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Djibouti : Plus de 85 jours de détention sans jugement à Gabode pour les 6 professeurs ...

D 15 septembre 2019     H 15:59     A ODDH (Djibouti)     C 0 messages


Abdoul-Mahin Hassan Cheick Osman, professeur d’économie - Mr Abdourazak Ibrahim Houssein, professeur de mathématiques - Mr Kassim Abdoulkader Mohomed, professeur de mathématiques - Mr Mohamed Samireh, professeur d’économie - Mr Moussa Djama Ali, professeur d’histoire/géographie et Mr Youssouf Mohamed Hamid, professeur de philosophie, sont toujours détenus dans la prison centrale de Gabode malgré la liberté provisoire accordée à deux (2) reprises par le parquet.

C’est suite à une plainte déposée le 9 juin 2019 par le MENFOP contre X pour publication, diffusion et vente des faux sujets du baccalauréat session 2019 sur les réseaux sociaux ainsi qu’une tentative de déstabilisation du système éducatif et une atteinte à la crédibilité du baccalauréat national pour laquelle ces 6 professeurs ont été interpellés le 11 juin 2019. C’est après deux (2) jours de garde à vue vers 22h, qu’ils ont été présentés en catimini au parquet pour être placés en mandat de dépôt à Gabode sans pour autant que le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle n’ait fourni des preuves tangibles.

Leur maintien en détention prolongée à Gabode dans des conditions exécrables et inhumaines en cette période de canicule où la température avoisine les 50 degrés n’a peut-être qu’un seul objectif, à savoir humilier le corps professoral et la fonction enseignante en distillant, en filigrane, la peur du pouvoir en place. Sinon, pourquoi faire subir cette torture morale à ces enseignants qui ne sont ni des délinquants ni des criminels mais dont certains sont père de famille si ce n’est qu’un procès politique ?

Gabode, comme tout à chacun le sait, est la célèbre triste prison centrale de Djibouti. Construite à l’époque coloniale, elle est toujours en service après 42 ans d’indépendance et surtout se trouve dans l’incapacité de répondre aux normes carcérales de notre temps. Cet héritage témoigne de l’incapacité de ceux qui ont confisqué le pouvoir. Un lieu de surpopulation où les conditions de détentions sont inhumaines : proximité et promiscuité, absence de sanitaire digne de ce nom, isolément, violations et violences, .... Pourtant, le droit international en matière des droits de l’Homme est très clair sur l’incarcération de tout individu. « Toute personne privée de sa liberté doit être traité avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine. » Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, ratifié par Djibouti en 2002 (article 10-1).

C’est dans ce contexte que ces enseignants ont entamé une grève de la faim dernièrement pour dénoncer leur détention arbitraire et les conditions exécrables de leur emprisonnement.
Selon des informations recueillies auprès de leurs proches, ils seront présentés à nouveau ce dimanche 8 septembre 2019 devant le tribunal.

 L’ODDH exige la libération immédiate et sans conditions de ces enseignants.

 L’ODDH dénonce par avance une justice à huis clos devenue monnaie courante et une justice djiboutienne sous tutelle au service de l’exécutif et du pouvoir politique.

 L’ODDH est profondément préoccupé par la multiplication de l’arbitraire touchant les citoyens djiboutiens sans distinction.

 L’ODDH dénonce et condamne comme à son habitude les violations répétées des droits fondamentaux et la mise entre parenthèses du respect des droits humains et de la démocratie.

 L’ODDH recommande au pouvoir de se conformer aux dispositions constitutionnelles relatives à la protection des citoyens, au respect des libertés fondamentales, à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi qu’à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Agir pour la démocratie, la dignité et la justice

Farah Abdillahi Miguil
Président de l’ODDH

Djibouti, le 6 septembre 2019