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Le Somaliland : un Etat fantôme ?

D 21 août 2012     H 05:21     A Ardo Mako     C 1 messages


Le Somaliland se situe au Nord de la Somalie et est
composée de deux états : le Somaliland (qui regroupe les
territoires des Gababuursis et des Issaq) autoproclamé. Et le
Puntland (qui appartient aux Darod) et qui milite depuis 1991
pour une Somalie unifiée avec Mogadishio comme capitale.

Depuis 2010, un groupe armé s’oppose à la souveraineté du
gouvernement du Somaliland et prétend libérer les régions de
Sool, Sanag et Cayn pour les rattacher à la Somalie. Alors que le
Puntland est en guerre contre les islamistes Al-Shabab qui eux
veulent créer un État islamiste somali. Ces deux états (en réalité
régions) coopèrent par ailleurs sur les questions de sécurité alors
qu’ils se combattent politiquement et économiquement.

La reconnaissance du Somaliland comme étant un état s’avère
donc quasi impossible. En effet, aucune des conditions exigée
par la Convention concernant les droits et devoirs des États,
signée à Montevideo le 26 décembre 1933 et qui prévoit (dans
son article 1) : « L’État comme personne de Droit international
doit réunir les conditions suivantes : 1) Population permanente.
2) Territoire déterminé. 3) Gouvernement. 4) Capacité d’entrer
en relations avec les autres États. » n’est remplie.

Ces dernières années le Somaliland a changé de stratégie et fait
du chantage grâce à la lutte contre la piraterie et le terrorisme.
Le 21 mars 2012 Mohamed Omar, le ministre des affaires
étrangères de la république autonome de Somalie, avait exprimé
cette volonté aux eurodéputés de la commission parlementaire
des affaires étrangères (AFET) : « Le Somaliland veut jouer son
rôle phare de la paix et de la sécurité dans la Corne de l’Afrique ».

Cet état n’exportait auparavant que du bétail vers les pays du
golfe ( prés de deux millions de têtes de bétail par an). Mais on
vient de découvrir qu’il dispose de richesses minière et pétrolière.
Cela pourrait donc inciter l’union européenne et les nations unies
à revoir leurs positions. De plus, l’Union Africaine semble aussi
envisager une telle reconnaissance. Dès 2005, une mission
d’information avait conclu que la situation était suffisamment « 
unique et auto justifiée dans l’histoire politique africaine » et que
« cette affaire ne devrait pas mener à l’ouverture d’une boîte de
Pandore ».

Mais les voisins du Somaliland (Djibouti et Ethiopie) refusent
l’entérinement de cet état de fait par peur de voir resurgir le
démon nationaliste. L’ Éthiopie se méfie d’un éventuel soutien
aux indépendantistes somalis de l’Ogaden (en plus des rivalités
religieuse, ethnique entre les deux pays). Ainsi en 1960, Hailé
Sélassié et Kenyatta avaient signé un traité pour faire face à la
Somalie dans ses « futures » réclamations des territoires perdus.
De plus, l’Ogaden pourrait s’inspirer du Somaliland en
s’autoproclamant indépendant (un territoire, un peuple, une
armée et un gouvernement) à son tour.

Enfin la diaspora somalie (dans les pays du golfe, Amérique et en
Europe) portent encore le rêve de la grande Somalie. Pour toutes
ces raisons le Somaliland semble être la dupe de bonne foi de cet
état fantôme.

Ardo Mako

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