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Analyse venant du Congo

André Nzinga

D 31 décembre 2018     H 00:43     A André Nzinga     C 0 messages


Bonjour,

Veuillez recevoir cet essai d’étude sur la Bourgeoisie Bureaucratique Compradore de l’exemple Congolais. Nous saluons cet effort rétrospectif analytique et attendons la suite. Il est en effet important de renouer avec l’effort d’analyse matérialiste dialectique dans cette seconde phase de la lutte de libération nationale des peuples, pays, Etats d’Afrique.
Nous joignons à ce document nos propres analyses datant de 1999/2000 sur l’expérience des luttes d’alors dans les Grands Lacs et en particulier le grand Congo de Lumumba, Mulélé, LD Kabila pour rappeler ce que disait justement Frantz Fanon : "l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se situe au Congo".
Bonne année 2019 de santé et de luttes victorieuses.

ROLES DE CREATION DE LA BOURGEOISIE BUREAUCRATIQUE COMPRADORE AU CONGO

INTRODUCTION

L’intérêt de cette étude réside en cette thèse : il est question de montrer et de démontrer pourquoi et comment la bourgeoisie bureaucratique compradore (en sigle BBC) a toujours été vouée à toujours jouer des rôles déterminants dans la politique du Congo, depuis son indépendance jusqu’à nos jours. Il est encore question de décrire ces rôles et de montrer leurs impacts dans le destin historique du peuple congolais. Qu’est-ce que la BBC ? Qui l’a créée ? Pourquoi doit-elle toujours être recomposée dans l’évolution historique du Congo ? On ne peut répondre à ces questions sans passer au préalable par l’analyse des classes sociales au Congo. Pour bien comprendre les réalités sociopolitiques et économiques du Congo, il faut d’abord et toujours recourir à l’analyse des classes sociales qui se sont formées au Congo, à différentes périodes de l’histoire du peuple congolais (de l’époque coloniale à nos jours). Mais pour comprendre le sens des événements sociohistoriques arrivés au Congo, il faut analyser comment (suivant quels rapports de force) ces classes sociales y ont toujours été en lutte, et y sont toujours en lutte, et quelles formes de lutte elles prennent à chaque période de l’histoire du Congo. Il faut ensuite identifier les membres actifs des classes sociales collaboratrices du colonialisme ou du néocolonialisme, choisis et injectés tour à tour aux pouvoirs politico-économiques, par les colonialistes (avant l’indépendance), et par les impérialistes (après l’indépendance). Il faut enfin, décrire leurs diverses et spécifiques manœuvres politiques et économiques par rapport aux intérêts des exploiteurs du peuple congolais. Le Congo étant perçu par les capitalistes, comme une région d’Afrique à exploiter pour les immenses richesses naturelles de son sol et de son sous-sol, il fallait y créer une colonie d’exploitation et non de peuplement. L’EIC et le Congo belge ont été des terrains d’exploitation des richesses naturelles que les impérialistes avaient ciblés pour enrichir les pays occidentaux intéressés à l’EIC, et ensuite pour enrichir de plus en plus la Belgique et les USA, après l’abolition de l’EIC. Pour cette politique Léopold II a fait installer dans l’EIC les bourgeois coloniaux de différents pays (détenteurs de capitaux), appuyés par l’Eglise catholique. Les agents occidentaux de l’administration de Léopold II devaient être alliés à ces bourgeois. Au Congo belge, les mêmes acteurs ont été placés sur les échiquiers politiques et économiques, mais en dépendant cette fois-ci du gouvernement belge, et non comme avant, de la personne de Léopold II. Pour contre toute tentative d’insurrection ; Léopold II créa un organe de répression, la Force Publique composée de soldats congolais et Haoussa, mais dirigée par les officiers belges.

