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6ème CONGRES ORDINAIRE DU PARTI COMMUNISTE DU BENIN

DISCOURS D’OUVERTURE par Philippe NOUDJèNOUMè, Premier Secrétaire du PCB

D 13 septembre 2012     H 05:55     A     C 0 messages


Camarades Délégués des différentes Instances et Organisations du Parti, Camarades Représentants des Partis Frères présents à notre Congrès, Messieurs les Représentants des Partis politiques amis, Chers amis Représentants de toutes les Organisations de masses, syndicales, de Travailleurs, de Jeunes, de Femmes, d’intellectuels traditionnels et Dignitaires,
Le Sixième Congrès du Parti Communiste du Bénin qui se réunit ce jour 23 août 2012 se tient sous le thème : « Le prolétariat, les peuples du Bénin et du monde et la question de la prise de pouvoir aujourd’hui : les enseignements du marxisme-léninisme et l’expérience du Parti Communiste du Bénin ». L’élément central du thème est la question de la prise du pouvoir par le prolétariat et les peuples. Cette question est-elle au centre des problèmes actuels ?

Si oui quels sont les enseignements de nos maîtres, les pères fondateurs du marxisme et qu’ont été et sont la position et la pratique de notre parti par rapport à cette question ? Telle est la quintessence du présent discours.
Mesdames et Messieurs, la question du pouvoir est au centre
de la situation internationale actuelle.

1°- La crise économique de 2007-2008 qui secoue le système capitaliste mondial est la plus grave jamais produite depuis la grande crise de 1929. Celle-ci se manifeste par l’hypertrophie du rôle du capital financier au détriment du capital productif. Ce qui conduit à la financiarisation extrême de l’économie mondiale. Ainsi accroissement des immenses capacités productives mondiales et de la production avec concentration extrême des richesses à un pôle de plus en plus réduit, accroissement de la famine et de la misère de la grande majorité des habitants à l’autre pôle. Cette crise économique met fin à un cycle avec ses repères théoriques et contraint les grands acteurs de la scène mondiale à remiser leurs théories si ce n’est ouvertement, du moins dans la pratique, marquant l’échec total de la voie de l’ultralibéralisme prôné par le FMI et la Banque Mondiale. Cette crise se poursuit et s’exacerbe depuis 4 ans malgré toutes les thérapies préconisées et employées mettant à terre beaucoup de pays développés. L’économie des pays comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne est effondrée.
Partout, c’est l’impasse et alors ressort la doctrine de Marx. Les peuples crient qu’un autre monde est possible et celui-ci ne peut être que celui menant au socialisme.

2°- A l’instar de celle de 1929 - qui vit la montée de l’URSS comme une puissance mondiale, la crise de 2008 vit l’émergence d’une nouvelle puissance, la Chine qui se positionne désormais comme un acteur de premier plan dans les affaires du monde. L’unipolarité du monde sous la direction de l’hyperpuissance américaine a vécu. On assiste aujourd’hui à une sorte de multipolarité avec l’émergence à côté des anciennes puissances, de nouveaux acteurs principaux de la situation mondiale, le groupe dit de BRIC : Brésil, Russie, Inde, Chine. A l’analyse, le leadership de la gouvernance du monde apparaît comme devant, au 21ème siècle se jouer au sein des pays qui à l’échelle des grandeurs, domine au plan démographique : ce sont la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, le Brésil, la Russie, l’Indonésie, et peut-être plus tard le Nigeria. Autrement dit, dès lors qu’un Chinois ou un Indien ou encore un Nigérian moyen aura atteint le niveau culturel et technologique d’un Américain moyen, la production chinoise ou indienne ou nigériane du point de vue de masse, sera au moins de deux fois celle des Etats-Unis.

3°- Face à cette crise économique mondiale qui est loin de se résorber, la bourgeoisie des pays capitalistes développés déploie des stratégies dans deux directions : la première consiste à rejeter les effets de cette crise sur la classe ouvrière de plus en plus déplumée des acquis sociaux du lendemain de la deuxième guerre mondiale. La deuxième consiste à accroître le pillage des pays néocoloniaux et dépendants. La conséquence de toute cette situation, c’est l’aggravation à l’extrême des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière dans les métropoles impérialistes et celles des peuples dans les pays dominés. Ce qui constitue des bases objectives de combat planétaire.

