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Ile Maurice : Sables mouvants

D 22 décembre 2024     H 05:30     A Will Shoki     C 0 messages


Le soleil se couche sur les partis politiques de l’ère de la libération en Afrique australe. L’effet domino a commencé en mai lorsque le Congrès national africain (ANC) d’Afrique du Sud a perdu sa majorité parlementaire pour la première fois. Il a ensuite formé une coalition (déguisée en gouvernement d’unité nationale) avec son ennemi juré, l’Alliance démocratique, favorable aux entreprises.

En octobre, la dynamique s’est poursuivie au Mozambique. Bien que la Commission électorale nationale, composée de fidèles du parti au pouvoir, ait déclaré le Frelimo vainqueur avec une marge de 70 %, des irrégularités généralisées et des allégations de fraude électorale ont déclenché des manifestations inédites dans le pays depuis l’indépendance.

Non loin de là, au Botswana, le Parti démocratique du Botswana (BDP), au pouvoir, a subi une défaite historique, perdant le pouvoir pour la première fois depuis l’indépendance en 1966 et perdant des voix dans les circonscriptions urbaines clés, les citoyens exprimant leur frustration face à la stagnation économique et à la corruption.

En Namibie, le soutien à la SWAPO est en chute libre, car le chômage élevé, les allégations de corruption et les inégalités érodent sa base. Lors de l’élection présidentielle de 2019, le soutien à la SWAPO est tombé à 56 %, contre 87 % en 2014, et des rapports récents suggèrent qu’elle pourrait perdre sa majorité parlementaire pour la première fois depuis 1990 après les élections générales de mercredi.

Ces changements monumentaux rappellent la phrase souvent citée de Gramsci dans Les Cahiers de prison : « La crise consiste précisément dans le fait que l’ancien est en train de mourir et que le nouveau ne peut pas naître ; dans cet interrègne, une grande variété de symptômes morbides apparaissent. »

Au cours du dernier demi-siècle, l’idéologie de la libération nationale a façonné l’horizon des possibilités politiques dans la région à travers ce que l’on peut appeler une sorte de modernité africaine – une vision du progrès et du développement qui mettait l’accent sur l’autodétermination, l’intégrité culturelle et une voie de modernisation spécifiquement africaine, alignée sur les réalités historiques et sociales du continent et qui positionnait le parti de la libération comme son gardien.

Cette histoire de construction d’État postcolonial a été brisée par les réalités de la corruption, de l’exploitation et de l’exclusion politique qui définissent les trajectoires des États d’Afrique australe. Même les alternatives supposées à ce modèle, comme le parti MK et l’EFF en Afrique du Sud, ou des personnalités comme Venâncio Mondlane au Mozambique – qui a évolué entre le Frelimo et la Renamo – sont des ramifications de cette hégémonie en déclin plutôt que de véritables déviations par rapport à celle-ci. Ce qui pourrait émerger pour combler le vide laissé par ces systèmes défaillants reste incertain.

Un endroit qui offre cependant un aperçu de possibilités est l’île Maurice.

Longtemps célébrée comme une démocratie stable et un paradis touristique, l’île Maurice est aujourd’hui aux prises avec le déclin de son Mouvement socialiste militant, qui a été tout sauf socialiste et a longtemps dominé son paysage politique (depuis sa création en 1983, il a été au pouvoir pendant environ 27 ans sur trois périodes, la plus longue ayant duré de 2014 à aujourd’hui).

Les scandales récents, notamment les révélations d’écoutes téléphoniques de journalistes et d’opposants politiques menées par le gouvernement, ont révélé l’érosion des libertés civiles. Derrière l’image brillante d’une île paradisiaque se cache une profonde inégalité, de nombreux citoyens, en particulier les jeunes, étant confrontés au chômage, à la hausse du coût de la vie et à des opportunités limitées. Lors de ses élections générales de novembre 2024, le MSM a subi une défaite écrasante.

Cette défaite a ouvert la voie à un gouvernement de coalition formé par les forces de l’opposition, dont Rezistans ek Alternativ. Le cabinet a prêté serment quelques jours plus tard, et le leader de Rezistans ek Alternativ, Ashok Subron, a été nommé à un poste ministériel clé.

L’essor de Rezistans ek Alternativ, un mouvement progressiste et éco-socialiste, reflète une prise de conscience plus profonde au sein de la politique mauricienne. Formé en 2005, le mouvement s’est d’abord attaché à remettre en cause les divisions ethniques et communautaires ancrées dans la gouvernance du pays. Au fil des ans, il est devenu une force de la justice sociale et environnementale, gagnant en importance pour ses batailles juridiques contre la catégorisation ethnique en politique et sa mobilisation populaire lors de crises telles que la marée noire de Wakashio en 2020.

La présence du mouvement au sein du nouveau gouvernement n’est pas une résolution nette mais un test critique de la capacité des idéaux populaires à survivre aux compromis du pouvoir étatique. Alors que les classes dirigeantes du monde entier se tournent vers des impulsions réactionnaires, rejetant les alternatives de gauche comme irréalistes, Rezistans ek Alternativ offre un contrepoint important : il est possible de lutter pour un avenir ancré dans la justice et la responsabilité tout en refusant d’hériter des échecs du passé.

Ce qui se passera ensuite nous en dira beaucoup sur l’île Maurice et sur les limites et les possibilités politiques d’un changement significatif en Afrique australe. Dans une région aux prises avec l’épuisement des anciens paradigmes politiques, l’île Maurice n’est pas une réponse mais une question : que faut-il pour vraiment prendre un nouveau départ ?

Will Shoki

Source : https://africasacountry.com

Traduction automatique de l’anglais

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