I. LES CLASSES SOCIALES AU CONGO AVANT INDEPENDANCE Bien que les classes sociales se forment selon les modes de production, on doit toujours savoir qu’elles se consolident et se maintiennent toujours en nouant certaines alliances entre elles selon des intérêts communs, et se trouvant des alliées provisoires ou définitifs. Avant l’indépendance du Congo, c’est la grande bourgeoisie coloniale (surtout belge mais alliée aux autres grandes bourgeoises occidentales) qui a dirigé la politique et l’économie du Congo (EIC, et Congo belge). Pour asseoir son autorité cette grande bourgeoisie coloniale possédant les grandes Entreprises agricoles et minières, et les banques – s’est alliée aux hauts fonctionnaires coloniaux formant une petite bourgeoisie coloniale. Elle a aussi noué des alliances secondaires, provisoires et de circonstance (par corruption) avec l’aristocratie locale des royaumes du Congo, et l’Eglise chrétienne (surtout catholique). La paysannerie du Congo était forcée à travailler dans des travaux forcés de l’agriculture. Les jeunes hommes arrachés de force de leurs villages étaient soumis aux travaux forcés de constructions de routes, de voies ferrées, et d’exploitation des mines (UMHK, et M. de Bakwanga, Kilo Moto etc.), et aux travaux forcés d’Entreprises agricoles, en devenant du même coup des ouvriers peu qualifiés. Le prolétariat était composé de quelques ouvriers qualifiés - alliés aux ouvriers peu qualifiés - étaient formés par les colonialistes pour travailler dans des usines de mines et d’agriculture de différentes provinces. Ce prolétariat était encore allié aux petits fonctionnaires congolais (commis de l’Etat, enseignants, agents de la santé publique et de l’agriculture etc.)

En conclusion, avant l’indépendance, les classes sociales étaient les suivantes : 1. La Grande bourgeoisie coloniale alliée à la petite bourgeoisie coloniale, et à l’Eglise Catholique 2. Petite bourgeoisie coloniale. 3. Aristocratie locale 4. Paysannerie. 5. Prolétariat allié aux agents congolais d’administration coloniale, et aux chômeurs de villes. Les collaborateurs des bourgeois colonialistes recrutés par ordre du roi de Belgique étaient le clergé occidental, les policiers et les soldats de la Force Publique (FP), et les commis congolais ou agents de renseignement formés pour la sûreté, la police et l’armée. La petite bourgeoisie congolaise n’a pratiquement pas existé au Congo belge. Les ‘’Evolués’’ qui pouvaient la former non seulement avaient un salaire dérisoire, mais étaient divisés selon leurs divers intérêts, et ne pouvaient se constituer en force politique faute de partis politiques (partis interdits avant 1959). Ils devaient se contenter d’être des collaborateurs instruits (mais asservis, aliénés) de l’ordre colonial, et ne pouvaient s’organiser en classe sociale autonome. C’est eux qui deviendront plus tard à l’indépendance, soit membres de la BBC, soit membres de la petite bourgeoisie locale, et qui formeront plus tard des partis politiques (sans pour autant avoir tous une vraie formation idéologique et politique).

II.LA FORMATION DE LA BOURGEOISIE BUREAUCRATIQUE COMPRADORE INJECTEE PARMI LES AUTRES CLASSES SOCIALES, A L’INDEPENDANCE, ET APRES L’INDEPENDANCE DU CONGO

