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Craintes d’un coup d’État constitutionnel en République démocratique du Congo

D 22 novembre 2024     H 05:00     A Michelle Gavin     C 0 messages


Les tentatives de modification de la constitution de la République démocratique du Congo ne font qu’exacerber la méfiance actuelle des citoyens envers le gouvernement.

La population de la République démocratique du Congo (RDC) doit faire face à de lourdes charges. Ce pays riche en ressources naturelles est l’un des cinq plus pauvres du monde . L’est du pays est caractérisé par une profonde insécurité, où opèrent des dizaines de groupes armés, où des millions de personnes ont été déplacées et où la menace d’une guerre entre États persiste. Plus de vingt-trois millions de Congolais souffrent d’insécurité alimentaire. Le pays est l’épicentre d’une épidémie mortelle de variole.

Depuis son accession au pouvoir en 2018, dans des conditions très irrégulières, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, n’a guère progressé sur les questions les plus urgentes auxquelles sont confrontés les citoyens congolais. Mais après sa réélection aux élections de 2023, qui ont été entachées d’irrégularités, il a identifié une nouvelle priorité : modifier la constitution. Qualifiant de « dépassée » la constitution actuelle du pays, approuvée par référendum en 2005, et suggérant qu’elle a été imposée au pays par des étrangers, il a annoncé son intention de créer une commission nationale chargée de rédiger une nouvelle constitution l’année prochaine.

De nombreux Congolais pensent que ce nouvel intérêt pour la réforme constitutionnelle vise en réalité à modifier la limitation du nombre de mandats présidentiels, ou du moins à remettre ces limites à zéro, avant la fin de ce qui devrait être le dernier mandat de Tshisekedi. Ironiquement, le prédécesseur de Tshisekedi, Joseph Kabila, a lui aussi tenté de prolonger son mandat, flirtant avec un changement constitutionnel et choisissant finalement de rester au pouvoir pendant deux ans après l’expiration de son mandat. L’impopularité politique de Kabila qui en a résulté, et qui a directement conduit Tshisekedi à accéder à la plus haute fonction du pays, semble avoir été oubliée par le président actuel, qui semble également ignorer les nombreuses données indiquant que les tentatives d’échapper à la limitation du nombre de mandats et les coups d’État dans la région sont « les deux faces d’une même médaille ».

C’est exactement le genre de distraction politique égoïste dont la République démocratique du Congo n’a pas besoin. Mais avec les grandes puissances mondiales en compétition pour l’accès aux richesses minières du Congo, Tshisekedi ne se sentira peut-être pas très pressé de changer de cap. Au contraire, il pourrait se rendre compte que ses prétendants étrangers sont heureux d’ignorer ses manigances politiques et de ne pas tenir compte des risques inhérents à l’investissement dans un pays où la population bouillonne de mécontentement. Cela ne ferait qu’ajouter à la longue histoire d’acteurs extérieurs contribuant à l’instabilité du pays et s’enrichissant au détriment du peuple congolais.

Michelle Gavin

https://www.cfr.org

Traduction automatique de l’anglais