Résolution de l’ONU, la France et les Etats-Unis s’accordent pour intervenir au Sahel
30 juin 2017 04:19 0 messages
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté une résolution portée par Paris qui permet le déploiement d’une force « anti-jihadistes » dans la région du Sahel. Après un refus de Washington à voter tout texte, les deux puissances impérialistes sont parvenues à un accord.
Le G5 Sahel composé de cinq pays – Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso – est un cadre de coopération régional en matière de politiques de développement et de sécurité, créé en 2014. Il apparaît comme le pendant politique et économique sahélien de l’opération militaire française au Mali – opération Barkhane. En mars dernier, les cinq pays ont accepté de constituer une force intervention anti-terroriste de 5 000 hommes.
La France présentait il y a deux semaines un premier projet de résolution au conseil de sécurité pour autoriser cette force à disposer d’un mandat de l’ONU pour « utiliser tous les moyens nécessaires » afin de « combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes ».
Les Etats-Unis s’y étaient opposés, estimant que le projet de résolution manquait de précision et qu’une simple déclaration du Conseil pourrait être suffisante.
Cette résolution est cependant centrale car le Sahel est un théâtre majeur d’opérations militaires pour la France dans la continuité des interventions militaires françaises au Mali et dans la région. Le mardi 20 juin, Paris et Washington sont parvenues à un accord. Dans les grandes lignes, il ne s’agit plus d’autoriser la force antiterroriste du G5 Sahel mais simplement de saluer son déploiement. Ce glissement sémantique rassure les Américains qui ne souhaitaient pas donner un blanc-seing de l’ONU à cette force africaine.
Dans le langage hypocrite des grandes puissances qui contrôlent l’ONU, cette nouvelle intervention militaire serait motivée par des considérations démocratiques et humanitaires. Il s’agirait de « protéger des civils », de promouvoir la « démocratie » et ainsi de suite. En réalité, cette résolution de l’ONU – comme toutes ses décisions, sans exception – vise à défendre les intérêts économiques et stratégiques des grandes puissances impérialistes.
La France possède des réseaux politiques et économiques qui entretiennent son influence néo-coloniale dans la région. Si les rapports sont différents que ceux qui structuraient le contexte colonial, les intérêts et privilèges de l’État français et des multinationales hexagonales sont protégées par cet autre système de domination qu’est la Françafrique. La France est intervenue suite aux « demandes » de certains de ces gouvernements pour endiguer les révoltes sociales mais aussi pour lutter soi-disant contre le terrorisme. Face à eux se trouvent, d’une part, des groupes touaregs qui revendiquent et demandent encore aujourd’hui l’indépendance de l’Azawad, au nord du Mali, ainsi que le droit à l’autodétermination ; et d’autre part des islamistes opposés au gouvernement actuel.
Ces derniers temps, c’est sous l’opération « PANGA », menée par les armées maliennes, burkinabés et l’opération Barkhane (armée française) que s’est joué un conflit contre des islamistes au Sahel.
Le Sahel est une région qui longe l’Afrique de l’est à l’ouest et est la frontière naturelle avec le désert du Sahara. Mais elle est surtout un lieu riche de matières premières dont la France est le premier bénéficiaire grâce à des contrats importants entre les différents pays. Le Sahel est souvent appelé l’Eldorado des matières premières : du pétrole, du gaz, mais aussi l’uranium utile pour la production électrique exploitée par la firme française AREVA.
On comprend d’ores et déjà les intérêts français ainsi que la présence des forces armées françaises dans ces différents pays. Elle souhaite, par l’aide octroyée d’un point de vue militaire, de disposer de contrats importants.
Déjà, les grandes entreprises françaises sont bien implantées dans ces régions, comme les entreprises Bolloré qui ont les télécommunications, mais aussi l’acheminement pour toutes entreprises voulant exploiter les terres ainsi que les matériels permettant de trouver les matières premières.
La France a toujours eu des intérêts économiques et géopolitiques en Afrique. De par sa puissance militaire, elle impose aux autres sa présence dans les pays où elle a des intérêts à protéger. Le gouvernement français se retrouve dans différents conflits qu’elle orchestre pour garder une main mise en s’appuyant sur les gouvernements locaux.
La militarisation française de toute la zone sahélienne sème le chaos et nourrit les groupes terroristes. Gouvernée par des intérêts économiques et géopolitiques, elle est un réel désastre pour les populations locales, engendrant misère et mort. Violence supplémentaire perpétrée par l’armée française : les nombreux viols commis par des soldats français.. Plusieurs enquêtes avaient en effet été ouvertes en 2014, mettant en cause des soldats français déployés dans le cadre de la mission française Sangaris, dans de sordides affaires de viols, tolérés par les institutions de l’impérialisme français qui ne les ont pas condamnés.
Ces crimes commis contre les populations locales sont indissociables de la politique française étrangère d’oppression et de spoliation. Macron avait dédié son premier voyage officiel en Afrique au Mali rendant visite aux soldats français de l’opération Barkhane. Une façon claire de s’inscrire dans la continuité de la politique impérialiste du gouvernement Hollande, champion des interventions militaires qui ne servent qu’à l’État français et ses multinationales.
C’est pourquoi il est nécessaire de les dénoncer et d’exiger le retrait des troupes françaises de l’Afrique, l’arrêt des interventions impérialistes et soutenir les résistances pour ceux ne voulant, ni terroristes, ni impérialistes, pour reprendre les moyens de productions et industriels au bénéfice direct de la population.
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