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SOUDAN DU SUD : Iklas Ahmed, « Depuis mon arrivée, personne n’est venu me parler ou m’indiquer où nous installer »

D 31 décembre 2011     H 04:36     A IRIN     C 0 messages


DJOUBA - Des convois de péniches quittent régulièrement le Nord-Soudan pour le port de Djouba, mais trois mois après leur arrivée, Iklas Monu Ahmed et ses quatre enfants campent encore sur le quai. L’année dernière, plus de 350 000 Sud-Soudanais sont revenus de leur propre initiative et l’Organisation internationale des migrations (OIM) a fourni de l’aide à 20 000 rapatriés depuis janvier, lorsque le pays s’est prononcé en faveur de la sécession. Selon les estimations, jusqu’à un million de Sud-Soudanais se trouvent toujours dans le Nord alors que le 9 avril approche : à cette date, ils devront « avoir obtenu des papiers ou partir ».

Nombre de rapatriés ont besoin d’aide alimentaire et de produits de base, ainsi que d’une parcelle de terre pour construire une nouvelle vie dans une nation jeune où les opportunités sont rares. Mme Ahmed est désespérée ; Mamdu, 3 ans, est allongé sur le ventre, sur un simple cadre de lit. La famille est coincée, confrontée à la maladie et à la faim.

« J’ai été emmenée à Khartoum à l’âge de 11 ans ... Aujourd’hui, j’en ai 31. Ça allait bien à Khartoum. Je travaillais ... et j’arrivais à nourrir ma famille.

« Mais depuis notre arrivée, il n’y a personne pour nous recevoir et nous amener à la maison. La vie est difficile, il n’y a pas de nourriture, et je suis venue avec mes enfants. Le plus jeune est malade en ce moment et les plus âgés sont partis en ville pour trouver quelque chose pour le soigner.

« Bien sûr, Djouba est ma ville, je veux rester, mais je n’ai nulle part où aller et je n’ai personne pour prendre soin de moi. Si seulement je pouvais avoir une parcelle de terre, je pourrais y installer ma famille et ce que je possède, je pourrais faire quelque chose pour moi, je pourrais cultiver du thé et alors j’aurais de quoi faire vivre ma famille.

« Depuis que je suis ici, personne n’est venu, que ce soit du gouvernement ou d’une des agences, personne n’est venu me parler ou au moins me montrer où nous installer.

« On nous a donné des cartes, des cartes [de rationnement], mais jusqu’à présent on ne nous a servi ni nourriture, ni produits non alimentaires.

« J’ai quitté Djouba après la mort de ma mère, j’avais 11 ans et mon père n’était pas là. Quand je suis arrivée à Khartoum, je me suis installée chez des parents de ma mère, je me suis mariée à un homme originaire du Darfour et puis nous nous sommes séparés.

« Je travaille dans des hôtels, je fais la vaisselle et je vais chercher de l’eau. Je suis payée 10 livres [3,70 dollars] par jour et j’achète de la nourriture pour mes enfants tous les soirs.

« Mais cela fait trois jours que je ne vais pas travailler, car mon fils est malade. Je l’ai emmené à l’hôpital et on lui a prescrit des médicaments, mais ça n’est pas facile de les acheter dans les cliniques, car nous n’avons pas d’argent.

« Mon fils a le paludisme et il vomit chaque fois qu’il met quelque chose dans sa bouche.

« Nous dormons à l’extérieur, ici, sur le sol.

« Je suis revenue, car le pays est en paix maintenant, c’est un pays à part entière et je suis revenue chez moi comme tout ressortissant de ce pays.

« Si seulement je pouvais obtenir une parcelle de terre, je pourrais faire vivre ma famille, comme à Khartoum.

« Beaucoup de choses ont changé à Djouba, mais il me faut une parcelle de terre pour participer à ces changements.

« Dans le Nord, on vit comme des réfugiés, car on ne s’installe pas et on vit dans la peur. Ici, quand on a une parcelle de terre, on peut s’installer ».

Source : http://www.irinnews.org