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Bénin : A bâtons rompus avec le Secrétaire général de la Fesyntra-Finances

D 4 septembre 2014     H 05:15     A Laurent Mètongnon     C 0 messages


A bâtons rompus « Sous l’Arbre à Palabres » avec le Secrétaire général de la Fesyntra-Finances au siège de l’événement précis : Mètongnon fait de grosses révélations sur les scandales et crimes économiques au Bénin

Son éternel feutre sur la tête, la soixantaine galante et élégante, l’homme au parcours militant exceptionnel échange avec les journalistes à bâtons rompus sur divers sujets. Regard perçant et scrutateur derrière ses lunettes, il ne rate pas le système Yayi dont il ne retient que « scandales » et « crimes économiques ».

Communiste bon teint, militant très actif du PCD, le Parti communiste du Dahomey, il parle du mouvement syndical au Bénin, des tiraillements entres centrales syndicales, notamment.
"UNE" de L’Evénement précis n°1311 du 12 aout 2014

Les dernières grèves qui ont étalé au grand jour les dissensions entre « camarades » et au cours desquelles « l’argent a circulé » sont évoquées. Sans langue de bois, il en parle. Connu pour avoir donné du fil à retordre au gouvernement au plus fort de l’Affaire Dangnivo, il aura connu la torture et la prison pendant les pires heures du Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB). Ce pan douloureux de son histoire, Laurent Mètongnon le partage avec émotion, mais aussi et surtout avec la fierté de ceux qui ont dédié leur vie à la lutte pour les libertés.

Comment se porte le mouvement syndical en ce moment dans notre pays ?

D’entrée, je dois pouvoir vous dire que le mouvement syndical se porte très bien. Il se porte très bien dans la mesure où les dernières actions syndicales contrairement à ce qu’on peut dire, ont permis une certaine décantation. La décantation vient du fait qu’aujourd’hui, la véritable défense de leurs intérêts et de leurs revendications passent par la prise en charge de leurs mouvements de grève par eux-mêmes à travers les comités départementaux mis en place pour le contrôle de leurs actions et non la prise en charge totale de leurs mouvements de grève par des responsables syndicaux qui bien qu’élus, peuvent se détacher de l’intérêt général, pour leurs intérêts personnels.

Donc du coup, la première leçon est que les comités de lutte qui ont été mis en place dans les départements ont réellement dirigé les mouvements au grand dam des secrétaires généraux qui pensaient que comme jadis lorsqu’ils décrètent et lancent un mouvement, ils peuvent suspendre quand ils veulent et comme ils veulent. Et vous avez pu constater l’évolution du mouvement de Janvier à mars 2014 pour les uns qui pensent que la base n’existe pas, ne peut leur dicter la conduite à tenir ; et avril 2014 pour ceux qui ont continué après avis de la base pour la suspendre après concertations de ces bases. Donc c’est fondamental aujourd’hui comme leçon à tirer que ce sont les combattants qui disent à un moment donné : « nous cessons le feu. » et les chefs se doivent de respecter au risque de se retrouver sans troupe.

Est-ce qu’on peut considérer que c’est un peu à cause des dissensions nées de la grève de Janvier à Avril, qu’entre les centrales, il y a tiraillement ?

En principe il ne devrait pas y avoir de tiraillement. Il y a des revendications et il faut les défendre. Certains peuvent choisir de sacrifier ces intérêts d’ordre général pour des intérêts personnels. Le syndicalisme pour moi, c’est d’abord un idéal, un engagement, une conviction, l’amour du prochain dans la lutte pour son émancipation, l’instauration de la justice, de la répartition équitable suivant les critères établis et connus. Comme vous le voyez, pour moi, c’est un problème de vision du mouvement. Pour ce qui concerne en tout cas la CSTB et la FESYNTRA-Finances, lorsque nous lançons les mouvements, nous laissons la base agir et donner toutes les informations pour la conduite à tenir car les responsables syndicaux n’apportent que l’éclairage. La grève c’est avant tout et après tout l’action et l’affaire des travailleurs.

La base, c’est qui ?

La base, ce sont les responsables des syndicats de base, les travailleurs regroupés dans ces syndicats affiliés ou non.

Oui, mais SG, le peuple ne réfléchit pas, et c’est toujours les guides qui réfléchissent et prennent des décisions et le peuple applaudit ?

Dans un pays arriéré comme le nôtre, c’est l’idée que les intellectuels et les politiciens propagent pour se donner le bon droit de tout faire, de manipuler le peuple et surtout la jeunesse. Lorsque les hommes vivant sur une aire géographique donnée se laissent opprimée, manipulée par certaines personnes dites illuminées, oiseaux rares, sans se défendre, vous constatez qu’on peut douter de l’existence du peuple. Mais les hommes politiques quand il s’agit des joutes électorales, ils savent que le peuple existe et réfléchit bien.

