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CAMEROUN : LETTRE OUVERTE DE L’UPC MANIDEM, SECTION DE FRANCE A LA DIASPORA

D 26 décembre 2022     H 06:00     A UPC     C 0 messages


Le 06 novembre 2022, le Président Paul Biya a célébré 40 ans de son règne à la tête de l’Etat du Cameroun. Cet anniversaire résume, en l’espèce, la destinée funeste que lui-même et ses éternels ministres, plus courtisans qu’acteurs politiques, plus flagorneurs à son égard qu’animés de sens du bien commun et de l’intérêt général, auront infligée à la quasi-totalité de nos compatriotes.

Pourtant, dans ses premières proclamations, Paul Biya laissait croire à un autre tournant de notre histoire. De plus, il bénéficia de la présomption d’ouverture d’esprit selon laquelle avec un « lettré des temps modernes » ayant, par ailleurs, voyagé vers des « cieux plus avancés », le pays allait connaitre un développement non plus autocentré, cher à son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, mais un développement tout court du Cameroun. Celui-là même qui s’inscrit dans la durée, intègre toutes les dimensions de la vie, sociale et économique.

Le nouveau Président jouissait d’un préjugé favorable dans presque toutes les couches sociales du Cameroun. Même les principaux dirigeants de notre parti l’UPC, dite L’UPC-MANIDEM aujourd’hui, en lutte dans la clandestinité, n’auront exprimé aucun a priori négatif à son endroit.

Mais tout le monde aura déchanté très vite après la tentative de putsch manqué du 06 avril 1984 organisé par les partisans de l’ancien Président A. Ahidjo. Cette secousse va entrainer une répression féroce contre des ressortissants du nord du pays.

Appelé donc aux affaires par le Président Ahidjo pour lui succéder le 06 novembre 1982, Paul Biya était Premier ministre en fonction depuis 1975. Il ne passera pas par un scrutin électoral pour devenir Président de la République du Cameroun. Nous sommes en plein règne d’un régime d’exception où l’accession au pouvoir ne s’embarrasse pas d’un quelconque filtre électoral pour revêtir le récipiendaire, d’un poste politique suprême, d’une forme de légitimité populaire laquelle lui conférerait une relative liberté d’action pour défendre l’intérêt général.

Cependant, les notions de « Rigueur et Moralisation » dans la gestion publique étaient devenues des leitmotivs qui ponctuaient les déclarations de Paul Biya ; de même en politique en déclarant que « Il n’est plus besoin de prendre le maquis pour exprimer ses idées ». Ces mots d’ordre n’étaient pas prononcés au hasard ; c’est très probablement avec son expérience au gouvernement, en qualité d’ex Premier ministre, qui l’avaient conduit à se gargariser de ces thématiques et formulations.

Toutefois, il faut mettre au crédit de Paul Biya une politique dynamique d’octroi de bourses d’études aux étudiants ainsi que des aides ponctuelles à ceux des étudiants non boursiers.

En outre, il décida, au bas mot, de l’embauche de 1 500 diplômés de l’enseignement supérieur, avec un niveau de recrutement allant de la licence au doctorat de 3ème cycle. Ce sont-là de rares aspects positifs de sa politique tout au début de son avènement à la magistrature suprême.

Mais, en dépit de la création d’un nouveau parti, le RDPC, celui-ci ne marque pas de rupture dans ses orientations avec son ancêtre l’UNC. D’autant que ce sont les mêmes cadres qui y sont recyclés. C’est pourquoi, non seulement aucune impulsion efficace dans l’intérêt des Camerounais(e)s n’a été donnée mais, au contraire, une forte pression continue de s’exercer sur les populations et des secteurs de l’opinion et vise à étouffer toute velléité de liberté d’expression.

Sinon, au plan institutionnel par exemple, pour illustrer ce qui précède, il convient de relever que dans le préambule de la Constitution de 1996, composé de 26 alinéas, un certain nombre de garanties des droits sont énoncées. Mais à l’épreuve des faits, ces garanties ne sont pas pour autant assurées aux citoyens ou groupes de citoyens. Il suffit, par exemple, de tenter d’établir la comparaison entre les termes des alinéas 16 et 15. Pour l’alinéa 16 : « La liberté de communication, la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté de réunion, la liberté d’association, la liberté syndicale et le droit de grève sont garantis dans les conditions fixées par la loi ». Dans la réalité, il s’avère tout simplement que ces libertés ne sont guère exercées par nos concitoyens, conformément aux termes de cet alinéa.

De plus, cet alinéa comporte une extension qui ajoute à la confusion du citoyen camerounais avec des libertés et droits garantis « dans les conditions fixées par la loi ». Alors que le libellé de l’alinéa 15 énonce que « la liberté du culte et le libre exercice de sa pratique sont garantis », et ne souffre aucune ambiguïté
dans son application. Quelle conclusion en dégager au vu du libellé des deux alinéas ?