Dans le camp des ex-colonialistes restés au Congo après l’indépendance, la classe sociale qui fut très influente -bien que minoritaire- était la Grande Bourgeoisie néocoloniale possédant les grandes Entreprises minières et agricoles, et les banques. La première classe sociale congolaise importante aux yeux des ex-colonialistes a été et est toujours la bourgeoisie bureaucratique compradore (BBC). C’est une bourgeoisie locale ne possédant aucun capital, aucune Entreprise à gros capital pouvant contribuer au développement économique du pays. Elle a été au départ créée par les colonialistes juste à l’indépendance (début 1960). Ses membres choisis par les Occidentaux capitalistes, ont été destinés à occuper de hauts postes politiques et administratifs de l’Etat en vue de s’enrichir - par corruption - et en vue de servir les intérêts des puissances étrangères impérialistes, et non pour servir les intérêts du peuple congolais. La BBC a toujours été enrichie, après l’indépendance – par des dirigeants congolais, sur conseil des impérialistes – par le recrutement sélectif d’autres membres sur base d’une attitude antisocialiste, et anti-progressiste que chaque membre devait adopter. Elle est minoritaire au sein de la population, et règne au gouvernement et au parlement au mépris des intérêts des masses populaires majoritaires. Les alliés de la BBC seront recrutés dans les organes de répressions (service de sûreté, police et armée). Cette mission lui avait été confiée par les puissances impérialistes, dès sa création, pour garantir les intérêts (économiques, et hégémoniques) de celles-ci. Ses stratégies ont toujours été celles de porter et de maintenir au pouvoir politique les membres de cette bourgeoisie, de contrer et d’étouffer au Congo toute influence politique de type socialiste ou progressiste. Pour continuer à exploiter et à opprimer le peuple congolais – pour les intérêts des puissances étrangères -, la BBC devait empêcher, à tout prix, l’éclosion au Congo, de tout régime politique de tendance socialiste ou progressiste, et quelle que soit son origine. Les événements sociopolitiques et historiques survenus au Congo montrent qu’à chaque période de l’histoire de ce pays, la recomposition de cette bourgeoisie a dû toujours se faire et se refaire selon les orientations des puissances impérialistes occidentales (des USA, de la Belgique, de la France, et du R-U). Il y a lieu de montrer encore dans cette étude, en quoi et pourquoi cette recomposition a souvent été réalisée avec succès, malgré quelques failles imprévues. Pour réaliser facilement ses tâches de collaboration, cette bourgeoisie a toujours réussi à se créer ou à se donner –grâce à la corruption- des alliés internes et externes, et a toujours monté diverses tactiques d’alliances pour se maintenir au pouvoir au Congo. La deuxième classe sociale congolaise majoritaire est la paysannerie. Imposante sur le plan démographique, mais étant composée par des hommes peu instruits ou non instruits, elle a toujours été la moins conscientisée sur le plan politique et économique. La troisième classe sociale – qui d’ailleurs est la mieux conscientisée pour les problèmes socioéconomiques et politiques- composée d’ouvriers est le prolétariat. Cette classe sociale est alliée aux chômeurs instruits de villes, aux étudiants, et aux agents de l’administration publique de différents secteurs (Enseignement, santé publique, et autres). La quatrième classe sociale –qui est aussi consciente de sa position politique changeante- est la petite bourgeoisie faite de hauts fonctionnaires de l’Etat, et d’agents de professions libérales (juristes, médecins, ingénieurs, et autres). Cette petite bourgeoisie locale sera alliée au clergé, et aux commerçants locaux possédant de petites et moyennes Entreprises. C’est une classe sociale peu constante dans ses positions politiques, car beaucoup de ses membres souhaitent souvent de faire partie, dès que possible, de la BBC. A l’indépendance du Congo, craignant de perdre leurs intérêts économiques dans un Congo souhaitant s’autodéterminer politiquement et économiquement, les colonialistes et candidats néocolonialistes ont décidé de former une bourgeoisie bureaucratique compradore, formée à Léopoldville (Kinshasa) et dans des provinces. A Kinshasa, cette bourgeoisie bureaucratique compradore sera baptisée ‘’le groupe de Binza’’ composé par les collaborateurs congolais de l’administration coloniale. Ces collaborateurs ont été corrompus pour défendre les intérêts des puissances étrangères et impérialistes. Nature de ces corruptions, des salaires de loin supérieurs aux salaires des autres travailleurs congolais, et des postes politiques dans un régime néocolonial à installer au Congo indépendant. Leurs noms sont bien connus des historiens du Congo. Pour le groupe de Binza de Léopoldville, on citera Joseph Kasa-Vubu, Joseph Mobutu, Marie-Justin Bomboko, Albert Delvaux, Diomi Gaston, Bolikango, Albert Ndele, Victor Nendaka, Marcel Lihau, Jonas Mukamba, Cyrille Adoula, et Cléophas Kamitatu. Dans la province minière du Katanga, on notera les noms suivants : Moise Tshombe, Godefroid Munongo, Kibwe. Au Kasai, on notera les noms d’Albert Ngalula, et de Kalonji Ditunga, et Mulopwe. Les impérialistes devaient utiliser ces agents pour maintenir le Congo sous influence des impérialistes, et empêcher à tout prix la pénétration au Congo des pays du bloc de l’Est. Aux approches de l’indépendance, quelques personnalités plus ou moins politisées par les leaders progressistes africains - conscientes des dangers qu’allait courir leur pays qui menacé de continuer à être soumis au néocolonialisme - prendront une route différente de celle empruntée par les membres de la bourgeoisie bureaucratique compradore. Ces personnalités de tendance progressiste formeront (sous l’impulsion de Lumumba) le cartel des nationalistes dont le noyau dur était le parti politique de Lumumba (MNC-L). Leurs noms et partis seront les suivants : P. E. Lumumba, Christophe Gbenye, Gaston Soumialot, Olenga, Muzungu, Finat, Okito, Mpolo (MNC-L), A.Gizenga, Pierre Mulele (PSA), Janson Sendwe, Laurent Désiré Kabila (Balubakat), et Kasahamura (CEREA). Après l’indépendance, Suite à diverses répressions sanglantes, ce cartel nationaliste évoluera au Congo d’abord sous forme de rébellions, et ensuite sous forme de mouvement révolutionnaire en exil au Congo Brazzaville, en Tanzanie, et en Égypte. Pendant que ce cartel nationaliste sera pendant plusieurs décennies, écarté du pouvoir, la BBC maintenue au pouvoir par les puissances étrangères, se recomposera à chaque occasion utile, et installera au Congo, pendant plusieurs décennies - sans l’avis du peuple congolais, mais sous ordre des puissances étrangères impérialistes – plusieurs régimes et gouvernements de même nature ou de même système politique et économique (néocoloniaux).