4°- L’émergence de nouveaux acteurs au plan mondial accroît les rivalités inter-impérialistes pour un repartage du monde en vue du contrôle des sources d’approvisionnement des matières premières et des marchés ; ce qui explique l’éclatement par-ci par-là des guerres locales ou sectorielles. Celles-ci n’étant que la conjonction de deux facteurs : le premier, les luttes d’émancipation des peuples ; le deuxième, les rivalités inter-impérialistes, ce qui donne à ces guerres l’allure de guerres inter-impérialistes par procuration des pays dépendants. La guerre actuelle en Syrie est un exemple du genre. On voit bien comment les revendications démocratiques d’un peuple peuvent être manipulées et instrumentalisées par les puissances impérialistes pour assouvir leur soif de domination au Proche-Orient.

5°- L’Afrique est l’épicentre de tous les maux de l’humanité à l’heure actuelle : famine, misère, analphabétisme, obscurantismes, maladies diverses, guerres, règne des autoritarismes moyenâgeux et pro-impérialistes, destructions massives des cultures par l’invasion des sectes et religions étrangères révélées. C’est aujourd’hui le seul continent où les peuples ne sont pas maîtres chez eux, mais sont les dominés des puissances impérialistes traditionnelles, ce qui constitue objectivement le champ privilégié d’affrontements entre les anciennes puissances dominantes comme la France et les puissances émergentes comme la Chine, l’Inde, le Brésil. Un simple regard sur la planète montre la multiplicité des guerres sur le continent : au Soudan, en Côte d’ivoire, en Lybie, au Mali, au Congo démocratique, sans oublier beaucoup d’autres pays en situation de guerre larvée, comme au Togo, Guinée Bissau, Tchad, etc. Mais l’Afrique c’est aussi le continent qui regorge des réserves les plus vastes du monde en minéraux stratégiques, en terres rares, uranium, diamant, bauxite, pétrole, etc. Et cette situation explique tous les malheurs du continent exposés plus haut.

6°- Le cas malien doit nous interpeller. Depuis quelque temps le Mali, autrefois déclaré pays pauvre, devient un Etat minier. Et comme par hasard, les richesses minières du pays (or, pétrole, gaz, etc.) se situent principalement dans le Nord, les trois régions de Kidal, Gao, Tombouctou aujourd’hui objets de sécession. Et selon les informations, beaucoup des contrats concernant ces réserves auraient été concédées à des sociétés autres que françaises. Comme par hasard les responsables du MNLA ont pion sur rue à Paris et accès libre aux grands media français tels France 24 etc. Certes dans tous les pays africains la question nationale se pose et nécessite d’être traitée avec beaucoup de circonspection. Nous avons toujours défendu à ce propos le principe de l’égalité de toutes les nationalités, leur droit à l’autodétermination, leur droit à disposer d’elles-mêmes. Mais dans le cas d’espèce, derrière l’indépendance proclamée de l’Azawad se profile l’ombre des puissances impérialistes, notamment françaises. Et les gesticulations de la CEDEAO (sous la direction du président ivoirien, Ouattara, imposé par la guerre un an plus tôt au peuple ivoirien, ou d’un YAYI Boni, craignant de subir le même sort qu’ATT) pour une intervention étrangère au Mali nous confortent dans l’idée qu’il s’agit d’un complot impérialiste contre les peuples du Mali. L’on doit laisser les peuples maliens régler en toute souveraineté leurs problèmes propres sans ingérence étrangère.

7°- Aujourd’hui face à la volonté d’émancipation des peuples africains ainsi qu’à la pénétration chinoise en Afrique s’édifie comme un axe Etats-Unis- Union Européenne pour l’occupation physique du continent. Sous le faux prétexte de lutte contre le « terrorisme », la « piraterie » on note l’accroissement d’une présence militaire Française et américaine dans les pays du Sahel et dans le Golfe de Guinée. Il s’agit d’une stratégie de contrôle militaire de l’Afrique dénommée Africom qui a pour objectif en réalité de contrer les avancées des pays émergents en particulier la Chine en Afrique et de maintenir dans le giron des puissances de l’OTAN le continent à immenses potentialités minières stratégiques.
Soulignons que dans ces rivalités inter-impérialistes, la France a été et est encore la plus agressive, celle qui a commis et commet les crimes les plus horribles contre les peuples africains avec des centaines de milliers et même de millions de morts (Algérie, Madagascar, Cameroun, Rwanda, Congo, Nigeria-Biafra, Togo), maintien des bases militaires françaises sur le continent, confiscation de la souveraineté monétaire, linguistique, culturelle des ex-colonies françaises. Et dernièrement la barbarie perpétrée par les impérialistes français sous la direction du gouvernement de droite de Sarkozy contre les peuples ivoirien et libyen.
Chers congressistes, chers amis, camarades travailleurs et jeunes,