Allez dans les villages, allez dans nos contrées, si le peuple béninois n’était qu’à 40% instruit dans nos langues, vous pensez que les intellectuels vont les manipuler comme ils veulent ? Oui j’en conviens, il faut certains pour éclairer mais pas pour abêtir.

Nos populations ne sont pas bêtes. Vous voyez, sous l’arbre à palabres dans nos villages avant, c’est le lieu de règlement de tous les problèmes. On prend l’arbre à témoin pour ne dire rien que la vérité. Vous ne serez que sincères. Et même en présence du roi et des personnes âgées, c’est ce qui a été décidé qui s’applique. Donc du coup, c’est ce que les travailleurs ont décidé ensemble qui doit être appliqué par les responsables syndicaux, et non ce que ces derniers pensent. Puisque l’éclairage qu’on peut donner peut être en déphasage avec ce qui se passe comme réalité sur le terrain. Ça, je pense qu’aujourd’hui, il faut que cela se sache que quand on dit que les guides sont éclairés, le guide ne peut pas être éclairé sans le peuple. Mais c’est plutôt le peuple qui, à travers tout ce qu’il dit, peut éclairer le guide. Sinon, le guide, s’il pense qu’il est éclairé, soit il devient dictateur ou il devient un monarque à qui il faut se soumettre. Et je pense que les peuples ont déjà aujourd’hui dépassé ce stade et dictent ce qui doit pouvoir être fait à leur chef.

Est-ce qu’on peut considérer que les dernières grèves ont révélé la force de l’argent ?

Je vais vous dire d’abord ceci. Il faut caractériser d’où on est parti avec cette force de manipulation de l’argent dans notre pays le Bénin.Vous savez pendant la période révolutionnaire, ce n’était pas si visible. A cette époque, vous êtes tous membres du PRPB et de ses organisations de masse. L’avènement du Renouveau et les élections en 90, ont consacré la corruption électorale et on a vu l’argent circuler par les responsables politiques du système du Renouveau. Parce que pour avoir le pouvoir, ils ont compris qu’après avoir pillé et affamé le peuple, il leur fallait jeter des miettes pour avoir leur suffrage. Donc la corruption a commencé au plan électoral en 90 et s’est amplifiée en 2006 et 2011. Le peuple et surtout sa jeunesse a été souillée par certains politiciens et aujourd’hui l’argent dicte sa loi dans tous les secteurs.Du coup, en milieu syndical également, l’argent dicte sa loi et circule. Si quelqu’un vous dit le contraire, il a menti. Au plus, on peut dire que certains résistent de mordre à l’appât, quand d’autres succombent facilement.

Comment ça circule ?

Vous savez, actuellement par exemple, les syndicats communément appelés« syndicats jaunes » sont fabriqués par le pouvoir dans beaucoup de ministères pour contrebalancer les syndicats qu’ils disent gênants ceci à coup d’argent. Lorsqu’au niveau des responsables on veut les attirer, on dit « non toi viens. Ce que tu fais là, rentre dans les rangs et tu auras ton compte sinon tu n’auras rien. » Et vous avez constaté même qu’au sein du parlement et des organisations politiques dans ce pays on a dit « ’moi je ne vais pas passer toute ma carrière dans l’opposition, il faut que j’aille aussi à la mouvance ».

Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il faut que moi aussi j’aille prendre une partie du biberon.C’est ça la mentalité de certains leaders de notre peuple. Donc s’il y a des syndicalistes de ce genre, on ne peut pas dire que c’est une chose extraordinaire, surtout qu’ils sont nombreux à n’avoir pas un idéal, un engagement, une conviction syndicale, mais des intérêts personnes.

Est-ce qu’en 2014 vous, vous avez eu votre part du gâteau ?

Moi Laurent Mètongnon je n’ai pas reçu une part de gâteau et les pouvoirs successifs du Renouveau, du changement et de la refondation savent qu’ils ne peuvent me tendre ce piège et n’avoir.L’argent circule dans le monde syndical, ce n’est pas d’aujourd’hui.