ATTITUDE DE LA BBC A DIFFERENTES PERIODES DE L’HISTOIRE DU CONGO

Pour trouver des explications aux événements se produisant au Congo, on doit poser ces questions incontournables : Qui a fait quoi ? Pourquoi l’événement est arrivé ? Pourquoi, par qui, et pour qui l’événement s’est produit ? Pour l’intérêt de qui il s’est produit à la fin (à qui a profité l’événement) ?

Avant l’indépendance, la BBC (moyennant la corruption) a milité pour le retardement de l’indépendance. Bolikango et compagnie appuyaient le plan d’une opinion belge (selon le plan de Van Bulsen) prévoyant l’indépendance après vingt ans de préparation, soit vers les années quatre-vingt au vingtième siècle (1985). Pourquoi ? Eh bien, parce que les Belges voulaient gagner du temps pour pouvoir continuer à exploiter les richesses du Congo le plus longtemps possible. Tshombe (corrompu à son tour) sera non seulement du même avis, mais pensera même à la création d’un autre Etat qui serait après indépendance, multiracial. Les avènements majeurs de cette période du Congo belge seront : L’insurrection populaire du 04/01/1959, à Léopoldville, et la Table Ronde de Bruxelles (ne s’occupant que des problèmes politiques, et non des problèmes économiques). Ce dernier événement (qui prit chez les Congolais la forme d’un mouvement politique) contenait la revendication à l’indépendance du peuple congolais, exprimée par tous les leaders politiques congolais, mais sans distinction des classes sociales. Le rôle des alliés des colonialistes belges, recrutés par la sûreté belge, s’est focalisé, pendant cette période, sur la trahison : Parmi eux, Mobutu, Nendaka, Delvaux étaient chargés de surveiller Lumumba et les membres du cartel nationaliste. Il fallait les empêcher de multiplier les contacts avec les progressistes Africains (Nasser, Kwame Nkrumah, Sekou Touré, Modibo Keita).

A l’indépendance du Congo (1960). Les événements importants de cette période étaient les suivants : Indépendance politique du Congo. Discours révolutionnaire et anti-impérialiste de Lumumba à la cérémonie officielle de la proclamation de l’indépendance du Congo à Léopoldville, devant le roi des Belges Baudouin premier. Insurrection des soldats congolais de l’Armée nationale congolaise, Sessions Katangaise et kasaienne. Révocation du premier ministre Lumumba et des autres ministres nationalistes par Kasa-Vubu. Neutralisation (apparente) de Kasa-Vubu et de Lumumba par Mobutu (sur injonction des impérialistes belges et américains). Installation des Commissaires Généraux recrutés dans la BBC.

Il fallait installer au Congo un régime néocolonial. Malgré l’élection de Kasa-Vubu à la présidence de la nouvelle République, la présence de Lumumba à la tête du gouvernement hétéroclite, en tant que premier ministre, inquiéta sérieusement les impérialistes d’autant plus que le cartel nationaliste était majoritaire au parlement. Pour maintenir le Congo sous influence impérialiste, il fallait balayer le gouvernement nationaliste et le parlement à prédominance nationaliste. La BBC se mit à diaboliser, aux yeux du peuple, Lumumba, en prétendant qu’il était un communiste, et qu’il voulait imposer le communisme au Congo, en y faisant venir les communistes, en vue d’y installer un totalitarisme inhumain du type stalinien appelé à supprimer au Congo la propriété privée. Conformément au plan prévoyant de supprimer au Congo un gouvernement progressiste, Kasa-Vubu révoqua, après trois mois d’indépendance, le premier ministre et autres ministres nationalistes. Voyant que la révocation ne suffisait pas pour éviter tout danger de menace communiste, il fallait assassiner les nationalistes du Congo. Et sur ordre des impérialistes (belge et américain), on les assassina tour à tour grâce aux collaborations des membres du groupe de Binza et des membres de la BBC du Katanga et du Kasai. Leurs noms sont connus : Lumumba, Mpolo, Okito, Muzungu, Finat, etc. Ceux qui échapperont à l’assassinat, par l’exil à l’étranger, n’auront plus espoir de revenir au Congo tant qu’y sera maintenu un régime néocolonial.

