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Vague de grèves continues en Afrique du Sud

D 24 octobre 2013     H 05:04     A Drew Povey     C 0 messages


Alors que les syndicats rentrent dans la bataille, avec des effets à travers tout le continent.

Depuis 2005 les travailleurs Sud-Africains ont eu le plus d’expérience de grève que nulle part ailleurs dans le monde. Une grève majeure a été menée par les travailleurs du secteur public en Juin 2007 qui a duré plus de quatre semaines et est devenue ainsi le plus long conflit de l’Histoire Sud-Africaine.
Ils étaient de nouveaux en grève sur la question salariale en 2010. D’autres revendications salariales dans le secteur publique ont été avancées, mais ont été repoussées avec l’établissement de la commission d’examen des rémunérations de juin qui est reporté en avril prochain. Une série de grèves récentes semblent confirmer que la bataille des salaires continue. Lors des six premiers mois de l’année, les ouvriers agricoles de Cape Town, les enseignants, les chauffeurs de bus et les travailleurs de la Poste ont mené des conflits.

Plus récemment, depuis le 19 août, plus de 30.000 travailleurs de l’Industrie automobile avec leur syndicat NUMSA ont été en grève illimitée de trois semaines. Ils exigeaient une augmentation de 14% des salaires et une augmentation de l’indemnité logement et de transport.

La grève a été suivie par 80% des travailleurs de BMW, Ford, General Motors, Mercedes Benz, Nissan, Toyota et Volkswagen. En 2010, après deux semaines de grèves ils avaient obtenu plus de 9% d’augmentation des salaires par an et ce pour les trois années suivantes (L’inflation est proche de 6.5% en Août 2013). Cette fois le syndicat recommande aux travailleurs d’accepter une augmentation de 11.5% pour cette année et de 10% par an pour les deux prochaines années (contre une offre de 8%) et des revalorisations d’indemnité.

Près de 90.000 travailleurs de la construction se sont lancés dans une grève illimitée à partir du mardi 26 août, avec leur syndicat le NUM. Ils ont été rejoints par les 50.000 membres du Syndicat du bâtiment, de la construction et annexe (BCAWU) les deux organisations ont demandé une augmentation de 13% pour 2013 et 14% pour 2014. Alors que le BCAWU a accepté une augmentation de 10% au bout d’une semaine de grève, le négociateur du NUM Bhekani Ngcobo proclamait le 8 septembre que la grève continuait et obtenait pour les membres du NUM une augmentation de 12%.

Le syndicat national des mineurs (NUM 300 000 membres au total), représente dans les mine d’or d’Afrique du Sud, 64% des 140 000 mineurs. Il a commencé une grève le 3 septembre. Il est demandé une hausse de 60% alors que les employeurs n’offrent que 6%. Mais le secrétaire général du syndicat a déclaré que si 10% d’augmentation serait proposé, le syndicat l’accepterait. A la fin le syndicat a accepté un 8% pour les salaires les plus bas et 7.5% pour les autres après seulement une grève qui n’a duré que quelques jours. L’augmentation des salaires est indexée à l’inflation et les travailleurs recevront une majoration de leur allocation.
Le COSATU (la confédération syndicale) a totalement soutenu le NUM dans leur conflit dans les secteurs de la construction et des mines d’or et avec les salariés de la compagnie d’électricité Eskom ont appelé tous les travailleurs à faire du slogan : « une attaque contre un est une attaque contre tous » leur ligne de conduite.

Le syndicat rival AMCU exige que le niveau d’entrée du salaire soit augmenté à 12.500 Rands par mois, ce qui représente une augmentation de 150%
AMCU maintenant est reconnu comme syndicat sur le site de Lonmin, là où ont eu lieu les massacres de Marikana l’année dernière.
Le dimanche 8 septembre, la direction de l’AMCU a arrêté la grève juste après que les membres du NUM dans les mines d’or reprennent le travail. L’AMCU revendique 100 000 membres.

Après les annonces de perte de 6.900 emplois à Amplats (la plus grande mine de platine du monde), les travailleurs pourraient stopper la production. Le NUM a déclaré que cette annonce vise juste à intimider les autres travailleurs pour qu’ils acceptent une augmentation de salaire plus basse. Les membres de l’AMCU de la société Amplats (Anglo American Platinium) à Rustenburg se sont exprimés le 27 septembre pour continuer leur grève en exigeant que l’entreprise ne licencie pas les 3 300 travailleurs. « Nous continuerons la grève jusqu’à ce que Emplats revienne sur son projet de licenciement, » a déclaré George Tyobeka le dirigeant local de l’AMCU
Les techniciens du SATAWU syndicat du transport, dont les membres travaillent à la South African Airways ont été en grève le 26 août et ont exigé une augmentation de leur salaire conséquente de plus de 10 %, ils sont retournés au travail après onze jours de grève.