Qu’il ait circulé lors des derniers mouvements de grève, ce n’est pas moi qui l’ai dit. C’est l’un des responsables des centrales, en l’occurrence celui de la CSA-Bénin, Dieudonné Lokossou, qui a dit que l’argent a circulé. Donc c’est à lui qu’il faut poser la question. Qui a fait circuler l’argent ? Et l’argent est allé où ? Donc je pense que c’est aussi facile que ça. Vous savez, il est souvent difficile de parler de soi-même. L’argent peut circuler, on peut tenter d’en envoyer à Mètongnon Laurent, mais ceux qui le font ou qui y pensent, savent que Laurent Mètongnon de par sa conviction, son idéal, ses principes et les valeurs qu’il défend, ne prendra pas.

Vous avez fait vœu de pauvreté ?

Non, je n’ai pas fait un vœu de pauvreté. Mais j’ai fait le vœu de dignité et d’honneur et je sais ce que je dois pouvoir avoir et être dans ma vie. Je ne peux donc ternir mon image, celle de ma famille et de mes enfants, par le bradage de ma conviction pour de l’argent souillé.

Puisqu’on m’a dit qu’il y a une partie qui parle du parcours de l’invité que je suis, je vous ferai découvrir qui je suis et vous saurez que de mon origine jusqu’à ce que je suis, je ne peux pas baigner dans ces choses-là au risque d’irriter mes ancêtres là où ils sont. Mon nom, c’est METONGNON qui veut dire, « dans ton bonheur, je trouverai le mien ».

SG, nous allons quitter l’étape des rumeurs, donnez-nous un exemple concret de transaction financière en milieu syndical ?

Non, parlant de transaction financière, lorsque vous pouvez dire que telle personne a pris, il faut en avoir les preuves.

Nous sommes sous l’arbre à palabre

Moi je n’ai pas de preuve pour dire que telle personne a pris et que telle n’a pas pris. Mais ce que je sais, est que, que ça soit juste après le renouveau, ou sous le changement et la refondation, des ministres m’ont dit : « non Mètongnon, ça ce n’est que des intéressements et non la corruption » mais j’ai dit non pour ne pas trahir les travailleurs. Et pour çà vous pouvez faire vos enquêtes auprès des travailleurs du MEF.

Ces autorités le savent. Ils peuvent venir sous votre arbre à palabre et je voudrais bien que ça soit eux mêmes qui viennent porter le témoignage. C’est plus parlant. Les seuls témoignages qui ont été faits, vous pouvez les avoir chez Jean Baptiste Elias. Je fais un clin d’œil à votre journal qui a fait une enquête sur l’affaire Dangnivo et la lutte qui s’en est suivie. Mais au cours de cette lutte, moi je devrais aller visiter cinq pays de l’Asie. Le chèque s’élevait à plus de trois millions, sans compter l’hébergement, la nourriture et autres. Mais j’ai dit non. Je ne peux pas avoir lancé une lutte et voyager.

Quel que soit le bonheur à tirer de là-bas, je dois rester soudé à ma base. Ça si vous voulez l’écouter en audio, la cassette existe. Il y d’autres actes, comme des postes de direction miroités pour me détourner de l’idéal, mais j’ai résisté, non pas parce que je ne veux pas du pouvoir, mais tout simplement parce que je ne peux travailler avec un gouvernement qui érige l’impunité en système de gestion, un système de scandales, bref de mal gouvernance.

Alors SG, le lundi 14 Juillet dernier, les responsables syndicaux ont été conviés au renouvellement du bureau de la cinquième mandature du CES. On ne vous a pas vu autour de cette table-là. Qu’est-ce qui a justifié votre boycott ?

En fait, le 14 juillet, l’invitation était qu’il fallait que chaque centrale syndicale envoie cinq membres pour élire ceux qui doivent représenter les organisations syndicales au sein du Conseil économique et social pour le compte de la cinquième législature. Cette façon de désignation ne faisant plus école, la CSTB a refusé d’y participer et la notifié par écrit. En effet à partir de 2001, c’est-à-dire, après les premières élections professionnelles, les critères permettant d’envoyer les représentants des organisations syndicales au CES ont changé. Si à la 1er mandature en 1994, il n’y avait que quatre centrales : La CSTB qui existait depuis 1982 dans la clandestinité, l’UNSTB, (la CSA-Bénin et la CGTB nées à la faveur du Renouveau démocratique) se sont réparties les quatre places, il n’en a pas été ainsi à la deuxième mandature avec une nouvelle centrale, la COSI qui est venue s’ajouter portant le nombre de centrale à cinq. Et puisque sur le terrain déjà, la CSTB, de par son attachement aux revendications, en faisait voir de toutes les couleurs aux autres centrales, notamment à leurs secrétaires généraux, qui ne se souciaient pas de la volonté de leurs bases, il fallait éjecter la CSTB pour mieux museler les travailleurs et poursuivre les complots. En réalité, qu’est-ce qui se passait ? Voilà des secrétaires généraux qui, pour avoir ensemble lancé une grève, peuvent à minuit aller à l’antenne pour suspendre le mouvement sans l’avis de leurs bases et pour des raisons inavouées. La CSTB n’était pas souvent d’accord, criait au scandale, dénonçait ces secrétaires généraux et pour tenter de la discréditer, et surtout de l’isoler, on disait qu’elle faisait des grèves politiques. Mais est-ce que les revendications des travailleurs étaient bien posées ? Est-ce que la façon de défendre ces revendications était meilleure ? On disait en ce moment-là qu’il fallait séparer la politique du syndicat.

