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Madagascar : RÉCUPÉRATION POLITIQUE, ARRÊT DE MORT DE TOUTE RÉVOLUTION

D 19 octobre 2025     H 05:00     A Elie Ramanankavana     C 0 messages


La récupération politique est le tombeau de toute révolution. L’histoire le dit, l’histoire encore. Si 1972 a rendu l’âme, ce n’est pas à cause des idéaux d’alors, dont la noblesse ne souffre nul doute. Si 72 a été enterrée, c’est à cause d’un homme, un certain Didier Ratsiraka et son communisme de circonstance. L’Amiral, charismatique au verbe haut, a dévoré la volonté d’une indépendance véritable. Si 2009 gît aujourd’hui six pieds sous terre, ce n’est pas que la soif de liberté ait été bancale, c’est parce que Rajoelina a phagocyté les aspirations du peuple.

Ce 12 octobre, place du 13 mai, le même scénario se rejoue. La classe politique surannée est sur le devant de la scène. La laïcité de l’État est crucifiée sur les débris de la diversité religieuse.

Vers l’après-midi, alors que la fête battait son plein. Un certain judoka est même allé jusqu’à frapper seul à la porte des militaires du CAPSAT pour discuter d’on ne sait quoi en toute discrétion.

Cette classe politique, qui fatigue la grande majorité du peuple, on ne la connaît que bien trop. Nous savons ce qu’elle cherche.Tous ces politiques en mal de légitimité populaire qui ont échoué dans la rue, sauf celui venu de la RN1, nous les avons vus. Nous les avons trop revus.

Mais le pire, c’est que dans les coulisses, le prétendu Comité pour le pilotage de la lutte (KMT), a osé prononcer les mots macabres « Laissez-nous faire à présent ». Un KMT, qui contrairement aux apparences, est prêt à arracher des mains du peuple, de la jeunesse et des étudiants la lutte qui leur appartient.

La récupération politique est en marche. Et tous nous devons faire bloc, pour briser le cercle vicieux de l’histoire . Pour que dans vingt ans, nous ne soyons pas encore à pleurer nos frères, nos sœurs, nos mères, morts dans la rue pour avoir réclamé ce qui nous revient de droit.

Nous nageons en pleine mer politique, je le rappelle. Nous avons vu ces visages, nous les connaissons tous.

Pourquoi ces généraux d’hier, ces candidats malheureux, avec à peine dix pour cent des voix obtenues aux dernières élections pour le plus chanceux, se dressent-ils aujourd’hui pour cacher ceux que le peuple a embrassés ? Pourquoi monopolisent-ils la parole, avec leurs langues usées par le mensonge, alors que l’oreille du peuple allait aux jeunes et aux étudiants, à leur parole nue, franche, indomptée ? Pour cette même pratique politicienne moisie, plus toxique encore qu’une bactérie botulique ?

Oui, il faut composer, pour l’union, pour le "fihavanana", et surtout pour l’intérêt général. Mais sans se compromettre. Sans troquer l’intérêt de tous pour les privilèges de quelques uns. Il faut s’ imposer, avec l’intérêt général et les idéaux, non pas pour posséder mais pour empêcher qu’on dépossède le peuple à nouveau de sa révolution.

La mission de la Gen Z est capitale. Elle doit sauvegarder et réaliser les idéaux et les aspirations profondes du peuple malgache au détriment des requins à l’entour.

Le moment est donc venu de dire NON. NON à la voracité du KMT. Non aux partis politiques qui ont fait de cette journée du 12 octobre une mise en scène sacrilège, une propagande déguisée. Sacrilège, oui, c’est bien le mot. Car, combien même les morts au combat non-enterrés, les politiciens secouaient leurs ventres repus au soleil, rappelant les moments noirs des années oranges.

Alors, NON. Un NON ferme, CATÉGORIQUE. Un NON pour prévenir. Un NON total et absolu à la récupération politique. À cette main froide qui cherche déjà à enterrer la révolution sous le poids de ses vieilles ruses... Une journée seulement après le basculement de l’armée.

Elie Ramanankavana