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Madagascar : le rapport qui éclabousse les politiciens et leurs relations nébuleuses

D 24 novembre 2021     H 06:00     A     C 0 messages


A Madagascar, les deux dernières campagnes présidentielles (2018 et 2013) ont été marquées par des dépenses colossales de la part des gros candidats, estimées parfois à plusieurs dizaines de millions d’euros. Mais « l’origine des fonds des partis politiques malgaches, en particulier lors des propagandes électorales, demeure un mystère total » affirme dans son introduction, le rapport d’enquête et d’analyse sur « L’opacité du financement politique à Madagascar », conduit par Transparency International Initiative Madagascar.

Le rapport introduit un concept nouveau pour la Grande île : celui de « capture de l’État par des intérêts privés ». C’est la première fois que la société civile emploie la notion de « capture de l’État par des intérêts privés » pour parler de la situation à Madagascar.

Derrière les multiples violations de la loi qui régit campagnes et élections, le dernier rapport de Transparency International Initiative Madagascar (TI-IM) pointe du doigt un aspect plus opaque encore : les deals négociés en coulisse entre les candidats et leur parti et des entreprises ou individus puissants, étrangers ou non. Une fois leur poulain élu, ces derniers exercent alors une mainmise croissante sur les secteurs productifs et stratégiques du pays.

Manquements graves et infractions à la loi

Mialisoa Randriamampianina est chargée du programme sur l’intégrité politique chez TI-IM. « Notre soupçon, c’est que des entités qui ne disent pas leur nom sont en train de décider à la place de nos décideurs et de décider pour les citoyens malgaches. Que ce soit à travers des réalisations de projets, que ce soit par l’influence qu’elles ont sur les politiques publiques. Aujourd’hui, on peut constater que dans certains secteurs, il y a des décisions qui sont prises par le régime actuel qui laissent penser qu’il y a un retour d’ascenseur vis-à-vis des de ces entités, personnes ou entreprises privées qui ont ou auraient pu financer la dernière campagne présidentielle. Donc nous pensons que les pratiques d’opacité de financement des campagnes électorales, contribuent à prendre l’État malgache en otage. »

Dans l’espoir de prochaines élections plus transparentes, les organisations de la société civile travaillent en ce moment sur une proposition de réforme de la loi, pour exiger plus de traçabilité des fonds employés durant la campagne, inscrire un plafonnement des fonds, mais aussi pour doter les instances de contrôles d’outils légaux pour sanctionner les contrevenants.

Six candidats appuyés par la Russie

Pour rappel, l’élection présidentielle de 2018 avait été le théâtre d’une série de manquements graves et infractions à la loi. Le rapport en liste quelques-unes : « Au moins 6 des candidats ont été appuyés par la Russie », et ce au mépris de la loi (loi organique 2018-008 relative au régime général des élections et des référendums) qui interdit le financement de la campagne par des fonds étrangers ; « Un tiers des candidats en lice n’a jamais déclaré ses comptes de campagne » contrairement à ce qu’exige la loi ; « Le montant des dépenses déclarées ne correspond pas à l’envergure des événements organisés »…

D’après l’association, les textes flous et imprécis ainsi que « l’absence de sanctions légales claires encouragent de façon indirecte la culture du secret autour du financement politique. »

Source : https://www.rfi.fr/