Elle apparaît simple ; car d’un côté l’alinéa 16 est subordonné aux conditions fixées par la loi alors que de l’autre côté, l’alinéa 15, lui, s’applique de plein droit. En d’autres termes, les prétendues garanties des droits en faveur des libertés publiques dans l’alinéa 16 sont diluées dans une disposition législative qui n’aurait pas d’autre objectif que de limiter leur portée. Voilà une illustration de ce que les dispositions en matière de libertés publiques posées par la loi fondamentale de 1996 contiennent en elles-mêmes les limites à leur exercice par les citoyens camerounais.

L’autre exemple le plus sidérant est celui de l’absence systématique de réunion du Conseil des ministres ou conseil ministériel alors que la Constitution ne cesse d’y faire référence dans certains alinéas de l’article 34. A travers cette lacune, il apparaît que le régime de Paul Biya n’accorde que peu d’importance aux dispositions de la Constitution.

Alors que le conseil des ministres demeure l’instance à travers laquelle les membres du Gouvernement doivent lui rendre compte de l’état d’avancement de leur mission.
De surcroît, dans une situation idéale, c’est le moment où les collègues du Gouvernement communiquent collectivement sur les difficultés rencontrées dans leurs actions sur le terrain.

Enfin, la Constitution de 1996 a malheureusement consacré la logique du « fait du prince » à l’initiative de Paul Biya, s’agissant du mode de désignation de certains membres des pouvoirs publics à l’image des membres du Sénat créé à cette occasion.

Composé de 100 membres,Paul Biya s’octroie le privilège de nommer 30% des sénateurs. Dès lors, il paraît évident que le Sénat sert d’abord de reclassement politique pour des caciques du RDPC. Car son existence ne fonde sa justification ou sa légitimité sur aucun lien organique avec les collectivités territoriales. De plus, ce Sénat reflète la simple transposition de la quasi-totalité du modèle institutionnel français sur le projet constitutionnel du Cameroun, mais avec la pratique de l’arbitraire en prime.

Faut-il rappeler que le Sénégal avait supprimé son Sénat en raison de la forte disproportion entre ce qu’il coûtait aux contribuables sénégalais et les avantages qu’il leur procurait ? Pour les Sénégalais(e)s le choix était vite opéré en 2012.

C’est la raison pour laquelle, notre parti, l’UPC-MANIDEM, dispose d’un programme politique qu’il souhaite faire connaitre à l’ensemble de nos populations. Il inscrit son projet institutionnel dans une logique de transparence. C’est ainsi, par exemple, que nous proposons un code électoral qui rompt radicalement avec Elecam. Lequel pense avoir trouvé la « potion magique » avec son système biométrique pour les élections alors que ce dernier va tout aussi perpétuer la fraude au bénéfice du RDPC, comme en son temps ONEL. C’est pourquoi notre parti a élaboré les six points suivants pour un système électoral crédible :

 Mise en place d’une commission électorale nationale indépendante (CENI)
 Inscription d’au moins 12 millions de personnes sur les listes électorales avec remise immédiate de la carte d’électeur
 Instauration de la majorité civile à 18 ans
 Instauration de l’élection présidentielle à 2 tours
 Possibilité d’être candidat sans être présenté par un parti politique
 J’ai oublié le dernier point, malgré une recherche sur Internet.

Ce qui montre que nos propositions, en l’espèce, ne sont pas encore suffisamment connues. Par conséquent j’invite les camarades qui s’en souviennent de bien vouloir compléter.

L’UPC-MANIDEM souhaite faire connaitre ses propositions quand elle accèdera au pouvoir, seule ou en alliance. Pour relever le défi il faudra s’engager dans la reconstruction, nécessitant une période de transition. Durant cette période, il faudra créer un cadre juridique et politique permettant aux forces patriotiques et démocratiques, désormais au pouvoir, d’appliquer leurs propositions que le peuple aura acceptées. L’UPC-MANIDEM au pouvoir, seule ou en alliance, luttera pour tout accord avec un pays (ou groupe de pays) étranger qui ne rapportera rien de bon au Kamerun, soit remis en cause, par voie de négociation dans toute la mesure du possible. Par la suite, tout nouvel accord important devra, avant sa signature par le Kamerun, être expliqué au peuple et faire l’objet d’un débat public. Au cours d’un tel débat, la liberté sera donnée à ceux qui l’approuvent comme à ceux qui s’y opposent, de défendre leur point de vue devant tout le pays.

Tous les deux mois, la Section de France de l’UPC-MANIDEM continuera à faire le bilan et à décliner ses propositions.

UN AUTRE CAMEROUN EST POSSIBLE, UNE AUTRE AFRIQUE AUSSI !

Pour la Section de France de l’UPC-MANIDEM,

Augusta Epanya et Samuel Titi Dingong.

Paris le 13 décembre 2022.