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SOMALIE : La taxe imposée par Al-Shabab menace les conditions de vie de la population

D 11 octobre 2011     H 04:41     A     C 0 messages


NAIROBI - La perspective de la fermeture définitive de deux des principales sociétés de télécommunications somaliennes et d’une importante société de transfert d’argent a alarmé des responsables et des analystes qui s’inquiètent de l’impact de ces fermetures sur les conditions de vie de la population et la distribution de l’aide alors que le pays est confronté à une urgence alimentaire, voire à la famine dans certaines régions.

Le 30 septembre, le groupe d’insurgés islamistes Al-Shabab a ordonné aux sociétés Nationlink, Telecom Somalia et Dahabashiil, la plus grande société de transfert d’argent du pays, de cesser leurs activités. Bien que cet ordre ait été annulé quelques jours plus tard, le groupe Al-Shabab a indiqué que ces sociétés ne seraient autorisées à poursuivre leurs activités qu’à la condition qu’elles commencent à payer la zakat, une forme de charité et un des cinq piliers de l’islam. La zakat représente en général 2,5 pour cent des revenus annuels d’une personne.

« Nos activités ont été interrompues dans le sud et dans le centre de la Somalie, mais aujourd’hui elles ont repris », a dit un responsable de Nationlink qui a souhaité conserver l’anonymat.

La société de télécommunications Hormood, l’autre grande société de télécommunications du pays, a échappé à la fermeture.

Selon un journaliste de Mogadiscio, si les sociétés se conforment aux demandes d’Al-Shabab, cela représentera « des centaines de milliers de dollars, voire un million ou plus » en paiements.

Le journaliste a indiqué que, bien que les sociétés aient obtenu l’autorisation de reprendre leurs activités, « le problème n’a pas été résolu et si les sociétés ne paient pas, elles pourraient être forcées de fermer leurs portes  ».

Mark Bradbury, directeur du Rift Valley Institute, a dit à IRIN que l’action entreprise par Al-Shabab risquait d’être dévastatrice : les transferts d’argent et les sociétés de télécommunication sont en effet importants, car elles facilitent les paiements.

« Nombreuses sont les preuves qui montrent que les versements d’argent augmentent dans les périodes de grande difficulté, comme une sécheresse ou des inondations, lorsque les autres stratégies d’adaptation ne fonctionnent pas », a dit M. Bradbury. « Les familles somaliennes dépendent dans une large mesure des versements effectués par leurs proches qui vivent à l’étranger. Elles dépendent en effet davantage des versements que de l’aide étrangère  ».

Un membre de la société civile a dit à IRIN que le moment choisi pour la fermeture des sociétés et la menace de la mise en ouvre d’autres actions - alors que la famine affecte la Somalie et que les activités des sociétés de télécommunications et de transferts d’argent sont vitales pour le pays - était étrange. « Pourquoi ont-ils choisi ce moment pour nous menacer ? Ils ne peuvent ignorer que la plupart d’entre nous dépendent d’eux pour survivre »s.

Dans une déclaration du 2 octobre, le ministre somalien de l’Information, Abdulkadir Hussein Mohamed, a indiqué : « La fermeture [temporaire] porte non seulement atteinte à deux des sociétés les plus dynamiques du pays, qui emploient des centaines de milliers de Somaliens, mais elle entrave également les efforts humanitaires, car la diaspora somalienne et certaines agences humanitaires utilisent le système de transfert d’argent [de Dahabashiil], qui est rapide, fiable et couvre pratiquement tout le pays. C’est un autre moyen pour Al-Shabab d’empêcher l’aide d’arriver aux personnes qui en ont besoin ».

Laura Hammond, conférencière à la School of Oriental and African Studies de Londres, a dit que si les sociétés acceptent de verser la taxe demandée par Al-Shabab, elles prennent le risque de violer les lois des pays dans lesquels elles travaillent et où le versement d’argent à des organisations considérées comme terroristes est interdit.

« Cela pourrait mettre ces sociétés et les personnes qui les utilisent pour transférer de l’argent dans une position de grande vulnérabilité si l’on considère qu’elles soutiennent ces groupes  », a dit Mme Hammond.

Selon un journaliste de Mogadiscio, la demande d’Al-Shabab pourrait indiquer que le groupe est confronté à des problèmes de ressource.

« Les ressources qu’ils percevaient de l’extérieur sont peut-être épuisées, alors maintenant ils essayent de forcer les entreprises somaliennes à leur verser des taxes », a dit le journaliste. « Malheureusement, les sociétés de télécommunications et de transfert d’argent sont très vulnérables et sont des cibles faciles, car elles ont des activités dans tout le pays, jusque dans les endroits les plus isolés  ».

Les Nations Unies ont indiqué que, sans une intervention rapide, 750 000 Somaliens risquent de mourir.

Source : http://www.irinnews.org