Il y a une politique sociale. Lorsque vous voulez même défendre les enseignants, il y a une politique de l’éducation. Le fait aujourd’hui que celle dont dispose le gouvernement du Président YAYI Boni est en inadéquation avec les profondes réalités de notre pays, on constate tout le désastre et le massacre dela formation des élèves et étudiants, bref de toute la jeunesse studieuse de notre pays. L’objectif de ces bonzes syndicaux c’est de ne pas faire les grèves, mais de s’entendre avec les gouvernements pour leur laisser le champ libre de faire tout ce qu’ils veulent avec les travailleurs. Ainsi, en 1999, les cinq centrales se sont réunies et quand il a été question de choisir quatre représentants, il s’est formé une coalition contre la CSTB qui fut donc éliminé.

En 2001, Les élections professionnelles ont eu lieu. La loi 98 portant code du travail au Bénin entre temps a porté la précision que les places dans les représentations nationales doivent être attribuées aux centrales les plus représentatives, par rapport aux suffrages obtenus au cours de ces élections.Les autres soutenus par le gouvernement, se disaient que l’heure était arrivée pour se débarrasser définitivement de la CSTB.ils se disaient que si on allait aux élections, on allait écraser la CSTB. C’était l’objectif. Donc du coup, dans un premier temps, ils ont dit, il faut avoir 25% pour être représentatif. On est allé aux élections professionnelles en 2001, j’étais le directeur de campagne. On a battu proprement campagne. Et ils ont été surpris que la CSTB les ait battus de très loin. Du coup, c’est sur la base des suffrages obtenus en 2001 qu’en 2004, les représentants de la CSTB(2) la CSA-Bénin(1), La COSI(1) ont été envoyés à la troisième mandature du Conseil économique et social.

En 2006, il y a eu les secondes élections professionnelles. La CSTB les a distancés. Là prenant la mesure des choses, ils ont dit qu’il ne faut plus avoir 25% pour être représentatif, mais qu’il faut plutôt avoir 15%. La CSTB a eu 44,76%. Et le deuxième la CSA-Bénin avait moins de 16%. Donc, ont siégé à la 4ème mandature, la Cstb, la Csa, et la Cgtb venue en 3ème position

Voilà la légalité qui était mise en place, et tous les secrétaires généraux avaient dit qu’il la fallait. Nous disons aux députés : « respectez la légalité, respectez la loi, en n’arrachant pas le droit de grève, le droit de citoyenneté aux magistrats. » Mais nous-mêmes, on se retrouve entre ceux qui veulent faire respecter la loi, et au même moment nous tordons le cou à la loi. Parce qu’on a tordu le cou à la loi 98. On a tordu le coup au décret. Parce que les décrets qui ont été pris après, c’est sur la proportionnalité, même le décret de 2013 qu’ils ont pris pour pouvoir organiser les élections professionnelles en 2014, c’est clair dedans que s’il n’y a pas eu d’autres élections, on se base sur les élections passées pour envoyer les gens au CES. Le principe est là. C’est sur la base des élections de 2001 et de 2006 que Gaston Azoua est allé au CES, que Mètongnon est allé au CES, que Todjinou Pascal est allé au CES et que Lokossou Dieudonné est allé au CES. Alors pourquoi on laisse ça de coté et on dit qu’il faut retourner en 1999, où ils avaient fait le complot pour éliminer la Cstb pour pouvoir aller au CES ? Il y a quelque chose là qui est anormal. Il y a quelque chose là qui sent complot et assimilable à une récompense de ceux qui ont suspendu le mouvement pour le compte du gouvernement.

Et c’est tout ?

Mais vous ne voyez pas que là, on ne peut pas aller légaliser quelque chose qui n’est pas légal ? Ce serait apporter sa caution à quelque chose qui est mauvais si on y allait. Ca fait partie de la lutte aujourd’hui ? Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous-mêmes on sait que quelque chose est illégal mais pourtant on est là. Non, ce n’est pas ça la logique. En tout cas au niveau de la Cstb et de la Fesyntra-Finances, ce n’est pas notre façon de voir et d’agir et cette attitude ne saurait être comparée à une politique de chaise vide.

