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SOUDAN : Inquiétude grandissante pour les civils confrontés aux conflits au Sud-Soudan

D 24 mai 2011     H 04:23     A IRIN     C 0 messages


DJOUBA - À moins de trois mois de l’accession à l’indépendance du Sud-Soudan, l’augmentation soudaine des conflits dans la région suscite des inquiétudes pour la sécurité des civils et des travailleurs humanitaires, ont indiqué des responsables.

D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) [ http://www.unocha.org/aggregator/categories/3?page=22 ], les combats intenses ont fait plus de 800 victimes et entraîné le déplacement de 94 000 personnes depuis le référendum de janvier qui a vu une grande majorité de Sud-Soudanais se prononcer en faveur de l’indépendance.

Selon des responsables toutefois, un récent regain de violence entre l’armée du Sud-Soudan et des groupes rebelles a porté à près de 1 000 le nombre de victimes et à 100 000 le nombre de personnes déplacées.

« Les combats ont été intenses ces derniers jours », a indiqué Malaak Ayuen, porte-parole de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS). « La semaine dernière [18-24 avril], au moins 100 personnes ont trouvé la mort dans l’État d’Unity et plus de 60 personnes ont été tuées dans l’État de Jonglei ».

Selon des responsables locaux, des milliers de civils ont fui au cours des combats livrés dans l’État d’Unity.

« Nombre de maisons ont été brûlées au cours des combats, et les gens ont fui l’insécurité », a dit Charles Kuol, commissaire du comté de Mayom, où certains des combats les plus intenses [ http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportID=92354 ] se sont déroulés entre l’APLS et les forces de Peter Gadet, un ex-général de l’armée qui a rejoint les rebelles.

« Plusieurs milliers de personnes - 15 000 selon nos estimations - ont fui, et nous nous efforçons de leur fournir un abri, de la nourriture et de l’eau », a ajouté M. Kuol. « Nous avons besoin d’aide, car les rebelles ont placé des mines sur les routes et nous avons du mal à faire parvenir les fournitures jusqu’ici ».

Des travailleurs humanitaires ont également été pris pour cible. Le 23 avril, un membre du personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) a été abattu par des tireurs non identifiés dans le comté de Duk, dans l’État de Jonglei, et deux personnes travaillant pour l’Office des migrations internationales (OMI) ont également été portées disparues.

« Leurs véhicules ont été réquisitionnés par l’APLS le 19 avril, des soldats sont montés à bord et les ont forcées à se rendre dans une région de l’État d’Unity touchée par les conflits », a dit Georg Charpentier, coordonnateur des Nations Unies au Soudan.

L’État d’Unity, qui produit du pétrole, s’efforce de réprimer la rébellion menée par M. Gadet, qui a combattu au sein des forces supplétives soutenues par le nord du pays au cours de la guerre civile soudanaise de 1983 à 2005 avant de rejoindre l’armée du Sud-Soudan, puis la rébellion.

Le Sud-Soudan doit lutter contre au moins sept milices, principalement regroupées dans les États d’Unity, du Nil supérieur et de Jonglei.

Les motivations des rebelles sont complexes : nombre de soldats d’infanterie semblent être motivés par des griefs locaux, des différences ethniques et un manque d’opportunités, mais leurs dirigeants indiquent qu’ils combattent « la corruption et la répression de l’opposition » par le gouvernement sud-soudanais.

« Nous nous battons pour une transformation démocratique », a dit Bol Gathuoth Kol, porte-parole de M. Gadet.

Des détracteurs soutiennent cependant que les rebelles n’ont d’autre objectif que de s’emparer de l’argent et du pouvoir. À l’approche de l’accession à l’indépendance, les groupes se livrent à une véritable lutte d’influence.

Violations des droits

Human Rights Watch (HRW), un groupe de pression basé aux États-Unis, a accusé les rebelles et l’armée d’avoir perpétré des violations des droits de l’homme au cours des combats survenus dans l’État du Nil supérieur en mars dernier.

Bien que l’APLS réfute le rapport de terrain, HRW a indiqué disposer « de preuves documentées montrant que les soldats ont tiré sans distinction sur des civils et qu’ils ont brûlé et pillé des maisons ».

« Ni les forces armées, ni les rebelles n’ont pris suffisamment de précautions pour protéger les civils lors des conflits, même si des signes évidents annonçaient l’imminence des combats », a indiqué Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de HRW, dans une déclaration [ http://www.hrw.org/en/news/2011/04/19/southern-sudan-abuses-both-sides-upper-nile-clashes ] du 19 avril.

« Le gouvernement doit envoyer un message fort et clair indiquant qu’il ne permettra pas aux soldats de maltraiter les civils ou de ne pas les protéger lors des combats ».

Des analystes ont indiqué que le maintien de la sécurité présentera un défi majeur pour les autorités de Djouba durant la période précédant la reconnaissance internationale prévue pour le mois de juillet.

Le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, a toutefois réitéré sa volonté d’accepter les rebelles s’ils se rendent.

« Mes frères et sours qui avez décidé de prendre les armes pour telle ou telle raison, sachez que nos cours restent ouverts à ceux qui acceptent de rendre les armes et de se réconcilier », a dit M. Kiir dans un message de Pâques délivré le 24 avril. « J’appelle la population du Sud-Soudan à maintenir la paix et l’harmonie ».

M. Kiir a indiqué que la protection de la population était la « priorité du gouvernement ».

Avant l’annonce de l’indépendance le 9 juillet prochain, un accord sur les questions essentielles - comme la frontière, le partage des richesses et la citoyenneté - doit être conclu. Les progrès sont lents, et la région disputée d’Abyei constitue une pierre d’achoppement importante depuis l’échec enregistré dans l’organisation d’un référendum sur l’avenir de la région en janvier dernier.

Source : http://www.irinnews.org