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AFRIQUE DU SUD : Détresse psychologique à Tin Can Town

D 27 novembre 2012     H 05:30     A IRIN     C 0 messages


LE CAP - Une étude universitaire récente a identifié une série de troubles mentaux qui touchent les habitants des bidonvilles de la province du Cap-Occidental en Afrique du Sud. Ces troubles vont des insomnies chroniques à un manque d’amour-propre.

Intitulée ’L’impact de la vie dans les camps de transit ; les témoignages des habitants de Blikkiesdorp et de Happy Valley’ (The Impact of Living in Transitional Communities ; The Experiences of People in Blikkiesdorp and Happy Valley), l’étude a été menée par l’université du Cap-Occidental (UWC) et l’université de technologie de la péninsule du Cap (CPUT). L’étude a été restreinte à ces deux collectivités pour des raisons de budget.

« Comme les chercheurs n’avaient pas les moyens de mener des entretiens à grande échelle, nous avons pris quatre différents groupes témoins de 10 à 20 personnes résidant à Blikkiesdorp ou dans un autre camp de transit appelé Happy Valley. Et nous avons trouvé une grande concordance des résultats dans chaque cas », a déclaré à IRIN Shaheed Mahomet, maître de conférences en génie civil à la CPUT et activiste communautaire de Blikkiesdorp.

Parmi les troubles mentaux identifiés, il y a la dépression, les crises d’angoisse et de panique, les insomnies chroniques, les bouffées de colère et le manque d’amour-propre.

Sans espoir

Selon les auteurs de l’étude, il existe un manque d’information concernant la santé mentale des habitants de bidonvilles ; le rapport tente de combler cette lacune.

Blikkiesdorp - également appelé ’Tin Can Town’ - est un camp de transit temporaire créé en 2008 et prévu pour accueillir 600 personnes. Il s’est développé depuis et compte aujourd’hui plus de 4 000 habitants parqués dans 1 500 cabanons d’une seule pièce fabriqués en tôle ondulée, à environ 34 km du Cap. Happy Valley est un camp de transit voisin où vivent 3 000 personnes. Les camps ont été construits en prévision de la Coupe du monde de 2010, qui s’est déroulée en Afrique du Sud, afin de reloger les personnes expulsées d’immeubles occupés illégalement.

Rasheed Ahmed, psychologue clinicien de l’UWC et responsable de l’équipe d’étudiants chercheurs en psychologie, a déclaré à IRIN : « Le grand aspect négatif qui ressort des entretiens est le sentiment de désespoir et le fatalisme qui finit par toucher ces gens. C’est très lié au fait qu’ils pensent ne pas avoir d’avenir. Les humains ont besoin d’espoir et d’un sens à leur vie pour s’épanouir ».

« Avoir un objectif futur est crucial pour mener une vie saine, aussi bien au niveau mental que physique. Beaucoup de personnes interrogées se sont plaintes de troubles psychosomatiques toujours présents tels que des maux de tête qui sont clairement liés au stress et à l’anxiété », a-t-il expliqué.

Difficultés colossales

Etienne Clarson, habitant de Blikkiesdorp et dirigeant local qui milite pour des logements à coût réduit, a déclaré à IRIN que le lieu était un « dépotoir pour êtres humains ».

« Nous sommes coincés ici, car nous n’avons nulle part où aller, et les difficultés à surmonter sont colossales », a affirmé M. Clarson. « Il y a de gros problèmes de criminalité - les gens ont peur de sortir de chez eux et de se faire voler. Nous sommes loin de pouvoir trouver du travail alors personne n’a d’argent. Les gens ont honte de leur situation et ils n’ont ni confiance en eux, ni amour-propre ».

L’étude a révélé que les conditions de vie avaient considérablement influencé les relations sociales et interpersonnelles, et que le manque d’intimité avait un impact négatif sur les relations humaines, ce qui entraînait souvent des problèmes conjugaux. Il n’y a pas d’aires de jeu pour les enfants qui sont témoins des trafics liés à la drogue et aux gangs dès l’âge de cinq ans.

Cependant, l’étude a montré que, pour une minorité de cas, l’adversité avait conduit à de hauts niveaux de résilience. « Une très faible proportion de personnes a montré une résilience exceptionnelle face à ces problèmes. Cela s’est manifesté à l’origine par une mobilisation communautaire. Mais cela ne doit pas être perçu comme un facteur positif important. Si quelqu’un se relève après avoir été assommé, nous devrions nous concentrer avant tout sur les raisons pour lesquelles il a été assommé », a expliqué M. Ahmed.

Source : http://www.irinnews.org