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Gabon - ALI BONGO : Une générosité à risque

D 27 août 2015     H 05:23     A Boubacar Sanso Barry     C 0 messages


Le président gabonais serait-il si naïf au point de s’attirer aussi facilement des ennuis ? Ou bien aurait-il délibérément opté pour la provoc’ ? Difficile à dire. Mais on se demande bien ce qui a poussé Ali Bongo Ondimba à remettre au-devant de la scène la question toujours très délicate de la fortune de son défunt père, et par extension la fortune de tout le clan. Espère-t-il que la jeunesse gabonaise se presse à ses pieds pour lui témoigner sa reconnaissance suite à sa décision de léguer à cette dernière sa part de l’héritage de papa Bongo ? Ce n’est pas exclu qu’il en soit ainsi pour une certaine catégorie des jeunes gabonais. Mais pour la majorité, son annonce sonne comme une insulte. Car ce qu’il présente aujourd’hui comme un geste de générosité n’est en réalité qu’une restitution des biens que son feu père et tout son clan ont volés au peuple gabonais.

Le clan Bongo aurait-il mal à la conscience ? Aurait-il fini par réaliser tout le mal qu’il a causé à ce richissime petit pays de l’Afrique centrale, en près d’un demi-siècle de règne sans partage ? En tout état de cause, le président Ali Bongo Ondimba a mis a profit la célébration de la fête nationale pour rendre publique une décision peu ordinaire. Sa part dans l’héritage dont on ne connait pas la valeur, revient désormais à la jeunesse gabonaise. Au-delà de sa personne, ce sont tous les héritiers qui font montre de cet élan de générosité. Ainsi, ont-ils également décidé de mettre dans le portefeuille de l’État gabonais trois propriétés du vieux père dont deux se trouvent dans la capitale française.

En d’autres circonstances, un tel geste mériterait un tonnerre d’applaudissements et des félicitations à n’en plus finir. Mais venant du président gabonais, cela revient paradoxalement à insulter le peuple gabonais. Car il feint d’offrir à ses compatriotes des biens qui, en réalité, sont les leurs. Autrement, où est-ce qu’Omar Bongo est allé puiser cette immense fortune dont il est aujourd’hui question de partager entre les 53 héritiers légaux ? Etait-il commerçant ? Non. A-t-il été avocat ou médecin ? Certainement pas ! Omar Bongo n’a eu qu’une seule profession : régner des mains de maître sur le Gabon pendant 42 longues années. Et c’est à ce titre qu’il a acquis les terrains et les actions, construit ou acheté toutes ses propriétés de luxe, monté les entreprises, ouvert les nombreux comptes bancaires, réalisé les montages financiers les plus sophistiqués, etc. En tant que président et mettant à profit son rôle et sa place au sein des réseaux de la Françafrique, il a disposé de la rente pétrolière du pays à sa guise et s’est autorisé toutes les folies.

Alors quand, six ans après sa disparition, son successeur de fils s’essaie à la générosité avec une supposée cession de sa part d’héritage aux Gabonais, cela ne peut pas sonner vrai. Tout au contraire, le geste à quelque chose d’à la fois irritant et révoltant. Car si la gestion du pays avait été tout autre, les Gabonais ne seraient pas toujours parmi les êtres humains les plus pauvres de la planète.

Boubacar Sanso Barry

Source : Le Djely.com