Vous êtes ici : Accueil » Afrique centrale » Tchad » Tchad : Lettre ouverte aux Chefs d’État membres du Conseil de Paix et de (…)

Tchad : Lettre ouverte aux Chefs d’État membres du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA)

D 22 novembre 2022     H 05:29     A PLATEFORME DE CONCERTATION DE LA DIASPORA TCHADIENNE     C 0 messages


Excellences,

Nous, membres de la Plateforme de Concertation de la Diaspora tchadienne, comme tous les Tchadiens, attendions avec beaucoup d’intérêt et d’impatience la réaction de votre Conseil concernant la situation politique dans notre pays, le Tchad, à la fin des 18 mois de Transition déclenchée à la suite de la disparition jusque-là non élucidée de feu Idriss Deby Itno. Vous aviez organisé une réunion dédiée à l’évaluation de la situation politique du Tchad le 11 novembre dernier, conformément aux dispositions réglementaires du Protocole instituant le Conseil de Paix et Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA).

Nous nous attendions à ce que, par soucis de cohérence et de crédibilité, le CPS de l’UA prononce des sanctions claires contre les dirigeants de la Transition eu égard au non-respect des principes de l’UA et des engagements qu’ils ont pris devant notre institution continentale et surtout devant le peuple Tchadien. Ces principes et engagements étaient 1/ une durée de transition d’au plus 18 mois, 2/ la non-éligibilité aux élections des acteurs de la transition à la fin de cette dernière. Comme chacun sait, ces autorités se sont légitimées des conclusions d’un dialogue expéditif et non inclusif, pour ne respecter aucun de ces deux engagements.

Malheureusement, votre réunion du 11 novembre 2022 n’a pu prendre de décision, semble-t-il, faute de consensus. Nous voudrions féliciter et remercier les États membres qui ont voté pour l’application de sanctions à l’égard de la junte militaire clanique à la tête du pays pour leur cohérence et leurs attachements aux valeurs et principes de l’Union Africaine.

Pour les pays qui se seraient abstenus de voter des sanctions, pour des raisons en rapport avec les défis sécuritaires dans la région, nous voulons humblement rappeler que c’est le non-respect des engagements et principes de l’UA qui était à l’origine des manifestations du 20 octobre dernier au cours desquelles des centaines de tchadiens ont perdu la vie et de milliers d’autres, blessés par balle, torturés et/ou déportés garderont des séquelles à vie. En outre, nous estimons que la résorption des conflits et des instabilités en Afrique passe par le respect des principes démocratiques et le développement économique des pays, toutes choses qui manquent cruellement au Tchad depuis plusieurs décennies.

Il nous semble que l’un des enseignements que l’UA devait tirer des manifestations récentes et des coups d’État en Afrique est que cette notion de particularité de la Transition au Tchad n’est non seulement pas partagée par les Tchadiens mais ouvre la voie à la légitimation des coups d’État et de troisièmes mandats par suite de modifications constitutionnelles. A l’instar des autres peuples d’Afrique, le peuple Tchadien aspire vivre dans un pays où seule la voie de la démocratie et l’état de droit permettront l’accès au pouvoir et non la force des armes.

Le CPS se prononcerait définitivement à l’occasion d’une réunion des Chefs d’État membres. Nous comptons sur la sagesse des Chefs d’État pour prendre des décisions courageuses, coercitives à l’encontre des autorités de la transition au Tchad pour les ramener à respecter leurs engagements et les principes de l’UA, y compris en matière de respect des droits de l’homme. Nous espérons également que l’Union Africaine s’assumera entièrement au lieu de sous-traiter le dossier à la CEEAC sur la base d’un principe contestable de subsidiarité, alors que, on le sait, les États de cette sous-région de l’Afrique centrale brillent par le non-respect des principes de transmission démocratique de pouvoir et la violation des libertés et des droits humains. Il en va de la crédibilité de la plus grande institution continentale, de la paix et de la sécurité au Tchad et ailleurs en Afrique, ainsi que de l’ancrage de la démocratie sur notre continent.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Messieurs les Chefs d’État, à l’expression de notre très haute et dévouée considération.

Pour la Plateforme de Concertation de la Diaspora Tchadienne

Laya Djonabaye