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KENYA : A Dadaab, l’accès à l’aide miné par l’insécurité

D 5 novembre 2011     H 04:58     A IRIN     C 0 messages


DADAAB - Dans le plus grand complexe de camps de réfugiés au monde, les activités humanitaires ont été réduites aux services essentiels, face à l’augmentation des menaces sécuritaires. L’enlèvement de deux travailleuses humanitaires espagnoles le 13 octobre qui a fait suite au premier enlèvement - le chauffeur kenyan d’une organisation non gouvernementale (ONG) - dans ce camp de l’est du Kenya, illustre la détérioration de la sécurité.

Toutes les activités, à l’exception des services essentiels liés à l’alimentation, l’eau, la santé, la nutrition et certains services de protection infantile, ont été suspendues, de même que l’enregistrement des nouveaux arrivants dans l’ensemble de Dadaab.

Onze cas de choléra ont été confirmés, selon le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) qui a indiqué que la transmission [du virus] concernait les trois camps principaux.

« Nous sommes sur le qui-vive et nous utilisons des méthodes participatives communautaires pour atteindre les zones à risque afin d’y diffuser des messages concernant l’hygiène, » a dit Emanuel Auko, officier de santé publique à CARE, une ONG internationale.

La saison des pluies, qui dure d’octobre à décembre, exacerbe le risque de diffusion des maladies telles que le choléra. Les inondations ont emporté les tentes de quelque 5 000 personnes du nouveau camp Ifo 2, selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Quelque 460 000 réfugiés vivent à Dadaab, un camp qui avait été mis en place au début de la guerre civile en Somalie en 1991 et était prévu initialement pour 90 000 réfugiés.

Dans son bulletin hebdomadaire sur la crise dans la Corne de l’Afrique, OCHA a souligné que le fait que les cas de choléra étaient désormais traités en-dehors des hôpitaux par des « travailleurs communautaires » [du personnel recruté au sein de la communauté des réfugiés] soulevait des « inquiétudes majeures » ; cette situation est due à une forte réduction du nombre des travailleurs humanitaires habituellement basés à Dadaab.

Les pluies ont aussi empêché d’accéder au camp, d’en sortir ou d’y circuler par la route et ont endommagé les latrines. « Nous observons une montée inquiétante du nombre de cas de diarrhée aqueuse et une détérioration de l’ensemble de la situation sanitaire parmi les réfugiés ; environ 600 personnes se présentent ainsi chaque jour dans les centres de santé, » a indiqué le HCR dans une déclaration.

Durant plusieurs semaines jusqu’au 7 novembre, date à laquelle l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a commencé à fournir les moyens de transport, quelque 10 000 réfugiés étaient obligés de faire 12 kilomètres à pied pour aller d’un nouveau camp à un autre chercher leurs rations qui pèsent entre 20 et 30 kilos. L’insécurité empêchait en effet toute distribution au camp de Kambioos où vivent ces réfugiés.

L’insécurité a également affecté l’éducation à Dadaab, car le gouvernement kenyan a fermé les écoles primaires en avance et évacué la plupart des enseignants suite à des menaces sécuritaires . La session d’examens nationaux qui se tient actuellement ne devrait toutefois pas être affectée.
Questions sécuritaires

Le gouvernement kenyan a déployé davantage de policiers dans les camps pour améliorer la sécurité. Les forces militaires kenyanes sont engagées dans une intervention [ http://www.irinnews.org/report.aspx?reportid=94018 ] en Somalie : celle-ci vise les militants d’Al-Shabab qu’on accuse d’avoir organisé les enlèvements et autres attaques transfrontalières.
Les réfugiés de Dadaab ont récemment manifesté pour exprimer leur soutien à cette intervention. « Nous estimons qu’il est grand temps que les rebelles soient [battus] afin que nous puissions non seulement vivre en sécurité à Dadaab mais que nous puissions aussi un jour retourner dans notre pays, » a dit Kusow Noone, président de la communauté du camp d’Hagadera.

L’atmosphère reste cependant très tendue à Dadaab comme aux alentours. Un engin explosif a récemment été découvert près du camp d’Hagadera, alors même que les travailleurs humanitaires s’apprêtaient à reprendre les activités habituelles.

La communauté hôte, qui a elle aussi souffert de l’insécurité croissante et de la récente sécheresse, subit encore les effets de la pression des réfugiés [ http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?reportid=93661 ] .

« Ce genre de problèmes - les enlèvements et les meurtres - n’existaient pas avant que ces réfugiés somaliens poussés par la sécheresse n’envahissent les camps. Il faudrait les emmener autre part, » a dit un habitant local.

Source : http://www.irinnews.org