Après l’indépendance Les avènements suivants se produisent au Congo : Élimination de la scène politique du gouvernement à majorité nationaliste de Lumumba. Installation d’un régime politique néocolonial au Congo, à Léopoldville, où seront imposés tour à tour divers gouvernements néocoloniaux toujours composés et recomposés par les membres de la BBC (Kasa-Vubu, Ileo, Bomboko, Adoula, Delvaux, Ndele, etc.). En réaction contre l’oppression dirigée contre le cartel nationaliste, il y aura constitution d’un gouvernement nationaliste à Stanleyville (dirigé par Gizenga et collaborateurs nationalistes, 1961-1962), Création du CNL (Conseil national de Libération) des nationalistes en exil à Brazzaville, et Insurrections armées à l’Ouest et à l’Est du Congo (1963-1966). Coup d’Etat militaire de Mobutu (1965). Dictature de Mobutu (1965-1997). Insurrection armée de l’AFDL dirigée par LD Kabila (1996-1997), et installation à Kinshasa d’un gouvernement nationaliste de LD Kabila (1997-2001). Assassinat de LDK (2001). Dictature de Joseph Kabila (2001-2018).

De 1960 à 1997, les impérialistes multiplieront les stratégies pour la recomposition permanente ou continue de la BBC au Congo, vouée toujours à garder le pouvoir politique, sans pourtant avoir et un quelconque pouvoir économique pouvant développer le Congo. Sous injonction des puissances étrangères impérialistes, la BBC éliminera de la scène politique le gouvernement de Lumumba, et installera ses membres dans des gouvernements qui se suivront à Kinshasa. Ils installeront des régimes néocoloniaux d’abord de Kasa-Vubu, et ensuite de Mobutu, qui installeront différents gouvernements réactionnaires composés par des ministres issus de la BBC. Le gouvernement nationaliste de Gizenga, installé à Stanleyville ne fera pas long feu après le piège du Conclave de Lovanium pendant lequel, la duperie orchestrée par la BBC attirera Gizenga à Kinshasa au nom d’une prétendue réconciliation nationale (qui en réalité n’aura pas lieu). Ce piège finira par balayer ce gouvernement nationaliste, et enverra Gizenga à la prison de Bula Mbemba, pendant que certains autres nationalistes s’exileront à Brazzaville, et que d’autres seront tués à Kinshasa, à Kisangani, et à Bakwanga. C’est à partir de Brazzaville que naîtra le CNL, qui enverra, pour organiser et réaliser des insurrections armées, des révolutionnaires nationalistes au Kwilu (par Mulele et compagnons), et à l’Est du pays - Kivu, Nord Katanga, et province Orientale – (par Gbenye, Soumialot, et LD Kabila). Une fois de plus les puissances étrangères impérialistes enverront des mercenaires auprès de la BBC pour appuyer l’armée de Mobutu en vue de balayer les insurrections armées produites au Congo.

En 1965, une dictature sera installée au Congo, par le coup d’Etat militaire monté par Mobutu contre Kasa-Vubu, mais dicté par les puissances étrangères impérialistes (Belgique et USA). Remarquant des tendances de rapprochement de Kasa-Vubu avec certains leaders africains parlant du panafricanisme, les puissances étrangères impérialistes préféreront Mobutu à Kasa-Vubu à cause du radicalisme de droite caractérisant Mobutu. Pendant 37 ans, par une dictature qui sème la terreur auprès du peuple, et sous les injonctions de ces puissances étrangères, Mobutu imposera et installera au Congo-Zaire, un régime pro-capitaliste, et plusieurs gouvernements néocoloniaux. Après avoir pendu des politiciens innocents faussement accusés de complot politique (en 1966), il fera à maintes reprises recomposer la BBC, en maintenant au pouvoir certains anciens membres de la BBC (Nendaka, Delvaux, Bomboko, Lihau, Tshisekedi, Mukamba, Kamitatu, etc), et en recrutant des nouveaux venus, tirés du cartel nationaliste (Gérard Kamanda, Bula Mandungu, Mungul Diaka), du syndicat (Boboliko, Kitima), et du monde universitaire (Nsinga, Madrandele, Nguz, Kengo, Mokolo Wa Pombo, Gbanda, etc.).