8°- Ce qui caractérise particulièrement la situation actuelle par rapport au dernier Congrès de 2005, c’est que la contre-révolution des années 88-92 a épuisée ses ressources et l’humanité est rentrée de plain pied dans une période révolutionnaire. Le terme « révolution » dans le domaine social, naguère voué aux gémonies sous la contre-révolution triomphante, est revenu au cœur de l’actualité. L’insurrection des peuples contre leur pouvoir est désormais reconnue par l’éthique universelle comme un droit inaliénable des travailleurs et des peuples et le dirigeant qui s’y oppose ou tente de la réprimer est condamné pour crime contre son peuple. La chose est telle que les puissances impérialistes se sont senties obligées de se couvrir de faux révolutionnaires, de fomenter de fausses révolutions pour agresser les peuples comme cela s’est vu notamment en Lybie et se voit en Syrie.

9°- Ce que donc l’histoire actuelle nous donne de vivre, à notre génération, et qui en constitue une caractéristique essentielle, c’est les révolutions à travers le monde. Partout, les peuples insurgés contestent un pouvoir, exigent un autre, parviennent à renverser les dictateurs, comme en Tunisie, comme en Egypte, à secouer les assises des gouvernements au service du capital financier, tels que ceux de Papandréou en Grèce, de Berlusconi en Italie ou de Sarkozy en France, mais ne prennent pas le pouvoir. Les peuples se battent avec vaillance ; mais une fois l’ancien pouvoir renversé, les peuples voient leurs victoires volées par la bourgeoisie qui use de ruse, de duperie, de violence, viole ses propres professions de foi démocratiques pour garder le pouvoir.
Nous dirons pour paraphraser Lénine que le prolétariat et les peuples se battent la bourgeoisie se faufile ou se maintient au pouvoir. Pourquoi une telle situation ? Les travailleurs, les jeunesses combattantes et les peuples sont interpellés et se doivent de résoudre ce problème à eux posé. Les armées battues seront à bonne école et tireront les leçons. Nous, au Parti Communiste, nous savons que lorsqu’un problème est posé c’est que la solution elle-même y est contenue. Comme le dit Marx « L’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre car à y regarder de près, il se trouvera toujours que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà où du moins sont en voie de devenir ». (Marx, « Préface à « Contribution à la critique de l’économie politique »).
Il s’agit pour nous communistes, d’assumer cette interrogation de l’histoire pour aider les travailleurs et les peuples à lui trouver la réponse adéquate, d’aider de toutes nos forces à l’avènement du pouvoir des travailleurs et des peuples.

Camarades, Mesdames et Messieurs, Comment la question de la prise du pouvoir par le prolétariat et les peuples est vue par le Parti Communiste du Bénin ?

10°- A sa création en 1977 sous l’initiative et la direction de Pascal FANTODJI, le Parti Communiste du Dahomey aujourd’hui Parti Communiste du Bénin, a analysé notre société et observé qu’elle restait toujours dominée principalement (sur les plan linguistique, monétaire, économique et partant politique) par l’ancienne puissance coloniale, l’impérialisme français qui bloque toute possibilité de développement autonome et rapide du pays. Ainsi, comme l’a souligné notre programme, notre pays souffrait et souffre toujours moins du capitalisme que de son faible développement. Or le socialisme procède du capitalisme développé. Le Parti devra alors conduire à cette étape au Dahomey, une Révolution Nationale Démocratique Populaire et Anti-impérialiste - par le renversement du pouvoir de la classe haute bourgeoise, tout entière vouée au service de l’impérialisme français et qui était représentée à l’époque par le pouvoir despotique pseudo-révolutionnaire de Kérékou-PRPB - pour l’avènement du pouvoir des travailleurs et des peuples. Cette révolution ne sort pas du cadre bourgeois. Sa tâche historique est de lever de la façon la plus énergique les entraves (coloniales et néocoloniales) au développement rapide et harmonieux du capitalisme dans notre pays, afin de faciliter la transition au socialisme. L’observation, entre autres, les traditions de soulèvements populaires de notre peuple (1923 à Porto-Novo et à Grand-Popo, la « révolution » d’octobre 1963, les soulèvements populaires de 1965, 1967 de 1975 à Cotonou et Abomey), a assis notre conviction de baser la tactique de renversement sur l’insurrection populaire.

