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Guinée équatoriale : Paul Biya fait allégeance à Obiang Nguema

D 12 août 2012     H 05:06     A Boris Bertolt     C 1 messages


Le président Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema ne rêvait certainement pas de félicitations officielles de son homologue camerounais par ces temps où les relations diplomatiques entre les deux pays ne sont pas au beau fixe. Mais, Paul Biya l’a encore surpris. Dans un message adressé au président de la République de Guinée Equatoriale et daté du 30 juillet dernier, Paul Biya écrit : « Il me plaît de vous adresser mes félicitations les plus sincères, suite à la cérémonie solennelle de remise du prix « Unesco-Guinée Equatoriale pour les sciences de la vie », organisée à Paris le 17 juillet 2012 ». Dans un élan de célébration, il poursuit : « Votre geste magnanime et visionnaire traduit tout l’intérêt que vous accordez à la sciences comme moteur du progrès des sociétés humaines, et honore au-delà de votre pays, toute l’Afrique ».

Ce prix qui a été décerné à des chercheurs africains et d’Amérique latine est le prix le plus controversé de l’Unesco depuis près d’une décennie. Cependant, il avait été validé le 8 mars dernier par le Conseil exécutif de l’Unesco. Ceci après de vives polémiques, notamment sur l’intitulé du prix. A défaut de consensus et après une longue bataille de procédures, c’est finalement par un vote que le prix international Unesco-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie a été adopté par 33 voix pour, et 18 contre, la majorité requise étant de 26 voix. Le vote du Conseil mettait définitivement fin au débat au sein de l’institution. Cependant, la polémique a persisté.

En effet, de nombreux Etats refusaient que l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco) puissent décerner un prix au nom du président équato-guinéen, bien que ce dernier soit le principal bailleur de fonds à hauteur de trois millions de dollars (1 milliard 500 millions Fcfa environ). Le groupe des tenants de cette thèse était principalement constitué des pays occidentaux, tandis que les pays africains et ceux du Moyen-Orient y étaient favorables.

En 2010, la mobilisation des Ong avait amené la directrice générale de l’Unesco, à suspendre la remise du prix pour s’en remettre au suffrage du Conseil exécutif, l’organe décisionnel de l’agence. Mais lors de sa précédente réunion en septembre 2011, ses 58 membres avaient préféré reporter l’examen de la question à la session suivante, qui s’est ainsi tenue du 27 février au 9 mars dernier.

Dès sa création, ce prix a suscité de vives indignations de la part des Ong et de nombreuses autorités intellectuelles africaines, telles que Desmond Tutu et Wole Soyinka. L’archevêque sud-africain, lauréat du prix Nobel de la paix affirmait d’ailleurs que : « Le prix Unesco-Obiang est entaché de façon irréversible par son association avec la répression et la corruption de haut niveau du gouvernement du président Obiang ». « Des centaines de personnes et des dizaines d’organisations, dont un grand nombre proviennent de pays africains, se sont opposées à ce prix controversé et ont appelé à ce que le don de trois millions de dollars US attaché au prix soit plutôt utilisé pour atténuer la pauvreté généralisée en Guinée Equatoriale, pays riche en pétrole. Washington, avait également appelé au retrait de ce prix.

Malgré ces vives critiques, le chef de l’Etat camerounais a, dans un premier temps soutenu l’acceptation du prix au nom de la « solidarité africaine », mais a en plus de cela tenu à rendre hommage à son voisin et frère cadet de neuf ans, mais au pouvoir trois ans avant lui. Pourtant, depuis bientôt un an, les relations diplomatiques entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale sont tumultueuses. Après l’exfiltration du colonel équato-guinéen, Nguema Mba (deux ans avant), à l’insu des autorités camerounaises, le pays d’Obiang Nguema a procédé à de nombreuses vagues d’expulsions de ressortissants camerounais, en règle ou pas en règle. Pire, en 2011, les soldats équato-guinéens ont abattu un pêcheur camerounais au large de Campo, prétextant qu’il se trouvait dans les eaux équato-guinéennes.

Boris Bertolt

Source : http://quotidien.mutations-multimedia.com

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