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Emeutes au Mozambique contre la hausse des prix, six tués

D 1er septembre 2010     H 22:47     A Charles Mangwiro     C 0 messages


La police a ouvert le feu mercredi à Maputo sur des manifestants qui protestaient contre la cherté de la vie, tuant au moins six personnes dont deux enfants, a-t-on rapporté de sources policières et médicales.

Il s’agit des violences les plus graves enregistrées depuis 2008 dans cette ancienne colonie portugaise d’Afrique australe, l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Le gouvernement assure maîtriser la situation. "Nous avons invité tout le monde au calme et à la sérénité. Nous requérons la collaboration de chacun", a déclaré le ministre de l’Intérieur, José Pacheco, au micro de Radio-Mozambique.

Des responsables de police ont dit que les forces de l’ordre avaient tiré à balles réelles après s’être trouvées à court de balles en caoutchouc, mais un porte-parole de la police nationale a assuré devant la presse qu’elles n’avaient pas fait usage de balles réelles, indique l’agence portugaise Lusa.

La police a fait officiellement fait état de trois morts et confirmé la mort des deux enfants dans la banlieue de Mafalala. De sources médicales et policières, on avance un bilan d’au moins six morts.

Le président Armando Guebuza devrait prononcer à bref délai un discours à la nation au sujet des manifestations, selon Lusa.

Les manifestants étaient rendus apparemment furieux par une hausse de 30% du prix du pain entrée en vigueur mercredi.

Selon des témoins, des actes de pillage et de vandalisme ont été commis lors des troubles.

"LA GOUTTE D’EAU QUI FAIT DÉBORDER LE VASE"

"Il y a des pillages et du vandalisme. Des commerces, dont des succursales de banque, sont fermés dans le quartier central des affaires", a dit le porte-parole de la police.

Les Mozambicains disent souffrir de l’augmentation des prix des denrées de base, dont le pain, qui vient s’ajouter à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité.

"Le gouvernement a sous-estimé la situation et ne peut ou ne veut pas comprendre qu’il s’agit d’une révolte contre la hausse du coût de la vie", a déclaré Alice Mabota, directrice de la Ligue mozambicaine des droits de l’homme.

"La hausse du prix du pain et d’autres denrées de base n’est pas la cause des manifestations. Ce n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase", a-t-elle assuré à Lusa.

Le pays est très dépendant de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a enchéri ces derniers mois en raison de la hausse du rand.

"J’arrive tout juste à me nourrir", dit Nelfa Temoteo, une habitante du quartier populeux de Malhazine. "Je vais rejoindre les manifestants parce je suis scandalisée par l’envolée du coût de la vie."

En 2008, des "émeutes de la faim" contre la cherté de la vie et la hausse du prix de l’essence avaient déjà fait au moins six morts. Le gouvernement avait accepté de baisser le prix du diésel pour les taxis minibus.

Avec Henrique Almeida à Luanda ; Jean-Loup Fiévet, Marc Delteil et Philippe Bas-Rabérin pour le service français

Source REUTERs