11°- Ainsi, dès le départ et tout au long de son histoire de 35 ans maintenant, le PCD aujourd’hui, PCB a toujours visé le pouvoir. Mais pas n’importe quel pouvoir. Le PCB a combattu les pouvoirs croupions des anciens colons, a appelé les travailleurs, la jeunesse et les peuples à les combattre et à les renverser pour un autre pouvoir, celui des travailleurs et des peuples. Le PCB veut, appelle, œuvre à l’avènement du pouvoir des travailleurs et des peuples, à la prise du pouvoir par les travailleurs et les peuples. Les hauts-bourgeois qui comprennent bien cela, à savoir que le PCB veut un pouvoir différent, voire contraire au leur, mentent en disant que le PCB ne voudrait pas du pouvoir afin que les travailleurs et la jeunesse ne viennent pas avec les communistes qui seuls peuvent les guider pour la prise du pouvoir !

12°- Les entraves au développement de notre pays sont connues : il s’agit en premier lieu de l’analphabétisme ; encore aujourd’hui les deux tiers des producteurs de notre pays ne savent ni lire ni écrire en aucune langue. Et on ne peut lever cette entrave autrement que par l’instruction de ces analphabètes dans leurs langues maternelles qu’ils maîtrisent déjà. Notre système éducatif doit donc être revu, non pas par l’introduction des langues maternelles dans le système actuel néocolonial, mais par l’instruction dans nos langues maternelles. La seconde entrave, c’est que nous produisons pour les autres. Les ressources du pays sont orientées à la production de ce que nous ne consommons pas et à la consommation de ce que nous ne produisons pas. Les producteurs nationaux, paysans, artisans, chefs d’entreprises nationales, artistes ne sont pas soutenus ou ne le sont que s’ils se soumettent à ce système et aux monopoles étrangers. Ainsi l’a voulu le colon, et c’est ce système qui se perpétue avec comme chapeau le franc CFA, géré par le Trésor français à travers l’UEMOA et la CEMAC sous la férule des pouvoirs néocoloniaux ou dépendants qui se sont succédé depuis 1960. Le résultat, c’est ce que tout le monde a constaté : après cinquante ans, notre pays est toujours à la traine, car on n’a pas rompu avec le système colonial.

13°- L’action du PCB est dirigée contre ce système pour le pouvoir des travailleurs et des peuples. Le pouvoir a des attributs simples mais forts. Le pouvoir, c’est d’abord le droit de désigner les gestionnaires et administrateurs, de les contrôler et de les sanctionner positivement ou négativement. Le pouvoir souverain, c’est le droit d’affecter et d’utiliser les ressources matérielles, financières et culturelles à son profit. C’est le droit d’utiliser la ressource la plus répandue, nos langues pour nous instruire et nous administrer. Examinons comment s’exerce le pouvoir dans une entreprise privée. Les actionnaires se réunissent en une assemblée générale, élisent un Conseil, le Conseil d’Administration, lequel élit le Directeur général, le contrôle et rend compte à l’Assemblée générale. Le pouvoir des travailleurs et des peuples, c’est un peu comme cela : des travailleurs d’une administration ou entreprise publique se réunissent en assemblée générale et procède à l’élection de leurs dirigeants soit directement soit par l’intermédiaire d’un Conseil ou Comité chargé d’assister et de contrôler la gestion quotidienne.

14°- Pour pouvoir décider souverainement, il faut être libre. Or en 1977, régnait sur les travailleurs et le pays, l’autocratie barbare de Kérékou-PRPB. Il fallait conquérir les libertés pour aller de l’avant. Les communistes se sont lancés dans le combat pour les libertés, ne craignant aucun sacrifice pour aider les travailleurs et le peuple à être libres. Et à chaque moment des luttes, le parti met en avant, à la conscience des travailleurs, le pouvoir qu’ils commencent à construire spontanément. En 1985, ce sont les Conseils de Travail et de Gestion (CTG) et en 1989, les Comités d’Action. Le Parti Communiste a appelé les travailleurs et les peuples à s’en tenir à leur Comité d’Action pour conquérir les libertés, mais surtout le pouvoir à leur profit, d’exiger d’avoir à la tête du pays un pouvoir de l’essence de leur Comité d’Action. Les profiteurs du pillage de notre pays, à commencer par le pouvoir de Kérékou avec l’aide directe des représentants de l’impérialisme français pour finir par tous ceux qui ont dirigé, pillé et ruiné le pays depuis 1960, ont senti et vu le danger pour eux. Ils ont rameuté tous leurs organes, des hiérarchies cléricales aux sectes secrètes, qui se sont prononcés publiquement et ouvertement. Ils se sont coalisés pour maintenir leur système de pillage, usant de mensonges, de duperie, de déclarations creuses mais grandiloquentes, menaçant de la force des armes le peuple. Profitant de la contre-révolution au plan mondial, ils ont diabolisé le Parti communiste qui seul contre tous se tenait debout et droit devant eux, ne renonçant jamais à l’appel, à la lutte pour le seul pouvoir qui peut sauver notre pays, le pouvoir des travailleurs et des peuples.