D’aucuns estiment que les syndicalistes à la Cgtb et à la Fesyntra-Finances ne sont plus en fonction mais continuent de diriger les travailleurs. Qu’en dites-vous ?

Oui je suis à la retraite. Mais il faut faire la différence entre la profession et le syndicalisme. Le syndicaliste défend les intérêts moraux et matériels des travailleurs. Même à la retraite si ces derniers lui font confiance, il peut défendre leurs intérêts. Mais au plan professionnel, la loi dit qu’après 30 ans de service ou 55 ans d’âge, il faut aller à la retraite. C’est le pouvoir de YAYI qui fait courir ce bruit pour que certains syndicats dont les responsables incorruptibles par lui quittent la scène syndicale pour lui coller la paix. Toutes les fois que les travailleurs des finances vont m’accorder leur confiance et me confier la défense de leurs intérêts, je le ferai avec toute la force qui reste. Il n’y a pas de salaires, de privilèges à la Fesyntra-finances ; il y a l’honneur de défendre des hommes, le pays.

SG, vous aviez deux fois déjà siégé au CES, quelles sont vos impressions ?

Non le Conseil économique et social, il faut remonter à sa date de création. L’intention des pères fondateurs c’était d’avoir une boite qui réfléchisse à tout ce qui est économique, à tout ce qui est social et qu’on le reverse au Président de la République pour l’aider à prendre des décisions. Mais dans la réalité, pour ce que moi j’ai connu, les conseils qui sont donnés Dieu seul sait s’ils sont pris en compte. Puisque à chaque section, il faut qu’on nous dise par rapport à tel dossier qu’on a traité, à tel avis qu’on a donné, quel est l’avis du Président de la République.

Donc, c’est une institution budgétivore, selon vous ?

Moi je ne le qualifierais pas d’institution budgétivore. Mais je dirai que c’est une boîte de réflexion qui est sous utilisé au Bénin. Puisque ce sont les couches professionnelles qui sont là bas. Et lorsque par exemple on veut parler de l’environnement, on veut parler de l’agriculture, c’est avec des gens comme Mama N’diaye hier, des gens comme le professeur BOKO qui sont là aujourd’hui. Et lorsqu’on parle de ces choses-là sans tenir compte de leurs recommandations, vous allez me dire quoi ? En principe ce qui est dit dans la loi, c’est que ce sont les conseillers de la république qui doivent faire des recommandations au Chef de l’Etat.

Au CES vous avez les associations du développement qui sont représentées, les agriculteurs, les magistrats, les sportifs, les opérateurs économiques, les artistes, les artisans en fait ce sont tous ceux-là qui sont censés connaitre les différents problèmes des couches sociales de notre pays qui se réunissent. Mais lorsque le budget vient, et qu’au moment où nous on l’analyse pour faire connaitre notre point de vue, le gouvernement a déjà fini et l’a envoyé à l’Assemblée, qu’est- ce que vous vous devenez ? Vous envoyez votre réflexion au parlement ? S’ils veulent en tenir compte ils en tiennent compte. Lorsque vous prenez les pays développés, il y a ce qu’ils appellent Sénat. Et vous verrez que ce sont les anciens, les présidents, les vieux qui viennent là et qui réfléchissent. Et ces réflexions n’ont pas de couleurs. Vous voyez même au Nigéria, si ça change, et qu’un président vient, il ne peut pas s’écarter de la ligne directrice du développement de son pays. La belle preuve, c’est ce que tout le monde a cru ici, quand Obama est venu au pouvoir aux USA. On a dit : « Ah ! Voilà un noir qui est venu au pouvoir, il va aider les pays africains. » Non ! les choses ne se passent comme cela. La fondation du développement dans les grandes lignes existe, tracée et il ne peut pas s’en écarter pour les beaux de qui que ce soit sans connaître la fronde des américains toutes tendances confondues. Donc la guerre là bas, ce n’est pas une guerre de personnes, mais c’est une guerre d’idées, de développement. Qui a les idées, émerge, et non harcelé, méprisé, contraint à l’exile. C’est de ça qu’il s’agit.

Est- ce que, selon vous, il faut changer la loi organique sur le CES ?

