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Ethiopie : RSF dresse un bilan de la situation de la liberté de la presse

D 11 février 2012     H 05:14     A Reporters sans frontières     C 0 messages


Alors que deux journalistes suédois ont écopé, le 29 décembre 2011, à Addis-Abeba, d’une peine de onze ans de prison pour "entrée illégale sur le territoire éthiopien" et "soutien au terrorisme", Reporters sans frontières a effectué une mission en Ethiopie du 9 au 12 janvier 2012.

Le reporter Martin Schibbye et le photographe Johan Persson, de l’agence Kontinent, ont décidé le 10 janvier 2012, lorsque Reporters sans frontières se trouvait à Addis-Abeba, de ne pas faire appel et ont annoncé qu’ils demanderaient une grâce présidentielle.

"Il y a en Ethiopie une longue tradition de grâces et de pardons et nous avons choisi de nous en remettre à cette tradition", ont déclaré les deux Suédois depuis la prison de Kality, dans la capitale éthiopienne.

"Johan Persson et Martin Schibbye ont été arrêtés en compagnie de combattants de l’ONLF, mais n’ont jamais soutenu le terrorisme. Ils se sont rendus en Ogaden en mission journalistique. Nous sommes désormais entrés dans une nouvelle phase - celle de la négociation politique - et nous espérons que les autorités éthiopiennes, le National Pardon Board et toutes les parties impliquées parviendront à s’entendre pour que les deux journalistes soient relâchés dans les meilleurs délais", a déclaré Reporters sans frontières.

L’organisation a profité de son séjour sur place pour observer le niveau actuel de liberté de la presse dans le pays et évaluer les conditions de travail des journalistes éthiopiens. Le 19 janvier, plusieurs d’entre eux ont été reconnus coupables de "terrorisme".

Un arsenal législatif liberticide, des espaces d’expression qui s’amenuisent

Même si les dernières années ont été marquées par un climat tendu entre le pouvoir d’un côté et la presse privée de l’autre, ainsi que par une surveillance des journalistes les plus critiques, l’organisation reconnaît qu’il existe en Ethiopie un espace pour la liberté d’expression. Addis Zemen, en amharique, et le Ethiopian Herald, en anglais, sont les deux quotidiens publics. Existent également plusieurs titres privés comme Reporter, Addis Admas, Sendek, Mesenazeria, Fitih, en amharique, ou The Reporter et The Daily Monitor, en anglais. La presse privée est volontiers critique des politiques gouvernementales, même parfois provocatrice.

Mais Reporters sans frontières constate depuis un moment une réduction de la liberté d’expression en Ethiopie. Deux hebdomadaires en amharique, Addis Neger et Awramba Times, ont cessé de paraître depuis que les journalistes qui les animaient se sont résolus à fuir le pays, en décembre 2009 pour le premier et en novembre 2011 pour le second. Les observations et les entretiens que l’organisation a menés sur place ont confirmé cette situation.

Le pays s’est doté au cours des trois dernières années de lois - sur la société civile, sur la lutte antiterroriste, etc. - accusées d’empiéter sur les droits pourtant garantis par la Constitution éthiopienne. C’est en partie cet arsenal législatif qui a pour conséquence directe de réduire l’espace démocratique et la liberté d’expression.

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