15°- Voilà le contenu réel de la vraie bataille qui s’est déroulée autour et après la tenue de la Conférence Nationale. Les luttes des travailleurs et des peuples avec leur Comité avaient déchiqueté et renversé le pouvoir sanguinaire de Kérékou-PRPB, conquis les libertés dans la rue. Quel nouveau pouvoir pouvait garantir ces libertés, lutter contre le pillage et faire décoller le pays ? Voilà le problème à résoudre, la question qui se posait aux travailleurs et aux peuples. Les pilleurs coalisés ont exprès, embrouillé la question, l’ont réduite à la seule question de libertés formelles et sur cette base ont conçu, organisé et réussi leur marché de dupes qu’est la Conférence Nationale de février 1990.
On nous a chanté que le PAS est incontournable, qu’il faut que des bailleurs de fonds extérieurs viennent apporter des sous pour le bien-être du peuple. Et il faut des hommes de relations au sein de ces Institutions financières pour nous apporter de l’argent. Et on confia le gouvernement à un élément sorti de la Banque Mondiale, Nicéphore Soglo. Des hommes formés au service du capital financier seront promus dans tous les gouvernements et portés directement au pouvoir avec Boni YAYI. Ils braderont le patrimoine national et les entreprises des secteurs stratégiques aux monopoles étrangers. Ils ne seront même pas capables de prévenir, avec l’affaire ICC-services et consorts, les citoyens des ravages de la chaine de Ponzi et pilleront, en connivence avec des escrocs, l’épargne des citoyens. Le peuple découvre aujourd’hui que l’expertise au FMI, à la BCEAO, à la BOAD au service du capital financier ne donne aucune compétence pour diriger ce pays pour le bien du peuple. Au contraire ! Car le capital financier, c’est le profit, le profit à tout prix et sur tout, et le capital financier au pouvoir, c’est la force et la violence d’Etat au service du profit, c’est le fascisme.
Des critiques et autocritiques se font entendre aujourd’hui allant dans ce sens. Elles doivent s’approfondir pour aller à l’essence des choses, la question du pouvoir.

16°- Pour consolider le pouvoir encore remis en 1990 dans les mains des pilleurs, on s’est mis à prêcher la paix avec les mafieux, le pardon sans confession aux criminels de sang, la tolérance contre les déviances. Et pire, à diaboliser les combattants de la liberté, à traiter de violents, d’intolérants ceux qui ont l’audace, le courage de continuer à soutenir les exigences du pouvoir des travailleurs et des peuples. Parce que le PCB a eu l’audace de dénoncer et de se démarquer d’un complot fait pour ravir le pouvoir aux travailleurs et aux peuples combattants, on l’a traité de tous les noms. Parce que le PCB a continué de dire qu’il faut l’instruction dans nos langues, le soutien aux producteurs nationaux et la promotion de la production nationale, qu’il faut l’élection et la révocabilité par les travailleurs des DG des entreprises et administrations publiques, et qu’il n’y a jamais renoncé, on le traite de tous les noms.
En fait, on a surtout voulu attaquer et tuer l’esprit d’audace et de rébellion, notamment au niveau de la jeunesse pour que plus jamais voulaient-ils, le peuple n’aille plus à l’assaut du pouvoir et que les pilleurs dirigent en paix, ad vitam aeternam. Pour cela on a dit que le Parti Communiste est mort, parce qu’on veut le tuer pour pouvoir piller en paix, on a dit qu’il est dépassé parce que l’on veut maintenir le statu quo actuel, on a dit qu’il n’existe plus parce qu’il dérange le festin de ceux qui pillent, parce que la Parti Communiste est la conscience cristallisée de tous ceux qui refusent l’ordre dégradant, ruineux et déshumanisant en place. Or ils ne savent pas que tant qu’il aura des hommes qui meurent de faim pendant que d’autres se vautrent dans le luxe, le communisme vivra, renaîtra, coriace, vivace et tenace.

