, Claude Gabriel. Né Jacquin en septembre 1947, il s’est éteint dans la nuit du 16 au 17 avril. Depuis une décennie, il était atteint d’un cancer qui s’est avéré incurable. Le mal le réduisait parfois au silence, mais dès que possible, il reprenait le fil de ses engagements, continuant à faciliter les relations militantes entre l’Afrique du Sud et la France, analysant l’actualité, menant un débat tenace pour que la gauche radicale intègre les réalités présentes. Jamais, avant la fin, la maladie n’a pu le forcer à l’abandon.

Membre en France de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), il a intégré dans les années 1980-1990 la direction de la Quatrième Internationale. Il est resté dans nos mémoires avant tout pour les liens qu’il a tissés en Afrique subsaharienne et dans le lancement de la publication Afrique en lutte. Il a cependant, pendant cette période, également suivi le travail jeune et les activités des sections de la QI en Europe occidentale – ainsi que contribué aux sessions de formation organisées à l’Institut d’Amsterdam (IIRE), où se retrouvaient trois mois durant des militantes et militants venus de divers continents.

Riche d’une expérience polyvalente, Claude fait partie des membres de notre génération qui ont maintenu leurs engagements initiaux, tout en cherchant sans cesse à repenser les conditions changeantes de l’action. Sans perdre des yeux l’Afrique, il s’est « recentré » sur la France et l’Europe en intégrant le Groupe Apex-Isast, « au service des élus, des comités d’entreprises et des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ». Son activité professionnelle lui a permis d’acquérir une connaissance en profondeur des évolutions de nos sociétés et, notamment, du tissu industriel à l’heure de la mondialisation. Claude avait pour constant souci de faire partager cette connaissance, notamment avec des courants radicaux investis sur le terrain syndical, discutant mots d’ordre et perspectives ; il a malheureusement reçu moins de réponses à ses invites au débat que les questions abordées ne le méritaient.

Claude a participé à la fondation du NPA, puis l’a quitté avec la Gauche anticapitaliste quand elle a rejoint le Front de Gauche. Toujours « quartiste », il était membre d’Ensemble !, la « troisième composante » du FdG.

Sans chercher à s’imposer, ces dernières années en particulier Claude avait pour ambition d’aider – par le débat, mais aussi en provoquant des rencontres entre mouvements, entre personnes. Nous nous étions au fil des années un peu perdus de vue – quand nous avons renoué, c’était d’emblée en amis. Des amis, il s’en est fait et de très proches, comme en témoignent les premiers messages venus d’Afrique du Sud, peu après son décès. Mercia se rappelle qu’elle l’a pour la première fois attendu à l’aéroport de Cape Town il y a 34 ans de cela. Elle se sent « dévastée » par l’annonce de sa mort, tant il a non seulement été proche de la famille (y compris du chien Sandy), mais à « profondément marqué » sa « conscience et son militantisme politique ». Pour Brian aussi, compagnon de Mercia, Claude a eu « la plus grande influence politique dans [sa] vie ». « Il a tant donné sans rien attendre pour lui même. Il voulait seulement aider ».

En un jour déjà, des manifestations de solidarité et de tristesse sont arrivées d’Afrique du Sud, du Sénégal, d’Inde, de Pologne, d’Italie, d’Espagne, du Portugal, de Suisse, de Belgique… Claude était un internationaliste. L’hommage à sa personne et à son engagement ne peut qu’être international.

Avec une pensée pour sa compagne, Sylvie, qui l’a accompagné durant sa maladie.

Pierre Rousset

Source : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37726