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Tchad : La répression systématique des manifestations contre la prolongation de la période de transition doit immédiatement cesser

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D 24 octobre 2022     H 06:30     A Tournons la page     C 0 messages


Des manifestations ont eu lieu jeudi 20 octobre 2022 contre la prolongation de la période de transition au Tchad et le maintien au pouvoir de Mahamat Idriss Deby Itno. Selon les chiffres du gouvernement tchadien, il y aurait au moins « une cinquantaine de morts et plus de 300 blessés ». Les signataires de ce communiqué appellent les autorités tchadiennes à mettre immédiatement fin à la répression des manifestants, conformément à la Constitution tchadienne et aux obligations internationales auxquelles adhère le Tchad. Nous invitons les acteurs internationaux à agir fermement pour mettre fin à cette spirale de violences.

Jeudi 20 octobre 2022, à l’appel d’une plateforme regroupant une partie de l’opposition politique et des organisations de la société civile, des manifestants sont descendus dans les rues de la capitale N’Djaména et de plusieurs villes de provinces dont Moundou pour dénoncer la prolongation de la période de transition. Le 10 octobre dernier, à l’issue d’un dialogue dit de « réconciliation nationale » boycotté par une partie de la société civile et de l’opposition, Mahamat Idriss Déby Itno a été investi comme Président de transition pour vingt-quatre mois supplémentaires. Il a aussi obtenu le droit de se présenter en tant que candidat aux prochaines élections présidentielles en contradiction avec la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine du 3 août 2021 et réaffirmée le 19 septembre 2022 fixant au 20 octobre 2022 la fin de la transition et interdisant aux membres du Conseil militaire de transition (CMT) d’être candidat aux élections à la fin de la transition.

La manifestation du 20 octobre avait été interdite par les autorités mais de nombreuses mobilisations ont néanmoins été organisées dans les différents quartiers des villes de N’Djamena et Moundou notamment. Ces manifestations ont été immédiatement réprimées par les forces de l’ordre par le jet de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Selon le Premier ministre du gouvernement de transition tchadien, au moins une « cinquantaine » de personnes ont été tuées, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité. Il y aurait aussi « plus de 300 personnes blessées ». Mais le bilan pourrait être bien plus lourd que celui annoncé par les autorités. Les organisations de la société civile continuent à documenter les violences en se rendant dans les différents hôpitaux et centres de santé où se trouvent de très nombreux blessés.

Parmi les victimes, on déplore notamment le décès du jeune journaliste Narcisse Oredje. L’artiste Ray’s Kim, engagé depuis de nombreuses années dans la promotion des droits humains et de la démocratie, serait à l’hôpital en soins intensifs après avoir été touché par balle. Ces deux cas sont emblématiques de la brutalité qui s’est abattue sur tous les citoyens présents dans les rues tchadiennes ce jeudi 20 octobre 2022.

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’association et de réunion pacifique, Clément Voule, a rappelé aux autorités tchadiennes que « tout recours à un usage excessif de la force contre les manifestants expose leurs auteurs à des poursuites conformément aux standards internationaux ». Alors que les violations des droits humains perdurent, la France et l’UE ont soutenu la transition et ont maintenu la coopération avec le Tchad, notamment la coopération militaire et policière.

La communauté internationale ne peut se contenter de déplorer ces violences et d’appeler à les faire cesser. Le régime doit être isolé et des sanctions ciblées doivent être mises en place tout en veillant à ce que la population tchadienne ne soit pas la première impactée.

Les organisations signataires de ce communiqué demandent :

 aux autorités tchadiennes de mettre fin, de façon immédiate, à l’usage délibéré et excessif de la force létale à l’encontre de manifestants ;
 à l’ensemble des acteurs internationaux (États européens, États-Unis, ONU, Union Africaine…) de condamner le recours à la force contre les manifestations pacifiques et d’exiger des enquêtes indépendantes sur ces violations massives des droits humains ;
 à la France et aux Etats-Unis de suspendre toute coopération avec les forces de défense et de sécurité impliquées dans ces violences ;
à l’ensemble de la Communauté Internationale, et notamment la France et l’UE, d’envisager la mise en place de sanctions ciblées à l’encontre du gouvernement tchadien et des personnes responsables de la répression.
Vendredi, 21 octobre 2022

Signataires :

Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France)
AfricanDefenders
Agir ensemble pour les droits humains
Campaign for Human Rights and Development International
CCFD – Terre solidaire
Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA)
Civil Society Human Rights Advocacy Platform of LIBERIA
CRID
Coalition Burkinabè des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH)
Coalition des défenseurs des droits humains au Bénin
Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains (CIDDH)
Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains (COMADDH)
Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)
Front Citoyen Togo Debout
Gender Centre for Empowering Development
Human Rights Defenders Network-SL
International Service for Human Rights (ISHR)
Institute for Democracy & Leadership (IDEAL) Swaziland
Justice et Paix France
Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN)
Mozambique Human Rights Defenders Network
Network of the Independent Commission for Human rights CIDH Africa
Novation Internationale
Observatoire Ivoirien des Droits de l’homme (OIDH)
Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)
Protection International-Africa
Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC)
Réseau Nigérien des Défenseurs des Droits Humains (RNDDH)
Réseau des défenseurs des droits humains en Guinée-Bissau
Réseau ouest africain des défenseurs des droits de l’homme (ROADDH)
ROTAB Publiez Ce Que Vous Payez
Secours Caholique - Caritas France (SCCF)
Southern Africa Human Rights Defenders Network (SouthernDefenders)
Southern Africa Women Human Rights Defenders Network (SAWHRDN)
Synergie Togo
Survie
Tanzania Human Rights Defenders Coalition (THRDC)
Tournons La Page
Zimbabwe Lawyers for Human Rights ZLHR

