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Mobilisation contre les dettes illégitimes en Afrique de l’Est

D 14 mars 2020     H 06:30     A Fatima Zahra El Beghiti, Jawad Moustakbal     C 0 messages


Du 7 au 9 février 2020, s’est tenue à Nairobi, Kenya, la troisième rencontre de formation sur la dette et l’audit pour l’Afrique de l’Est. Coorganisée par le Secrétariat international partagé du réseau CADTM et la Kenyan Peasants League (KPL), cette rencontre a réuni des militant·es du Kenya, de Tanzanie, d’Ouganda, d’Inde et du Maroc. Un camarade d’Afrique du Sud de notre partenaire AIDC a participé à une partie de la rencontre par skype et un membre polonais du CADTM nous a rejoint lors du troisième jour de la rencontre. Les femmes représentaient près de la moitié des participant·es.

Nous nous sommes concentré·es sur l’organisation de campagnes contre les dettes illégitimes, tant publiques que privées (microcrédits, dettes des étudiant·es, des paysan·nes…).

Plus globalement nous avons réfléchi au rôle des institutions financières internationales dans le maintien du système-dette et de la dépendance des pays dans la région.

Pour mieux comprendre l’impact de la dette sur les droits fondamentaux des populations, trois groupes du travail ont été constitués sur des exemples concrets de grands projets financés par les emprunts, dont le remboursement pèse lourdement sur les budgets des États. Ces projets sont-ils utiles, prioritaires ? Bénéficient-ils à la majorité de la population ?

Puis nous avons fait le point sur les décisions prises lors de la rencontre précédente d’avril 2019 et les difficultés auxquelles nous sommes confronté·es pour mettre en place des mobilisations populaires contre les dettes illégitimes, en particulier l’audit citoyen.

Des groupes de travail par pays (Kenya, Tanzanie, Ouganda) ont développé des propositions sur comment initier une campagne d’audit de la dette, les participant·es ont tenté de répondre aux questions suivantes :

 Quels sont les objectifs d’un audit et sur quelle période devons-nous travailler ?
 Quelles sont les catégories cibles (ex : étudiant·es, femmes, paysan·nes…) ?
 Quels sont les alliés potentiels ?
 Quelles méthodes de communication et mobilisation ?
 Quelles sont les sources possibles d’informations ?
 La classification des dettes comme illégitimes, illégales, insoutenables, odieuses.
 La dernière journée de cette formation a été consacrée à la microfinance, en particulier au rôle des IFI dans son extension au nom de la « lutte contre la pauvreté dans les pays dépendants ».

Après une présentation de l’étude réalisée par Attac Cadtm Maroc en 2016, « Le microcrédit au Maroc : quand les pauvres financent les riches », sur l’expérience de lutte des femmes victimes des microcrédits dans la région de Ouarzazate, deux groupes de travail, par genre, ont été mis en place.

Chaque groupe a discuté la situation de la microfinance pays par pays, son histoire, son implantation, ses conditions financières et législatives, ses usages, ses abus… Un focus particulier a été porté sur la priorité donnée aux femmes comme cibles privilégiées des microcrédits.

Les ateliers se sont terminés par des propositions sur comment on peut mobiliser les victimes, contribuer à leur auto-organisation pour lutter contre le système de la microfinance et de réfléchir à des alternatives basées sur la solidarité collective.

Les activités se sont déroulées selon une démarche participative, avec une animation permanente, via des chansons, des danses, nous donnant l’énergie nécessaire pour la lutte.

par Jawad Moustakbal , Fatima Zahra El Beghiti

Nairobi, Kenya
10 Février 2020