17°- Et ici, on n’a pas réussi à étouffer le PCB encore moins à le tuer. Il demeure le seul parti au Bénin à entretenir son journal "La Flamme", à faire paraître chaque semaine au moins un communiqué sur les luttes dans le pays, à réunir au moins une fois par trimestre des Conférences publiques. Cela sans parler des papiers, conférences et actions aux niveaux régionaux et sectoriels sur toute l’étendue du territoire national et dans la diaspora béninoise à l’étranger ! Evidemment, la presse officielle sous le couperet de la HAAC aux mains des pilleurs, ne fait toujours pas échos de ces manifestations si elle ne déforme pas proprement nos propos. Aujourd’hui, le PCB est debout, vivace et tenace et appelle dans ses rangs la jeunesse qui a soif de vérité, d’avenir radieux, qui veut être à la hauteur de la vaillance de ses aînés ainsi que de la bravoure des jeunes tunisiens ou égyptiens et construire ici le pouvoir des travailleurs et des peuples.
Mesdames et messieurs,

18°- Ceux qui prêchaient la paix de l’agneau avec le loup peuvent se rendre aujourd’hui à l’évidence que le loup ne s’assagit pas parce qu’on l’encense ou qu’on le laisse en paix. Il cherche au contraire toujours à dévorer davantage et ceux-là mêmes au profit de qui l’on prêchait la paix nous révèlent que du vol à la cuillère que l’on nous demandait de tolérer, on est passé naturellement au brigandage à la louche. Le système de fraude électorale, auparavant tant vanté comme seule voie d’alternance s’est révélé à la face de tous qu’il ne permet que des hold-up au profit de qui en a le contrôle. Le pays est plongé dans l’abîme. On étouffe au Bénin, depuis l’ouvrier, le paysan et l’artisan pauvre, le jeune jusqu’à l’opérateur économique national. Le pays est à terre. Les travailleurs qui se sont battus, la jeunesse sans perspectives se remettent au combat.

19°- Et encore les jeux de la haute-bourgeoisie pour conserver le pouvoir et pour empêcher l’avènement du pouvoir des travailleurs se multiplient. On se fait ministre de la défense comme au temps de Kérékou. On parle de dialogue national. On s’acharne contre les libertés syndicales, on retire le droit de grève au douanier. On harcèle les opérateurs nationaux ; on envoie des miliciens contre les réunions des opposants en lieu privé. On crie à la déstabilisation de l’Etat et l’on met le pays en état d’urgence.
Les maîtres étrangers se mettent au devant de la scène et soutiennent leur homme et leur pouvoir. Le FMI a déclaré que tout va bien au Bénin et décerne son satisfécit à la gestion chaotique de Boni YAYI. L’ambassadeur de France au Bénin est allé dans le même sens. Obama félicite le dictateur corrompu et lui a envoie sa Secrétaire d’Etat, Mme Clinton pour signifier que YAYI est toujours fréquentable. Derrière les maîtres, ceux qui avaient dirigé et pillé sont appelés au secours. La RB de Soglo a déjà répondu présent au nouveau dictateur. Le PRD de Houngbédji a déjà conclu le mariage et n’attend que la célébration officielle des noces de trahison. Kérékou, le mentor sanguinaire se présente en bouclier.
D’autres qui ont participé auparavant au festin et sont aujourd’hui écartés, tournent en rond, font des discours, parlent même de rupture avec le passé de façon générale, mais ne proposent rien de concret ni d’opérationnel. On nous parle d’une nouvelle Conférence nationale, de forums économiques à décisions exécutoires. Mais l’on ne propose aucune décision concrète. On ne veut pas reconnaître par exemple ce fait que toutes les institutions mises en place depuis 20 ans pour soi disant lutter contre la corruption, à savoir les tribunaux ordinaires, la haute cour de justice, les inspections d’Etat, des finances, des services dans les ministères, les commissions parlementaires, le FONAC, l’OLC, ont échoué dans cette lutte et qu’il faille adopter tout simplement le contrôle par les travailleurs et les citoyens de la gestion du bien public avec l’élection et la révocabilité des DG et directeurs techniques. On ne veut pas admettre le simple fait qu’un pays ne peut pas se développer avec 65 % de producteurs analphabètes et qu’aucun pays ne s’est développé dans une langue étrangère et qu’il faille alors soutenir de toutes ses forces l’instruction dans nos langues nationales. On reste attaché au système colonial et pourtant on parlera de rupture. On cache son jeu, on attend que les travailleurs et les peuples mordent à l’hameçon et on pourra encore bien les passer à la casserole.