Des contradictions internes ne manqueront pas de voir le jour au sein de la BBC à cause des rivalités dictées par des intérêts égoïstes. La lettre des douze parlementaires adressée au Président fondateur du MPR - lettre complètement rédigée par quelques membres de la BBC - montrera au grand jour ces contradictions. Il n’y sera pas question de changer de système politique au Congo. Il s’agira de maintenir au Congo toujours un régime néocolonial, mais en changeant simplement ses dirigeants. La dictature de Mobutu négligeant les intérêts des autres membres de la BBC, sera contestée par ceux-ci. Par ailleurs ces derniers trouveront appui dans les bouleversements politiques survenus dans le monde entier, après la chute du mur de Berlin, qui mettaient fin à l’existence des deux blocs. Ils en profiteront pour exiger au Congo l’idée de multipartisme. La Conférence Nationale Souveraine qui suivra leurs revendications ne cherchera pas non plus à changer de système politique au Congo. Il s’agira toujours de chercher à maintenir au Congo un régime politique pro-capitaliste, et des gouvernements néocoloniaux. Mobutu ne sera chassé du pouvoir ni par des discours incendiaires de la CNS - réclamant la démocratie -, ni par des journées ville morte, ni par des marches des Chrétiens, ni par des revendications démocratiques des partis politiques d’opposition (UDPS, PALU, FP, et autres). C’est l’insurrection armée de l’Alliance des Forces Démocratiques de Libération (AFDL) qui le chassera du pouvoir. LD Kabila qui sera à la tête de l’AFDL installera au Congo un régime politique progressiste d’obédience lumumbiste, mais qui ne durera qu’à peine quatre ans. Le gouvernement hétéroclite qu’il montera, et installera à Kinshasa, ne saura tenir toutes les promesses faites au peuple. Attaqué de l’extérieur dès 1998, par ses anciens alliés Rwandais, Ougandais, Burundais, alliés leurs collaborateurs congolais (de RCD, de MLC), LD Kabila résistera efficacement pendant deux ans - grâce à l’appui du peuple congolais, et de l’Angola et du Zimbabwe - mais sera trahi par son entourage immédiat corrompu par les impérialistes. Les commanditaires de ces attaques seront toujours les puissances étrangères impérialistes qui n’ont jamais toléré l’installation d’un régime progressiste au Congo. Sur leur ordre, il sera assassiné, comme Lumumba, par les membres du BBC utilisés toujours par ces mêmes puissances étrangères. Devant ces drames toujours répétés au Congo, de la même manière, les progressistes congolais se posent quelques questions incontournables : Pourquoi l’ONU a toujours laissé agir ces puissances étrangères dans l’assassinat des progressistes : Lumumba, Mulele, et de LDK ? Pourquoi les pays du bloc de l’Est n’ont jamais empêché ces assassinats ? A qui a profité ce crime perpétré contre L-D Kabila ? Pourquoi aussitôt installé au pouvoir sans la volonté du peuple congolais, Joseph Kabila s’accommode-t-il bien avec les puissances étrangères qui ont commandité l’assassinat de LD Kabila ? Le procès de ce crime restera toujours depuis 2001, sans suite. Joseph Kabila est-il progressiste, de la lignée de Lumumba ? Est-il un imposteur opportuniste politique ? Est-il de la BBC, recruté jadis et naguère comme tous les autres membres de la BBC ? Qui l’a placé au pouvoir au Congo ? Pourquoi lui et pas une autre personne ayant gravité hier, autour de L-D. Kabila ? Nous répondrons à ces graves questions, dans la prochaine suite de notre étude.

(La suite de cette étude sera publiée, la semaine prochaine. Article extrait des études du Centre de recherches de Kongo Révolution)

New York, décembre 2018. POUR KONGO REOLUTION,

André Nzinga.