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Afrique du Sud : « La lesbophobie doit être une circonstance aggravante »

D 11 mars 2012     H 06:15     A     C 0 messages


Il y a quelques jours, la justice sud-africaine a reconnu que l’orientation sexuelle de Zoliswa Nkonyana avait joué un rôle dans son meurtre. Une première dans le pays. Gill Henderson, de l’association Triangle Project, revient sur les enjeux du procès.

Le 1er février, quatre des agresseurs de Zoliswa Nkonyana, lesbienne sud-africaine assassinée il y a six ans près du Cap, ont été condamnés à 18 ans de prison, dont cinq avec sursis (lire notre article). Retour sur ce procès et ses possibles conséquences avec Gill Henderson, de l’association Triangle Project qui lutte contre l’homophobie.

TÊTUE : Pourquoi ce procès a-t-il suscité une telle mobilisation des associations LGBT ?

Gill Henderson : En Afrique du Sud, c’était seulement la deuxième fois qu’un procès avait lieu pour le meurtre d’une lesbienne. Le premier cas était celui d’Eudy Simelane en 2009 (lire notre article). Un des assassins avait été condamné à la prison à vie, mais le juge avait estimé que l’orientation sexuelle de la victime n’avait rien à voir avec les faits. Dans le cas de Zoliswa, en tant qu’activistes, nous poursuivions deux buts : premièrement que ce procès aille jusqu’au bout, afin que le système judicaire apparaisse crédible, et ce dans l’intérêt de tous les Sud-Africains.
Ensuite, il était essentiel que la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle soit reconnue comme une circonstance aggravante. Nous avions fait une recommandation à ce sujet et nous avons travaillé étroitement avec le procureur pour qu’il plaide en ce sens.

Le fait que la juge ait reconnu que l’orientation sexuelle de Zoliswa avait joué un rôle dans son meurtre est une première en Afrique du Sud. Vous considérez cela comme une victoire ?

Il est toujours difficile de dire qu’il s’agit d’une victoire quand quelqu’un a perdu la vie. Zoliswa est morte et la condamnation de ses meurtriers ne la fera pas revenir. Cependant, nous espérons que ce jugement va créer un précédent. Bien sûr, un seul procès ne va pas révolutionner les mentalités. Et il y a encore beaucoup de travail pour améliorer le système judicaire en général, pas seulement dans son attitude envers les lesbiennes. Mais nous pensons que ce verdict pourra nous aider, à l’avenir, si nous devons intervenir dans un autre procès afin que d’autres meurtriers soient condamnés.

Que pensez-vous de la sentence ? 18 ans de prison dont cinq avec sursis, est-ce une peine assez lourde ?

Les quatre hommes qui ont été condamnés pour le meurtre de Zoliswa étaient mineurs au moment des faits. C’est pour cela que la peine n’est pas plus lourde et il est normal que la loi soit appliquée pour tous. Bien qu’ils soient entièrement responsables de leurs actes, il est important de ne pas en faire des boucs émissaires. Cela risquerait de masquer le contexte plus large qui fait que ces jeunes hommes ont agi de la sorte. Or, c’est pour faire changer ce contexte que nous agissons.

Par Patricia Huon

Source : http://www.tetu.com