20°- Le PCB dit aux travailleurs et aux peuples de ce pays, le Bénin : Vous avez lutté ou entendu que vos pères et grands frères ont lutté en 1989 avec l’espérance forte d’avoir un Bénin d’où sont bannies la corruption, l’arbitraire et la misère, un Bénin de prospérité, de travail et de bonheur pour vous-mêmes et vos enfants. Vous avez lutté, croyant vaincre la fatalité. Mais, on vous ravi les fruits de vos luttes ; on vous malmenés avec les pouvoirs de Soglo et de Kérékou pour finalement vous donner aujourd’hui YAYI Boni et la chute aux enfers de vos rêves endolories, cauchemars sans fin.
Alors vous devez vous jurer, avec un genou à terre et le poing levé : « plus jamais çà ! ». Depuis des années vous avez à travers vos luttes multiples, marches, sit-in, grèves, déclarations, signifié ce que vous voulez comme pouvoir. Tenez à ces revendications et luttez pour le pouvoir à votre compte. Ne croyez pas à la bonne foi des gens. Dans la lutte politique, il n’y a, hélas, pourra-t-on dire mais c’est comme çà, il n’y a que les intérêts qui comptent. Examinez ce que proposent concrètement les uns et les autres et voyez ce qui soutient votre lutte pour le pouvoir à votre profit et ce qui camoufle, derrière des phrases redondantes, le maintien, sous de nouvelles parures, du système colonial et de pillage.
Ecoutez les parler. Ils parlent à faire peur, à se faire peur et non à résister et à riposter contrer les assauts criminels du pouvoir en place. Les travailleurs et les peuples doivent savoir que l’insurrection est reconnue comme un droit légitime et inaliénable des peuples, et que les Ben Ali et autre Moubarak ont été chassés à quelques jours de la fin officielle de leur mandat. Le peuple ne recourt à la violence qu’en légitime défense à la violence réactionnaire des oppresseurs. Aucun peuple, aucune nation n’a vécu libre sans riposter à la violence des oppresseurs et envahisseurs par la violence légitime ! C’est une leçon de l’histoire. C’est dire que la violence n’est toujours malfaisante. Elle s’impose à des moments donnés comme le passage obligé pour la liberté, la dignité et le développement. Condamner la violence en général, partout et tout le temps, surtout celle du peuple contre les oppresseurs, c’est œuvrer au maintien des travailleurs et des peuples dans l’esclavage des oppresseurs. On doit, au contraire, si l’on est vraiment démocrate et patriote dire tout haut et tout fier qu’un peuple qui craint de mourir dans le combat, les armes à la main si nécessaire, ne mérite que de vivre en esclave.

21°- Aujourd’hui, il y a des fronts qui se créent et les communistes connus pour leur courage, leur patriotisme, leur probité, leur attachement à la démocratie et aux intérêts du peuple sont sollicités. Nous répondons aux sollicitations de tous ceux qui veulent une lutte contre le pouvoir actuel. Nous sommes d’accord pour la conjugaison des forces. Mais nous disons que les objectifs des rassemblements doivent être clairs. Comme nous l’avons développé, l’enjeu actuel, 52 ans après l’indépendance formelle, 20 ans du Renouveau dit démocratique, n’est pas en tant que tel les libertés. Le pouvoir de Boni YAYI ne viole les libertés que pour gouverner comme il veut. L’enjeu, c’est la gouvernance du pays, c’est la rupture concrète avec le système colonial qui perdure sous différentes formes ou son maintien. L’enjeu, c’est quel pouvoir nouveau peut et doit garantir cette rupture pour l’émancipation de notre pays. C’est pourquoi, pour le PCB, un front ne sera à la hauteur des exigences actuelles que s’il se bat et appelle à se battre, au-delà de la sauvegarde des libertés, pour la conquête de la liberté pour notre peuple de produire : soutien des producteur nationaux et promotion de la production nationale ; instruction dans nos langues nationales ; contrôle de la gestion du bien public avec l’élection et la révocabilité des DG par les travailleurs ; publication des audits et contrats des accords et marchés publics ; jugement des violateurs des libertés syndicales et démocratiques ; reconnaissances des dignitaires traditionnels dans leur rôle de juges et d’administrateurs locaux ; nécessaire détachement, en liaison avec les autres pays concernés, du franc CFA du Trésor français pour la création d’une monnaie sous-régionale commune. Le PCB estime également qu’il faut, à l’instar de la Chambre des lords en Angleterre et du Sénat en France, également une chambre des dignitaires chargée de veiller à la conformité des lois votées par les députés avec les valeurs positives de nos sociétés. C’est cela l’émancipation qui construit le nouveau sur la base de l’ancien.
Le PCB est dans ce sens heureux de la formation de la Convention Patriotique des Forces de Gauche qui a adopté cette plate-forme politique. Il appelle toutes les organisations patriotiques de travailleurs, de jeunes, de femmes, d’intellectuels à se joindre à la Convention et/ou à souscrire à cette plate-forme pour le salut de notre pays et pour laver la honte de l’humiliation.