Non, la loi organique telle qu’elle est, le problème qui s’était posé était une augmentation du nombre pour faire intégrer d’autres couches. En principe, si l’exécutif, donne son aval, ça ne devrait pas être un problème. Parce que moi je me dis qu’au CES, ce sont ceux qui connaissent les problèmes de ceux qui souffrent qui doivent être représentés là-bas. Par exemple si on prend le problème des casques, il y a une commission. Le gouvernement avant de prendre la mesure doit s’en référer au CES pour dire : « Voyez-moi ce problème. Si je vais de cette façon, est- ce que ça ne va pas créer au plan social des remous ? » Ces conseils auraient évité ce qu’on voit. Parce que si j’aborde ce problème avec vous, moi je me dis que notre régime ne va que chercher des problèmes qui ont été mal réglés par le PRPB. Sinon, un décret de 1972, de la fin du régime du Président Maga du Conseil Présidentiel, c’est ça que le gouvernement va exhumer et nous dit que ce décret a été réhabilité par un arrêté interministériel en mars 2006, fin du régime de KEREKOU donc avant même Avril 2006.

Et c’est ce décret qu’on fait publier en 2014, sans savoir qu’en 1972 il n’y avait pas de zémidjan, ni autant de motos mais des BBCT, VESPA. Les motos, on pouvait même les compter du bout des doigts avec les étudiants « No moto, no amour ». C’est-à-dire que si tu veux conquérir le cœur d‘une femme il fallait avoir une moto. C’était comme ça que les choses se déroulaient. Et sur quelle voie, les voies n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. Mais comment aujourd’hui, on exhume ce décret, sans prendre certaines dispositions. Vous avez si pitié de moi que vous voulez que je porte de casque. Oui j’en conviens c’est bien. Avec la population de 1972, il faut féliciter le PRPB qui a créé des transports urbains. Vous n’avez jamais entendu parler des STPA, Trans Ouémé, Sotramo, ainsi de suite ? Aujourd’hui en 2014, les voies telles qu’elles sont, l’indiscipline des usagers règne créant des embouteillages et des accidents. Absence de rails et mieux, quand on veut faire une nouvelle voie, qui prévoit les pistes cyclables ?

C’est à cela qu’il fallait réfléchir ou carrément subventionner les casques. On est au moins un million, à Cotonou et Abomey- Calavi, selon notre dernier recensement. Et je prends au bas prix 5000f pour un casque, vous voyez combien ça fait : 5milliards. Ces 5milliards-là, ça va servir à quel investissement ? Qui a réfléchi à ça ? Vous allez voir quand les stocks vont finir les gens seront encore fatigués car l’éducation des usagers de la route au Bénin pose un problème. Et vous avez vu toutes les variétés de casques qu’il y a. Lorsqu’on prend les patriotes c’est- à dire ceux qui veulent réfléchir à la sécurité, ils verront que c’est le chômage qui a créé ça. Lorsque vous regardez parmi les zémidjan, vous verrez qu’il y a plein de diplômés, qui ont fait deux ans ou trois ans à l’Université. Il y a des gens qui ont fait six ans voire sept ans mais qui sont en train de faire zémidjan.

C’est le chômage qui a créé ça. Donc, la résolution de ce problème passe par la sécurité alimentaire, la sécurité de l’emploi. Donc, si on sécurise l’emploi, on reprend les rails, on développe les transports communs, c’est sûr qu’il y aurait moins d’accidents. Parce qu’il y a des gens qui ne connaissent même pas le code. Mais vous ne voyez pas comment ils conduisent ? Tous ceux qui font accident ce ne sont pas des gens qui n’ont pas de casques. Ou bien à défaut c’est qu’on peut faire recours à ces policiers qui sont sortis la dernière fois. Pourquoi ne restent-ils pas aux carrefours ? Lorsque les gens font excès de vitesse on les verbalise. Donc le problème est beaucoup plus de mon point de vue un problème d’éducation de ces motocyclistes venus de la campagne parce qu’ils n’ont plus à faire là-bas.

Laurent Mètongnon nommé ministre de la fonction publique. Votre réaction ?

Le système est actuellement un système de scandales, d’impunité et de crimes financiers.

C’est-à-dire un système où vous n’êtes que soumis à un chef. Je ne peux pas travailler sous un tel système. Si c’est le système du renouveau qui doit continuer et qu’il ne doit pas y avoir une rupture radicale, moi je ne peux pas travailler dans ces conditions. Il faut que ça soit clair. Si je dois occuper un poste ministériel, il faut qu’on me laisse les coudées franches afin de réfléchir avec ceux qu’il faut, pour pouvoir mettre en place une politique. Je ne peux pas être au ministère du travail sans avoir le point de vue des travailleurs. Il n’est pas question d’aller s’assoir dans un bureau pour parler des mois de service public. Avec qui cela a été décidé ? Avec les travailleurs ? Je ne pense pas.

