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Mozambique : Des centaines de femmes et de filles ont été enlevées

D 5 janvier 2022     H 05:30     A Human Rights Watch     C 0 messages


Les combattants d’un groupe lié à l’EI devraient libérer les captives, et les autorités devraient renforcer l’aide aux survivantes

Un groupe armé lié à l’État islamique (EI) a enlevé et réduit en esclavage plus de 600 femmes et filles dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, depuis 2018, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les forces mozambicaines et régionales ont pu secourir certaines d’entre d’elles, mais un grand nombre de ces femmes et filles sont toujours portées disparues.

Ce groupe armé, Al Sunnah wa Jama’ah (ASWJ), est aussi connu localement sous le nom d’Al-Shabab. De nombreuses femmes et filles détenues, en particulier celles qui sont en bonne santé et certaines ayant une peau claire, ont été forcées à « épouser » des combattants (appelés « mashababos »), qui les ont ensuite soumises à une forme d’esclavage et à des abus sexuels. D’autres femmes et filles ont été vendues à des combattants étrangers pour des sommes comprises entre 40 000 et 120 000 meticais (600 à 1 800 dollars). Certaines femmes et filles enlevées, en particulier celles en provenance d’autre pays, ont fini par être libérées après que leurs familles eurent payé une rançon.

« Les dirigeants d’Al Shabab au Mozambique devraient immédiatement libérer toutes les femmes et les filles en captivité », a déclaré Mausi Segun, directrice de la division Afrique à Human Rights Watch. « Ils devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les viols et les abus sexuels commis par leurs combattants, mettre fin aux mariages forcés et aux mariages d’enfants, et faire cesser les enlèvements, la mise en esclavage ou la vente des femmes et des filles vivant dans les zones où Al Shabab mène des opérations. »

Entre août 2019 et octobre 2021, Human Rights Watch a mené des entretiens à distance avec 37 personnes, dont des femmes et filles qui avaient été enlevées, des proches de victimes, des experts en questions sécuritaires, ainsi que des représentants du gouvernement, tout en suivant la couverture médiatique de ces enlèvements. Selon ces sources, Al-Shabab a enlevé des femmes et des filles lors d’attaques menées dans divers districts de Cabo Delgado, notamment Mocímboa da Praia (en mars, juin et août 2020), et Palma (en mars 2021).

Une femme âgée de 33 ans a indiqué que des combattants d’Al-Shabab avaient agressé sa tante, une responsable municipale de la ville de Diaca, (district de Mocimboa da Praia), et l’avaient forcée, sous la menace d’une arme, à identifier de nombreuses maisons où vivaient des filles âgées de 12 à 17 ans. Cette femme a ajouté qu’au total, 203 filles vivaient dans ces diverses maisons, sans toutefois savoir si toutes ont ensuite été enlevées.

« Certaines mères suppliaient les combattants de les emmener, au lieu de leurs filles », a ajouté un homme âgé de 27 ans. « Mais l’un des mashababos a dit qu’ils ne voulaient pas de vieilles femmes qui avaient des enfants ou qui étaient malades. »

Les autorités mozambicaines et les partenaires internationaux et régionaux de ce pays, y compris la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), devraient renforcer l’aide aux femmes et aux filles qui ont pu être sauvées, a déclaré Human Rights Watch. Ce soutien devrait comprendre des services facilitant la réintégration et réadaptation de ces personnes dans la société ainsi que des soins complets après un viol.

Les autorités devraient aussi mener des enquêtes rigoureuses et poursuivre de manière appropriée les dirigeants et combattants d’Al-Shabab responsables d’enlèvements, de mariages d’enfants et mariages forcés, de viols et de violences sexuelles, de réduction en esclavage et d’autres crimes sexistes en violation du droit international et mozambicain.