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LES POSTURES FÉMINISTES DU POUVOIR GABONAIS : LE TROMPE L’OEIL DE LA FONDATION SYLVIA BONGO !

D 3 juillet 2021     H 06:00     A Mengue M’Eyaà     C 0 messages


Dans son édition de l’Union ( journal de propagande officielle du régime gabonais) du 16 avril 2021, Mme Bongo a imposé son avis sur la condition des femmes gabonaises face au COVID dans un article, en tant que « première dame », titre, qui on le sait, est absurde et autant usurpé que celui de son mari, battu à deux reprises aux élections présidentielles de 2009 2016.

Mme Bongo se prendrait-elle pour la « régente » du Gabon dans un pays qui se voudrait « apaisé » ? Or le Gabon est un pays traumatisé encore récemment par une élection présidentielle au cours de laquelle un coup d’État électoral a permis le maintien d’un même clan depuis 50 ans. M. Bongo, rescapé d’un AVC, est profondément diminué conduisant des factions du pouvoir à lutter entre elles pour orienter la captation des ressources de L’État. Ainsi, la position de Mme Bongo n’est qu’un épisode, à l’intérieur du journal officiel du régime, de l’état des rapports de forces internes.

Pour autant, la prise de position sur une politique publique majeure sur les femmes marque un état de délabrement de l’appareil d’État, déjà mis à mal depuis 50 ans sans alternances, puisque l’on voit une personne, dépourvue d’autorité institutionnelle tenir des discours sensés engager l’État. En effet, suit une péroraison de la ministre chargée des femmes, qui décline et dévoile l’agenda du 17 avril.
Ainsi, l’on découvre qu’à l’occasion du 17 avril, décrétée « journée nationale de la femme » au Gabon, il est essentiel que les femmes puissent « s’autonomiser ». Comme si elles ne l’étaient pas déjà, elles qui sont souvent en charge des familles, des enfants dans une société profondément marquée par la misogynie, le régime veut donc éduquer les femmes de façon à ce qu’elles appréhendent le savoir digital. L’infantilisation dans le langage est en soi une difficulté si l’on veut tenir une position de respect des femmes.

Quant à la digitalisation de la société, où en est on exactement ? Dans les écoles, pour les élèves, à l’université, pour les étudiants ? Le Gouvernement ne conduit aucune politique spécifique pour équiper les populations, ou doter le pays de réseaux de haute qualité. Or Mme Bongo vient prendre un ton docte pour faire croire qu’il n’y a plus qu’à former les femmes, qui seraient, sans doute, plus ignorantes que les autres parties de la population.

En revanche, le pouvoir veut former les femmes à l’entrepreneuriat, reprenant en cela les thèmes à la mode promus par la France macronienne et ses institutions de développement, dont l’AFD.

C’est sans doute la prochaine priorité de la Fondation Sylvia Bongo, appendice caritatif et idéologique du régime, que de tenter de siphonner et de capter l’essentiel de l’aide internationale promise à ce sujet par l’Europe et par la France.
Pendant que le régime réoriente ses objectifs de prédation, la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, au-delà des mots, est peu ou pas traitée.
Il n’existe aucune campagne nationale contre les violences commises sur les femmes, contre la prostitution des jeunes filles, contre les viols de lycéennes et d’étudiantes, dont parfois les auteurs sont les hommes du régime, bénéficiant d’une totale impunité judiciaire.

Si Mme Bongo, grande amatrice des bijoux de la Place Vendôme à Paris, s’intéressait au féminisme, comment se fait-il qu’aucune mesure en faveur de la libéralisation de l’avortement n’ait été prise ces dix dernières années ? Et la promotion de la contraception ?

La culture à l’égalité filles/garçons n’existe pas au Gabon.

Que fait le pouvoir au lieu de mettre en place des formations adaptées ? A quand une répression accrue sur les violences commises envers les femmes ? La culture du respect doit d’abord être conduite au niveau des garçons, des adolescents et des jeunes hommes. C’est le néant total.

Il serait essentiel que l’ensemble des traditions gabonaises soient réexaminées à l’aune de l’impératif égalitaire. Un Etat normal devrait coordonner ce travail essentiel pour réconcilier la société gabonaise abîmée par 50 ans d’une gestion monopartisane dans laquelle était promue la gestion séparée femmes-hommes, la prostitution d’Etat organisée par le haut, la promotion par le droit de cuissage généralisé, et la non protection des mineures. Un #Metoo au Gabon pourrait très rapidement surgir, tant les scandales étouffés sont nombreux.

Mme Sylvia Bongo aurait donc fort à faire si les véritables problèmes du régime dont elle est un des soutiens devaient trouver des solutions . Chacun sait que ses prises de parole sont essentiellement des postures prétentieuses, dissimulant ses réelles intentions autour de la prédation. Elle tente de masquer surtout l’impossibilité de « présider » pour raison de santé de son illégitime époux, qui a perdu les élections présidentielles de 2009 et de 2016.

D’où se permet-elle de s’exprimer et au nom de qui ? De la Première Ministre ? De M. Bongo ? Au nom d’une des sénatrices, non élue mais nommée et désignée par le pouvoir pour modifier le code civil gabonais ?

Bref, ce pouvoir organise le coup d’État permanent des individualités, qui un jour sont dans tous les médias officiels et le lendemain se retrouvent en prison sans que personne n’ait vraiment compris le cheminement tortueux des luttes entre factions du pouvoir.

Mme Bongo est-elle en si grande difficulté dans ce jeu des conflits qu’elle se croit obligée d’infliger ses fausses préoccupations pseudo-féministes dans le quotidien officiel du régime ?

En définitive, plutôt que de reprendre les éléments de langage du conseil présidentiel franco -béninois du Président français, au service d’une idéologie entrepreneuriale, le régime gabonais serait mieux inspiré de prendre vigoureusement en main le matrimoine traditionnel pour le faire coïncider avec la modernité. Mais, faudrait il encore le connaître !

Mme Bongo ne connaît pas le matrimoine traditionnel des neufs provinces du Gabon. Elle ne connaît pas le nom des femmes qui ont marqué de leur empreinte l’histoire du Gabon dans différents secteur de la société gabonaise ou au niveau international.
En définitive, capter le féminisme, ou les grands thèmes qui inquiètent le monde entier, autour de l’environnement ou de la lutte contre la pandémie, sont des moyens pour le régime de faire oublier la tare originelle qui est le sien, à savoir son authentique illégitimité, sur laquelle il n’a pas de solutions à proposer.

Les propos de Mme Bongo sont un tours de prestidigitation pour engranger les financements internationaux venant du monde entier avec des complicités extérieures.

Pourquoi pas récupérer l’argent des biens mal acquis, recyclé récemment dans l’aide publique au développement française ?

Vivement une République gabonaise animée par des valeurs démocratiques et par des politiques publiques menées pour le bien de tous !

Mengue M’Eyaà Bonnet
Présidente du Mouvement Civique du Gabon
Présidente du Mouvement Civique des Femmes