Donc je pense qu’il faut une rupture radicale de la gestion du pays avec des patriotes. La problématique aujourd’hui c’est quel pouvoir pour le Bénin de demain et pour quelle gouvernance ? Je sais qu’ils sont nombreux dans le pays mais étouffés, car si vous donnez vos positions on vous qualifie d’opposant. On ne fait que les décevoir. Sinon pour les derniers concours, la Fesyntra-finances a avisé et pourtant on y est allé par force. J’ai dit que ce sera une mauvaise organisation.

D’abord, le délai donné. Un papier sort le 30 juin et on veut qu’on compose le 28 juillet. C’est comme cela que ça s’est passé. Or, contrairement aux normes, ils disent que c’est des contractuels à durée déterminée et que c’est deux ans renouvelables. Ils sortent donc le régime juridique portant recrutement des agents occasionnels.

C’est vrai, dans ce document à la partie Recrutement, on n’a pas donné de délai. On a parlé seulement de recrutement sur poste par rapport au profil et autres. Bref, ceux qui devraient réussir sont connus d’avance. Et je l’avais dit aux jeunes qui n’ont pas compris. Après, ils ont commencé par pleurnicher. Je crois qu’ils ont tort car c’est eux qui doivent se battre. Ce ne sont pas les autres qui doivent se battre à leur place ; ils peuvent être accompagnés, éclairés dans cette lutte. Ceci parce qu’ils ne sont pas encore nos syndiqués. Nous on a le droit de défendre nos militants. Si on le fait, c’est parce qu’ils sont des citoyens. Aucune jeunesse n’a marché pour protester contre cela, c’est inadmissible. Je le dis parce que s’il y avait une certaine cohésion parmi les candidats,ils auraient pu faire fléchir le dimanche le gouvernement en imposant une certaine transparence dans l’organisation des concours. C’est à la jeunesse de mon pays de se lever, de s’indigner et de se battre. Quand moi j’étais jeune, depuis le collège jusqu’à l’université, c’est avec les maniocs qu’on faisait les graffitis sur le goudron. Et pour écrire sur le mur, en plein jour ou sous la lumière, il fallait avoir du courage pour le faire sous le Prpb.

La Cgtb et la Fesyntra-Finances ne respectent pas l’alternance dans le monde syndical comme elles l’exigent au chef de l’Etat, Boni Yayi.

Sur cette question, je constate que vous êtes intéressés et je suppose que vous n’avez pas été trop satisfait de ma précédente réponse. Alors je complète ceci :

La gestion politique d’un pays se base sur la constitution. Or, le syndicalisme qui n’est pas une profession, est la défense des intérêts des hommes, des travailleurs surtout. Mais il y a un âge pour défendre quelqu’un ? Moi, je me battais depuis mon enfance contre l’injustice. Tout le monde ne peut pas oser affronter certaines choses au nom des gens. C’est pour vous dire que ce sont les hommes de Yayi qui le disent. Son souci est de voir certaines personnes partir du monde syndical. A mon départ à la retraite au ministère, mais c’était la fête à la présidence car on disait que je vais enfin leur coller la paix. Je n’ai pas besoin d’être syndicaliste avant de défendre les zémidjans. Je dis qu’avec ce problème de casque, le gouvernement est en train de nous gruger. Les gens n’ont pas les soins adéquats dans les hôpitaux, les gens ont faim, manquent de moyens pour supporter leurs enfants et vous refusez de subventionner les casques. Il faut des gens des gens audacieux pour le faire entendre à des gouvernements comme celui de la refondation. Des gens ont dit qu’ils ne peuvent pas faire l’opposition toute leur vie. Mais si c’est dire ce qui ne va pas qui est opposition, moi je ferai ça jusqu’au dernier souffle toutes les fois que les travailleurs me le demanderont.

Avantages du syndicalisme

Mon arrivée ici est déjà quelque chose que j’ai gagné puisque ce n’est pas réservé à tout le monde. Je suis donc une personne ressource digne et peut partager avec vos lecteurs, mon expérience, ma conviction et mon engagement dans la défense des hommes. Ce qu’on gagne aussi est que parfois quand tu sors, les gens te doigtent et te reconnaissent. C’est déjà un avantage. J’ai fait une émission en langue Xwéla, le samedi 02 août dernier avec Isidore Dansikpè sur Fm Ahémé. Mais avant que je ne finisse l’émission, des gens sont arrivés pour connaitre ce Metongnon qui parle. On voulait venir voir celui qui est Laurent Mètongnon. C’est ça donc ce qu’on gagne. Et c’est plus que de l’argent.