Chad : Systematic repression of demonstrations against the extension of the transition period must stop immediately

Demonstrations took place on Thursday, October 20, 2022, against the extension of the transition period in Chad and the continued rule of Mahamat Idriss Deby Itno. According to Chadian government figures, at least "fifty people were killed and more than 300 were injured". The signatories of this statement call on the Chadian authorities to immediately put an end to the repression of the demonstrators, in accordance with the Chadian Constitution and the international obligations to which Chad adheres. We call on international actors to act firmly to end this spiral of violence.

On Thursday, October 20, 2022, at the call of a platform bringing together part of the political opposition and civil society organizations, demonstrators took to the streets of the capital N’Djaména and several other provincial cities, including Moundou, to denounce the extension of the transition period. On October 10, following a so-called "national reconciliation" dialogue boycotted by part of civil society and the opposition, Mahamat Idriss Déby Itno was sworn in as transitional president for another 24 months. He also obtained the right to run as a candidate in the next presidential elections in contradiction with the decision of the Peace and Security Council of the African Union of August 3, 2021 and reaffirmed on September 19, 2022 setting the end of the transition at October 20, 2022 and prohibiting members of the Transitional Military Council (TMC) from running for election at the end of the transition.

The demonstration of October 20 was banned by the authorities, but numerous mobilizations were nevertheless organized in various neighborhoods in the cities of N’Djamena and Moundou, among others. These demonstrations were immediately suppressed by the security forces with the use of tear gas and live ammunition. According to the Prime Minister of the Chadian transitional government, at least "fifty" people were killed, including "ten" members of the security forces. There were also "more than 300 people wounded". But the toll could be much higher than that announced by the authorities. Civil society organizations continue to document the violence by visiting the various hospitals and health centers where many of the injured are located.

Among the casualties reported, we lament the death of the young journalist Narcisse Oredje. The artist Ray’s Kim, who had been involved for many years in the promotion of human rights and democracy, was reportedly in hospital in intensive care after being shot. These two cases are emblematic of the brutality that befell all citizens in the streets of Chad on Thursday, October 20, 2022.

The UN Special Rapporteur on Freedom of Association and Peaceful Assembly, Clément Voule, reminded the Chadian authorities that "any use of excessive force against demonstrators exposes the perpetrators to prosecution in accordance with international standards". While human rights violations continue, France and the EU have supported the transition and maintained cooperation with Chad, including military and police cooperation.

The international community cannot simply deplore the violence and call for it to stop. The regime must be isolated and targeted sanctions must be put in place while ensuring that the Chadian population is not the first to be impacted.

The signatory organizations of this communiqué request :

 to the Chadian authorities to put an immediate end to the deliberate and excessive use of lethal force against demonstrators ;
 all international actors (European states, the United States, the UN, the African Union, etc.) to condemn the use of force against peaceful demonstrations and to demand independent investigations into these massive human rights violations ;
France and the United States to suspend all cooperation with the defense and security forces involved in the violence ;
 the entire international community, and in particular France and the EU, to consider implementing targeted sanctions against the Chadian government and those responsible for the repression.
Friday, October 21, 2022

Signatories :

Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France)
AfricanDefenders
Agir ensemble pour les droits humains
Campaign for Human Rights and Development International
CCFD – Terre solidaire
Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA)
Civil Society Human Rights Advocacy Platform of LIBERIA
CRID
Coalition Burkinabè des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH)
Coalition des défenseurs des droits humains au Bénin
Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains (CIDDH)
Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains (COMADDH)
Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)
Front Citoyen Togo Debout
Gender Centre for Empowering Development
Human Rights Defenders Network-SL
International Service for Human Rights (ISHR)
Institute for Democracy & Leadership (IDEAL) Swaziland
Justice et Paix France
Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN)
Mozambique Human Rights Defenders Network
Network of the Independent Commission for Human rights CIDH Africa
Novation Internationale
Observatoire Ivoirien des Droits de l’homme (OIDH)
Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)
Protection International-Africa
Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC)
Réseau Nigérien des Défenseurs des Droits Humains (RNDDH)
Réseau des défenseurs des droits humains en Guinée-Bissau
Réseau ouest africain des défenseurs des droits de l’homme (ROADDH)
ROTAB Publiez Ce Que Vous Payez
Secours Caholique - Caritas France (SCCF)
Southern Africa Human Rights Defenders Network (SouthernDefenders)
Southern Africa Women Human Rights Defenders Network (SAWHRDN)
Synergie Togo
Survie
Tanzania Human Rights Defenders Coalition (THRDC)
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