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Djibouti : Lettre ouverte de l’USN France à Laurent Fabius et Catherine Ashton

D 21 juillet 2013     H 05:11     A UNION POUR LE SALUT NATIONAL (Djibouti)     C 0 messages


Lettre ouverte à :

 M Laurent Fabius, Ministre des affaires étrangères

 Mme Catherine Ashton, Haut Représentant de l’Union Européenne des affaires étrangères et la politique de sécurité.

Copies :

 M. Jean-Christophe Belliard, directeur Afrique et Océan Indien du Ministère des Affaires étrangères.

 M. Pascal Canfin, ministre délégué au Développement.

 Elysee : Mme Hélène Le Gal, M. Thomas Mélonio.

 M. Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire National International.

 M. Alain Marsaud, député des Français établis hors de France Afrique Centre, Sud et Est, président du Groupe d’amitié France-Djibouti, membre commission des affaires étrangères.

 Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale : Mme Elisabeth Guigou, présidente, vice-président-e-s, Mme Odile Saugues, M. Michel Vauzelle, M. Paul Giacobbi, Radical, M, Axel Poniatowski, secrétaires, Mme Pascale Boistard, M. Jean-Louis Destans, M. Michel Terrot, M. Pouria Amirshahi, député Français établis hors France Afrique Nord et Ouest.

 Union Européenne, M. Nicolas Westcott, directeur général pour l’Afrique, Service Européen Action Extérieure de Union européenne.

 Union Européenne, Miguel Angel Martinez Martinez, Vice-président du parlement européen.

Objet : Processus de démocratisation du continent africain, hold-up électoral, répression, torture et déni de démocratie à Djibouti.

Monsieur le Ministre, Madame le Haut Représentant,

Par ce courrier, le comité de la coalition de l’opposition djiboutienne l’Union du Salut National en France attire votre intention sur la situation que traverse la république de Djibouti depuis le hold-up électoral du 22 février 2013. En effet, la situation du pays se dégrade jour après jour, du fait de la répression que mène le régime en place contre les manifestants pacifiques qui réclament la reconnaissance des résultats des élections législatives du 22 février que l’opposition a gagné largement d’après les procès-verbaux de chaque bureau de vote, signés par l’ensemble des représentants de partis y compris ceux de l’UMP, le parti au pouvoir.

Jusqu’à présent le régime djiboutien n’accepte pas de publier les résultats détaillés par bureau de vote malgré les réclamations de la France, des Etats-Unis et de l’Union Européenne.

Contrairement aux annonces d’ouverture de dialogue avec l’opposition du 8 mai 2013 lors du passage du président Guelleh à Londres, le régime djiboutien se mure dans le silence et s’adonne aux violences, aux intimidations, aux arrestations arbitraires, aux emprisonnements illégaux, aux tortures des leaders de l’opposition et des militants de l’USN.

Ses derniers temps, l’utilisation des balles réelles et des bombes lacrymogènes mc7 contre les manifestants pacifiques est devenue une norme. La bombe lacrymogène mc7 est classées arme de guerre.

Cette arme est hautement nocive : elle asphyxie mais également elle s’incorpore sur les plaies ouvertes et tue à petit feu d’où son classement d’arme de guerre de catégorie 3 par l’ONU.

Par ailleurs, le régime crée des tensions en mettant des policiers, des gendarmes en civil et en armes pour créer des troubles lors des prises de parole en publique des leaders de l’USN et pendant les manifestations pacifiques.

Les drames se multiplient, le dernier en date est la torture et le meurtre du jeune Sahal Ali Youssouf survenu le 7 juin 2013. Des incendies dont les causes et les auteurs restent mystérieusement inconnus se déclarent dans les quartiers populaires, foyers de la revendication populaire.

Malgré, la répression dont elle fait l’objet, l’USN essaie d’amorcer un dialogue pour l’intérêt suprême de la nation djiboutienne et pour preuve la lettre du président de l’USN du 23 Avril 2013 ci-jointe. A cette lettre le régime a répondu par une fin de non-recevoir formulée dans un courrier adressé à l’opposition par l’intermédiaire de son porte-parole en date du 27 avril 2013.

En réponse à l’installation par la force d’une assemblée illégitime, l’USN a créé un parlement conforme aux résultats sortis des urnes tout en restant ouverte aux négociations permettant de trouver une issue politique à la crise.

L’USN et le Comité USN en France souhaitent porter à votre connaissance les faits suivants :

 Les prisons et les centres de détention sont remplis des prisonniers politiques.

 La plupart des dirigeants des 8 partis composant la coalition de l’USN sont en prison ou l’ont été ces quatre derniers mois.

 Les partis politiques n’ont ni le droit de manifester pacifiquement, ni de se réunir même dans leurs propres locaux.

 Les libertés inscrites dans la constitution djiboutienne et les lois fondamentales sont régulièrement bafouées.

 Les tortures et les traitements inhumains sont devenus monnaie courante à Djibouti au point que les organismes internationaux comme RSF, FIDH, OMTC dénoncent régulièrement les abus commis.

 La presse est muselée, les atteintes du droit à l’expression s’étendent même aux publications dans les réseaux sociaux.

Nous nous étonnons du silence de la communauté internationale, et nous sommes choqués du mutisme de la presse internationale face à la détresse du peuple djiboutien écrasé par le poids de 36 ans de dictature.

Le Comité USN France invite les organisations internationales des droits de l’homme et les organismes qui luttent contre la torture à se rendre en République de Djibouti afin d’évaluer la situation dramatique qui prévaut dans les centres de détention.

Le Comité USN France demande l’ouverture d’une enquête internationale sur la situation des droits de l’homme à Djibouti.

Le Comité USN France souhaite être reçue par les autorités françaises et européennes pour apporter les témoignages de la situation à Djibouti ou des propositions de sorties de crise.

Pour finir le Comité USN France invite l’Union Africaine, l’Organisation des nations Unies, l’Union Européenne et les pays amis du peuple djiboutien comme la France, les Etats-Unis à se saisir de la crise djiboutienne et à briser leur silence afin de stopper l’escalade de la violence à Djibouti, dangereuse pour l’avenir du pays mais également pour la sous-région pour laquelle Djibouti représente un relatif pôle de stabilité.

Nous vous prions d’agréer Monsieur, Madame, nos considérations les plus respectueuses.

Comité d’USN en France, Paris, le 25 juin 2013