Ouganda : Abandonner les poursuites visant 19 jeunes sans-abri
16 mai 2020 06:30 0 messages
Des personnes homosexuelles et transgenres sont détenues à tort sous prétexte d’avoir enfreint des mesures décrétées face au Covid-19
L’Ouganda devrait abandonner les charges contre 19 personnes arrêtées après s’être rendues dans un refuge pour jeunes sans-abri, a plaidé aujourd’hui Human Rights Watch dans une lettre adressée à la directrice du Bureau des poursuites pénales. Ces personnes ont été accusées d’avoir commis « un acte de négligence susceptible de propager une infection », ainsi que de « désobéissance à des ordres légaux ».
Les 19 jeunes sont en prison depuis leur arrestation le 29 mars, en même temps que quatre autres personnes qui par la suite ont été libérées. Ils ont été arrêtés sous prétexte d’avoir enfreint des mesures légales visant à empêcher la propagation de Covid-19, en séjournant dans un foyer géré par l’ONG Children of the Sun Foundation (fondation « Enfants du soleil »), à Nsangi dans le district de Wakiso, près de Kampala. Le commissaire général des prisons a empêché les avocats du Forum de sensibilisation et de promotion des droits humains (Human Rights Awareness and Promotion Forum) de leur rendre visite, ou de communiquer avec eux par téléphone ou par vidéo.
« Les autorités chargées des poursuites devraient abandonner les charges et libérer ces 19 jeunes ougandais qui n’ont commis aucun crime », a déclaré Mausi Segun, directrice de la division Afrique à Human Rights Watch. « Être sans abri et vivre dans un refuge n’est pas un crime, et la détention de ces personnes est arbitraire, abusive et contraire aux exigences de la santé publique. »
Le refuge géré par de la Children of the Sun Foundation vise à aider les jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), qui sont vulnérables à la violence et à la discrimination en Ouganda. Dans ce pays, les relations homosexuelles sont passibles d’une peine de prison, dans certains cas à perpétuité. Trois des jeunes qui ont été arrêtés sont touchés par le VIH et, comme les avocats n’ont pas pu les contacter, on ignore s’ils bénéficient d’un traitement antirétroviral en prison. Leur immunité pourrait être compromise et ils pourraient être plus à risque de contracter le Covid-19 en prison en raison des conditions de surpeuplement et d’insalubrité, a averti Human Rights Watch.
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