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Au-delà des besoins d’urgence en RDC

D 23 juin 2013     H 05:47     A IRIN     C 0 messages


Selon un rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés, une organisation non gouvernementale (ONG) internationale, l’intervention humanitaire en République démocratique du Congo (RDC) ne devrait pas se contenter de répondre aux besoins d’urgence. Elle devrait également porter sur les dynamiques sous-jacentes du conflit [ http://www.nrc.no/arch/_img/9676206.pdf ].

« La violence extrême et chronique dans l’est de la RDC rend très difficiles les [méthodes de réponse urgente] de l’aide humanitaire classique. Le dispositif des services humanitaires est devenu un élément presque permanent dans la région. Il est venu en aide aux victimes de déplacements multiples et de cycles de violences répétés pendant deux décennies [...] Dans ce conflit, la protection [des populations] ne peut pas résulter d’une simple offre de services aux victimes »,

est-il écrit dans le rapport.

Ainsi, dans le Kivu, la région la plus touchée par le conflit, toutes les communautés seront confrontées à un risque constant d’affrontements et de déplacements, « tant que les violences commises par les militaires et les groupes armés contre les civils ne seront pas sous contrôle », explique le rapport.

« Aucune "solution durable" n’est possible ici sans changement en matière de paix et de stabilité et sans une modification du comportement des belligérants envers les civils », remarque-t-il.

Un grand puzzle

Dans un entretien avec IRIN, Kyung wa-Kang, coordinatrice adjointe des secours d’urgence pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), a appelé à « un engagement clair de la part des dirigeants et de la communauté internationale pour améliorer la gouvernance » et faciliter le rétablissement de la « sécurité et [de la] dignité humaine en République démocratique du Congo et, plus largement, dans la région des Grands Lacs ».

Le gouvernement congolais a été accusé d’appliquer trop timidement les accords de paix conclus avec les mouvements rebelles.

« L’application de l’accord du 23 mars 2009 entre le gouvernement et le Conseil national pour la défense du peuple (CNDP) a été un jeu de dupes au cours duquel les autorités congolaises ont fait semblant d’intégrer politiquement le CNDP tandis que celui-ci a fait semblant d’intégrer l’armée congolaise », a déploré le groupe de réflexion International Crisis Group, dans un compte-rendu d’octobre 2012 [ http://www.crisisgroup.org/en/regions/africa/central-africa/dr-congo/b091-eastern-congo-why-stabilisation-failed.aspx ].

« Les accords de paix signés entre le gouvernement et les mouvements rebelles sont une réelle occasion de faire avancer les efforts d’instauration d’une paix durable, mais toutes les parties prenantes doivent sérieusement garantir leur fonctionnement et faire ce qui est en leur pouvoir pour qu’ils soient efficaces », a ajouté Mme Kang.

En février, 11 dirigeants ont signé, sous les bons offices des Nations Unies, un accord de paix visant à mettre fin au conflit en RDC et à rétablir la paix dans la région des Grands Lacs. « Cet accord offre aux habitants de l’est de la RDC les meilleures chances depuis des années en matière de paix, de droits de l’homme et de développement économique », a dit le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, lors d’une récente visite dans la région [ http://www.un.org/sg/offthecuff/index.asp?nid=2846 ].

En mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une résolution créant la toute première brigade de maintien de la paix des Nations Unies, mandatée pour lutter contre les groupes rebelles en RDC et contrôler l’embargo sur les armes avec l’aide d’un comité d’experts des Nations Unies. La brigade observera et signalera les flux de soldats, d’armes et d’équipements militaires à travers la frontière de l’est du Congo à l’aide de drones.

« Pour rétablir une paix durable en RDC, il faut renforcer la démocratie » et impliquer toutes les parties « participant au conflit », a fait remarque Mme Kang à IRIN. Elle a ajouté que la brigade d’intervention forte de 3 000 hommes récemment proposée par les Nations Unies devait être considérée comme une simple « pièce d’un grand puzzle ».

Besoins de protection

Le conflit qui secoue depuis longtemps l’est de la RDC a forcé plus de deux millions de personnes à fuir. Des milliers d’autres ont été victimes de violences et de mauvais traitements. Au cours des six derniers mois, plus de 150 000 personnes sont venues s’ajouter au nombre de déplacés en RDC, la plupart dans la province du Nord-Kivu. Selon l’OCHA, l’insécurité a en outre contraint environ 90 000 personnes à fuir vers le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda au cours de cette même période [ http://www.unocha.org/drc/reports-media/situation-reports ].

Selon le rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés, la communauté internationale « a fortement investi dans des initiatives visant à mieux connaître les besoins en matière de protection, comme des collectes d’informations et des systèmes d’alerte précoce ». Selon Mme Kang, de l’OCHA, ces investissements pourraient se voir menacés par la multiplication des crises dans des endroits comme la Syrie, qui continuent de « pomper les financements des bailleurs de fonds et de recevoir une plus grande attention [de la part de la communauté] humanitaire. »

Source : http://www.irinnews.org