22°- Le pouvoir de Boni YAYI a essayé de corrompre tout et tout le monde que ce soit dans le monde associatif, syndical, religieux. Il a parlé du dialogue social pour endormir le peuple. Cela ne lui a pas réussi. Aujourd’hui, il compte sur la répression en premier et en dernier ressort. C’est le sens des cris à la déstabilisation de l’Etat et des menaces contre le peuple que lance son ministre de l’Intérieur ! Le peuple du Bénin, fort de ses expériences ne reculera pas. Au sein du peuple, il y a aussi les soldats, gendarmes et policiers dont le sort n’est pas différent de celui des travailleurs, qui triment pour se donner deux repas par jour, dont les enfants sont soumis au même système éducatif ruineux qui les destine au chômage, les soldats qui subissent les brimades des officiers acquis au système et qu’on envoie réprimer les pauvres dont on enlève le pain de la bouche. La ténacité des travailleurs, la vigueur de la jeunesse dans la lutte les feront solidariser et soutenir le pouvoir des travailleurs pour son triomphe. Le pouvoir du "Changement-Refondation" est au bout du rouleau. Il doit dégager et faire place au pouvoir des travailleurs et des peuples pour le développement accéléré de notre pays, pour un pays digne, fier d’être dans ses valeurs et ses projections scientifiques et techniques, ses amitiés avec les pays voisins et ceux de l’Afrique entière ainsi qu’avec ceux du monde.
Tels sont nos tâches, telles sont nos perspectives. L’histoire nous permettra-t-elle de vivre bientôt cette merveilleuse aventure : à savoir faire partir le plus vite que possible le pouvoir mafieux, déprédateur et affameur de YAYI Boni, renverser le pouvoir de la haute bourgeoisie pro-impérialiste, réaliser la RNDPA au Bénin, avec le pouvoir des travailleurs et des peuples, tremplin vers le socialisme ? Tels sont nos rêves, à nous de les vivre intensément pour mieux les transformer en réalité. Aux travailleurs, à la jeunesse et aux peuples d’agir.
Au prolétariat et aux peuples du monde, nous disons qu’il est inacceptable qu’il y ait tant de potentialités de production, tant d’abondance de biens produits et qu’il y ait tant de misère, tant d’exclusions sociales dans le monde. Œuvrez ardemment pour une autre gouvernance qui permette une autre répartition des richesses de la planète.
Au prolétariat et aux peuples d’Afrique, nous vous appelons à œuvrer pour l’instauration d’une autre gouvernance de dignité, de fierté dans le concert des nations qui mettra fin à l’injustice faite à l’Afrique, laquelle regorge de toutes les richesses mais où les hommes meurent de faim, de maladies diverses, d’autres fléaux de la terre et croupissent dans l’ignorance.
Ensemble, unissons nos forces pour la libération de l’Homme, de l’humanité.
La Parti Communiste quant à lui est debout, instruit, éduqué par Pascal FANTODJI et poursuivant son œuvre et son rêve de voir le Bénin libre, émancipé et développé sous la direction du pouvoir des travailleurs et des peuples et de leurs Comités à tous les niveaux.

Vive la Révolution Nationale Démocratique, Populaire et Anti-impérialiste !

Vive le Bénin libre, prospère et indépendant !

Vive l’Afrique réellement indépendante et libérée des puissances dominatrices du monde !

Vive l’internationalisme prolétarien !

Je vous remercie.