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SUR LES FÉMINICIDES AU CAMEROUN

D 25 avril 2023     H 05:30     A Cameroon people’s party (Cpp)     C 0 messages


En ce 18 Avril 2023, selon le compte Twitter @feminicides237, 18 femmes ont été assassinées au Cameroun depuis le début de l’année. Dans un pays normal, il y aurait eu un tollé, des enquêtes spéciales et des commissions d’urgence organisées.
Au Cameroun, géré par le régime Biya, c’est le silence total. Pas même un communiqué pour saluer la vie de ces femmes !

C’est incontestable. Alors que notre pays s’enfonce dans la crise sur les plans économique, politique et social, les femmes en paient le prix fort.

D’une part, le travail des féministes camerounaises est remarquable à observer. Elles se sont imposées, sont visibles, actives et s’expriment dans le domaine public.
Aujourd’hui, elles sont l’un des groupes importants qui façonnent l’avenir de notre pays. Elles sont le seul groupe à fournir des services minimaux aux victimes, dans la mesure où leurs maigres ressources le leur permettent.

D’autre part, comme pour la quasi-totalité des politiques publiques au Cameroun, il est désespérant de constater, une fois de plus, l’absence totale de services et de sécurité mis à la disposition des femmes camerounaises en danger. Même après l’assassinat de femmes, souvent par leur conjoint ou compagnon, les forces de l’ordre et de sécurité semblent incapables d’apporter une quelconque forme de justice aux femmes et à leurs familles.

Au cours des trois premiers mois de 2012, une cinquantaine de femmes ont été violées dans la ville universitaire de Soa, ce qui laisse penser qu’un ou plusieurs violeurs en série opèrent dans la région. Les autorités n’ont jamais mené d’enquête sérieuse et personne n’a été inculpé pour ces crimes.
Le 30 janvier 2013, une délégation du Cameroon People’s Party - CPP s’est rendue à Mimboman, à environ 10 km de la Présidence de la République du Cameroun. Au cours du seul mois de janvier, 15 femmes avaient été tuées et leurs corps mutilés dans ce seul quartier. Pas un seul représentant du gouvernement n’avait rendu visite aux habitants du quartier.

Alors que nous étions assis et que nous parlions avec les habitants de Mimboman, le sous – préfet local a eu vent de notre présence et est venu interrompre notre visite. Des dizaines de citoyens l’ont hué à son arrivée, soulignant que, bien que son bureau soit situé à quelques centaines de mètres, il n’avait jamais pris la peine de venir voir ce qui se passait à Mimboman, malgré les multiples meurtres, jusqu’à ce qu’il apprenne qu’un leader de l’opposition était sur le terrain.

Après cette visite plutôt tumultueuse à Mimboman, nous avons fait une déclaration en tant que CPP, dont les éléments clés sont malheureusement toujours d’actualité, dix ans plus tard. A savoir :

🔹 La lenteur et le manque de sérieux des autorités gouvernementales qui attendent des semaines, voire des mois, avant d’élaborer un plan d’action clair, alors que les crimes se poursuivent.
🔹 L’abandon des citoyens par l’État dans des conditions où même les besoins les plus élémentaires ne sont pas satisfaits, notamment une communication publique claire, des conditions de sécurité de base telles que l’éclairage public, l’aménagement des routes, l’accès rapide aux services de police, etc.
🔹L’attitude condescendante et méprisante de tous les hauts fonctionnaires, y compris le Président de la République, qui organisent des cérémonies et des fêtes (dont beaucoup sont tout à fait futiles) pendant que des citoyens sont assassinés, sans adresser un mot aux victimes et à leurs familles, ni aux Camerounais traumatisés par la montée de l’insécurité.
🔹 L’absence totale de soutien psychosocial aux victimes, aux quartiers traumatisés, même pas pour les survivants de viols ou de tentatives de meurtre.
Aujourd’hui, alors que nous lisons quotidiennement des récits de féminicides, nous sommes reconnaissantes au réseau de féministes qui prononcent les noms des victimes et appellent à l’action. Nous sommes encore plus profondément consternées par l’absence d’action gouvernementale, ce qui ne signifie qu’une chose : En tant que Camerounais, tous nos problèmes sont liés et trouvent leur origine dans un État dysfonctionnel, corrompu et violent.

Pour trouver des solutions à nos problèmes, nous devons nous attaquer à leurs causes profondes, ce qui commence par la fin du régime actuel et la mise en place d’une transition politique.
Il est temps pour chacun d’entre nous de s’engager dans l’action pour réaliser la transition politique.
Même si nous nous engageons à trouver une solution définitive à un grand nombre de problèmes du Cameroun, nous devons continuer à être exigeant vis – à – vis du régime Biya tant qu’il reste au pouvoir et tant que leurs salaires sont payés par nos impôts.

Le directeur général de la sureté nationale, le ministre de la justice, le premier ministre et le président de la République doivent prendre des mesures immédiates :

*1- METTRE UN ACCENT SUR LA PRÉVENTION*
▶ Mettre en place une ligne d’assistance téléphonique pour les femmes qui se sentent en danger, afin qu’elles puissent obtenir une aide immédiate, en particulier lorsqu’il s’agit d’un conjoint ou d’un compagnon, car c’est par lui que les femmes sont le plus souvent tuées.
▶ Déployer au moins un centre de lutte contre la violence à l’égard des femmes dans chacune de nos 360 municipalités. Les grandes villes devraient en avoir plusieurs. Ces centres devraient fournir des conseils, une protection, une aide juridique, une assistance médicale, des services de santé mentale, etc. Ces services existent déjà dans tout le pays. Trouver des locaux gouvernementaux inutilisés, réunir des fonctionnaires ayant ces compétences, leur donner un budget pour fonctionner et aider à sauver les femmes.

*2- GARANTIR LES POURSUITES*
✔ Former TOUS les policiers à la violence à l’égard des femmes et créer des unités spéciales chargées de lutter contre ce crime. Ces unités spéciales devraient accélérer et améliorer les enquêtes tout en apportant un soutien aux victimes et à leurs familles. Les meurtres de femmes doivent être punis.
✔ Mettre en place des services spéciaux dans les tribunaux pour traiter et accélérer les crimes de violence à l’égard des femmes. Dans le monde entier, les techniques et les systèmes de services juridiques pour les victimes de la violence à l’égard des femmes sont connus. Apprenez des autres pays et agissez rapidement.

*3- CHANGER LA CULTURE*
▪ Aujourd’hui, au Cameroun, il est socialement acceptable de battre et de violenter une femme. Il incombe au gouvernement de rendre cette pratique socialement inacceptable et de lui faire subir de graves conséquences négatives. Le gouvernement doit mener des campagnes de communication depuis les écoles maternelles jusqu’à l’enseignement supérieur et dans tous les secteurs de la société, pour faire savoir que la violence à l’égard des femmes n’est pas camerounaise et qu’elle fera l’objet de poursuites.

▪ En tant que premier employeur du Cameroun, le gouvernement doit mettre en place des politiques et des procédures strictes pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Cela concerne les pratiques d’embauche et de promotion, le harcèlement sexuel sur le lieu de travail et les règles applicables aux contractants du gouvernement.

Il ne s’agit là que de quelques idées clés. Les féministes camerounaises et les Camerounais en général en ont d’autres. Il est possible d’arrêter les meurtres de femmes et d’endiguer la violence à l’égard des femmes au Cameroun.
Faites-le, c’est tout !

*KAH WALLA*
*Présidente du CPP*