72.000 membres du NUMSA se sont lancés dans une grève illimitée dans les stations d’essence et les garages le lundi 9 septembre. Le NUMSA exige une augmentation à deux chiffres et une prime pour les travailleurs en horaire décalé de nuit. On leur a proposé 7,5%. Le NUMSA représente seulement une minorité des 300 000 travailleurs dans ce secteur, mais il a pour objectif d’attirer les travailleurs inorganisés à travers des manifestations de protestation. Les améliorations des propositions patronales, 11.5% en 2013 et 9% pour 2014 et 2015 ont été acceptées après trois semaines de grève dans les stations-services. La grève dans tous les autres secteurs de l’industrie automobile - fabricants de composants, poids lourds, carrossiers, vendeurs de pièces détachées, concessionnaires et réparation des pneumatiques- continue et a de nouveau stoppé les chaines de montages de certaines usines.

L’université Walter Sisulu de Cap Town a été fermée du fait d’une grève de sept semaines suivie par le personnel. Le syndicat de l’éducation nationale et du tertiaire ont arrêté le travail pendant le mois de juillet pour exiger une augmentation de 8 à 10%. L’université a finalement offert 5% et a ré ouvert. Il y a eu aussi des protestations de la part des étudiants.

Il y a toute une série de petits conflits, par exemple celui des 450 employés de Parmalat SA société laitière qui sont en grève sur le salaire minimum.
Le FAWU, syndicat de l’Agro-alimentaire revendique une augmentation de 9% alors que les producteurs de lait ont proposé au début 7 %. Il y a eu une grève dans les grandes brasseries de SABMiller à la fin de septembre suivi par des milliers de membre de la FAWU. Même les vigiles des sociétés privées de gardiennage, qui sont parmi les travailleurs les plus difficiles à organiser, ont fait une semaine de grève en Septembre. D’autres grèves se sont déroulées comme celles des travailleurs précaires de la poste ou ceux de l’électricité.
Le NEHAWU qui est affilié à la COSATU, représente près de 230 000 travailleurs de l’éducation nationale et de la santé. Il a organisé un blocage des postes frontière du Swaziland à la mi-septembre lors du déroulement des élections dans ce pays.

Les grèves sont motivées par l’absence de bénéfice, pour la plupart des travailleurs, de la fin de l’apartheid en 1995 (l’Afrique du Sud reste une des sociétés les plus inégalitaires du monde).
Une récente étude officielle révèle que le salaire réel médian dans le secteur formel n’avait pas augmenté de 1997 à 2011. Alors que les 10% des salaires les plus élevés ont bénéficié d’une augmentation d’un tiers pour la même période.

Les revenus du travail ont baissé et dans le même temps ceux du capital ont augmenté selon les analystes sud-africains du travail.
Les revendications salariales ont été aussi encouragées par les succès des récentes grèves et par les frictions internes qui se développent dans le COSATU. Le secrétaire général Zwelinzima Vavi a été suspendu en août après qu’il est admis avoir eu des relations sexuelles avec une employée de 26 ans du COSATU. Le NUMSA, un soutien de Vani a menacé de rompre ses liens avec le COSATU. Il a déjà été décidé de retenir deux millions de Rands budgétés pour aider l’ANC dans les prochaines élections.

Il y a aussi des développements politiques avec la formation des Economic Freedom Fighters, (les combattants de la Liberté économique) dirigée par l’ancien président de la branche Jeune de l’ANC, ANCYL qui se présente comme une alternative radicale à l’ANC. Le NUMSA qui représente 320 000 membres menace de se retirer du COSATU à cause de l’affaire Vavi.
La scission dans le mouvement syndical a conduit à de nouveaux syndicats hors du COSATU, comme pour les mineurs (AMCU), les travailleurs du transport, les dockers, les instituteurs et les travailleurs de la santé.
Cependant, avec un nombre de 2 millions de membres, le COSATU reste le pivot essentiel, non seulement pour les travailleurs organisés, mais aussi pour l’ANC qui dirige le gouvernement.

Drew Povey