Vous êtes ici : Accueil » Afrique centrale » Burundi » BURUNDI : il faut rompre avec le passé

BURUNDI : il faut rompre avec le passé

DÉCLARATION DU PARTI CNDD SUR LE CHANGEMENT DU POUVOIR À LA TÊTE DE L’ÉTAT DU BURUNDI

D 30 juin 2020     H 06:30     A Conseil National pour la Défense de la Démocratie (Burundi)     C 0 messages


1. Le parti CNDD suit avec attention les changements de façade en cours à la tête du pouvoir monolithique intervenus depuis le 18 juin 2020. Ces changements consacrent le maintient au pouvoir d’un parti unique qui contrôle seul sans partage tous les rouages de l’État depuis l’année 2005.

2. Comme le peuple burundais a pu le constater ces derniers mois , ces changements n’ont pas respecté les procédures démocratiques, raison pour laquelle toutes les institutions qui en sont issues de la base au sommet sont sous le contrôle total d’un seul parti sans autre forme de contre-pouvoir.

3. Pour toutes ces raisons, le parti CNDD n’attend rien de ces pseudo-changements dans le mode de gestion de l’État. De surcroît, le nouveau président lors de la prestation de serment s’est ouvertement inscrit dans la logique de gestion obscurantiste et calamiteuse du pouvoir de son prédécesseur. Il a même déclaré qu’il s’inspirera largement de ses méthodes et de son programme.

4. Le CNDD a toutefois repéré dans le discours du nouveau président quelques projets porteurs d’un peu d’espoir et qui semblent s’inspirer du programme du parti CNDD. il s’agit notamment de l’attention qu’il a porté à l’amélioration des conditions de vie des retraités, de la valorisation du Kirundi, notre langue nationale et celle de la culture burundaise, de même que le soutien à la recherche scientifique.

5. Mais, pour le CNDD, la santé de la population, menacée aujourd’hui par la pandémie du COVID-19 devrait être la priorité des priorités pour le moment. Paradoxalement, aucune mesure d’urgence n’a été annoncée par le nouveau président Evariste Ndayishimiye, contrairement à ce que font les autres pays. Nos compatriotes continueront de mourir de cette pandémie dans l’insouciance et la négligence totale des dirigeants. Le pays court le risque même d’être mis en quarantaine par les autres pays, ce qui portera préjudice à tous les citoyens burundais et au pays.

6. Le parti CNDD a été consterné d’apprendre de la bouche du nouveau président qu’il ne va en aucun cas tolérer l’opposition sous son mandat. Pareils propos montrent clairement qu’il s’inscrit dans la logique du pouvoir précédent d’imposer un parti unique que le peuple burundais a longtemps décrié et combattu avec détermination et succès.

7. Notre parti est habitué aux promesses non tenues du CNDD-FDD. Son prédécesseur ne cessait de promettre la corruption zéro ou l’éradication de la corruption tout en faisant de cette dernière son mode de gestion de gouvernement. Si les biens mal acquis et avoirs détournés sous le régime CNDD-FDD rentraient dans le trésor public, nul doute que les promesses annoncées seraient réalisées. Il suffirait que le nouveau président écoute attentivement les récentes révélations de Madame Denise Nkurunziza dénonçant les voleurs et criminels. Il devrait s’approcher de cette dernière pour débusquer où les prédateurs des biens et fonds publics ont caché leurs gros butins.

8. Pour que même les quelques bonnes mesures annoncées par le nouveau président soient réalisées, il doit d’abord rompre avec le double langage et s’inscrire résolument dans une logique de rupture avec le passé sombre qui a caractérisé le régime depuis 2005. Pour cela, il doit prendre des mesures courageuses d’apaisement notamment : – prendre des mesures urgentes et draconiennes adaptées aux réalités burundaises pour protéger la population contre la pandémie de COVID-19 – rétablir le calme et la sécurité dans le pays dont les indicateurs seront entre autres : la libération des prisonniers politiques, le retour de la sécurité sur toute l’étendue du territoire, le désarment des milices armées Imbonerakure de la jeunesse du parti au pouvoir, l’arrêt de la persécution des opposants politiques, redonner la parole au peuple burundais , la réhabilitation des médias et les radios détruites en 2015, la mise sur pieds d’une commission d’audit de l’État et d’enquête sur les biens mal acquis et les fonds publics détournés par les mandataires du pouvoir précédent, la réhabilitation de la constitution de 2005, la reprise du dialogue entre le pouvoir et l’opposition pour créer un climat de détente et de confiance mutuelle au sein de la classe politique et de la population.

9. Le parti CNDD va continuer à apporter sa contribution par son rôle classique d’opposition critique et responsable du régime dans l’intérêt bien compris du peuple burundais. Le nouveau Chef de l’État à une large marge de manœuvre légale et constitutionnelle pour amorcer des changements courageux de redressement rapide du pays tombé dans l’abîme depuis 2005. Armé d’une bonne volonté politique il pourrait le faire. De ce fait, la majorité du peuple burundais le soutiendra quels que soient leurs bords politiques, religieux ou régionaux.

Tugire amahoro, iteka n’iterambere

Fait à Bujumbura le 24 Juin 2020 Pour le Comité Exécutif du CNDD Léonard Nyangoma, président