Menaces sur les pensions des retraités annoncée par le président du patronat, Sébatien Ajavon

Je pense que là, il faut relativiser. C’est au président du conseil d’administration que vous posez la question et non au syndicaliste. Les problèmes que posent les employeurs et leurs employés sont beaucoup plus profonds que ça et remontent à la gestion de l’ancien DG ALI YERIMA et ont trait également aux textes qui régissent la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) qui donnent trop de prérogatives au pouvoir. Je dis que s’il y a une société qui peut créer le plus d’emplois dans notre pays c’est la Caisse. La Cnss, ce sont des milliards que nous avons mais qui dorment dans les banques. Un petit problème du système financier qui touche les banques, et tout est à l’eau. Il faut donc revoir le système de sa gestion, la politique de placement, des investissements, la politique salariale, etc, etc.

Une politique d’investissement pourvoyeuse d’emplois par exemple peut être la construction d’un hôpital de référence où on a tout le matériel moderne et les médecins qualifiés. Vous voyez tout ce qu’on y gagnerait ? Au lieu d’envoyer les malades en Afrique du Sud, au Maroc ou ailleurs, ne pourrions nous pas faire cet effort sans tendre la main à l’extérieur ? C’est beaucoup d’avantages qui nous attendent si c‘est fait. On ne peut pas se réveiller dans la 55ème année d’indépendance avec un hôpital de référence au lieu de faire la chasse aux opérateurs économiques ? On doit se demander quoi faire pour le pays ensemble. On essaie de créer de l’emploi pour les jeunes. Donc, c’est dire que le combat que eux ils mènent pour leurs employés, c’est celui de la mainmise de l’administration sur la Caisse. Il faut vous dire qu’ensemble déjà le 17 avril, on avait tout suspendu par rapport à une décision prise au niveau du conseil qui n’a pas été exécutée. Les moyens de pressions alors sont ce que font ces membres actuellement. Il faut vous dire que les pensions sont payées jusqu’à l’heure où je vous parle. Si la performance de la Caisse le permet, on devrait revoir tout ça, parce que c’est une caisse sociale. Le gros problème dans notre pays aujourd’hui, c’est où sont les vrais patriotes ?

Ce n’est pas les patriotes qu’on a eu au niveau des syndicats de la douane et autres dont je parle mais je veux parler de ce patriotisme ardent qu’on doit ériger en système, de gestion qu’on cultive au sein du PCB depuis 1977.C’est-à-dire qu’on prenne la chose de la société comme notre propre chose et voir comment on doit pouvoir la gérer, c’est de ça qu’il est question. Le Bénin a besoin des hommes vertueux, qui aiment leur patrie, les hommes qui y vivent et respectent le bien commun.

Il parait que les caisses de la CNSS ont servi à financer le gouvernement à des fins inavouées

En tout cas, depuis que moi je suis là, c’est-à-dire depuis novembre 2013 jusqu’à maintenant, je n’en ai pas eu d’indice. Sinon, sur les points que je demande, je n’ai pas eu d’indice que l’argent de la Caisse a servi à faire de telles choses. La gestion de l’ex DG a fait l’objet d’audit de l’IGE et du cabinet Mazard et les résultats sont là. Puisque on est dans un régime d’impunité rien n’a été fait et je constate comme monsieur tout le monde.

Sinon, le président du patronat disait que si on devait faire le point, que tous les Dg qui ont pris par-là doivent aller en prison.
Non c’est le Président lui-même qui a déclaré que si on devait prendre en compte les résultats des audits que tous les directeurs iraient en prison. Il sait alors de quoi il parle.

Il y aurait des rapports scandaleux sur le Dg Ali Yérima, où sont-ils passés ?

Nous avons le rapport de l’IGE, et aussi le rapport Mazard. Et tous ces rapports sont à la présidence. On les a eus mais avant, j’ai dû écrire pour les réclamer à plusieurs reprises. Mais Ali Yérima, vous ne le voyez pas assis en conseil des ministres ? C’est pour ça que j’ai dit à mon jeune frère où à mon fils tout à l’heure que si on vit dans un régime d’impunité, vous ne verrez pas ceux qui ont un certain honneur aller salir leur dignité. Nous sommes dans un régime d’impunité et les répressions se font au rythme de l’humeur de celui qui est chargé de sanctionner. C’est ça, les rapports sont là, c’est connu, les sanctions sont prévues dedans et on attend.

SG, vous avez été dans vos différentes fonctions antérieures membre de l’Observatoire de lutte contre la corruption devenu aujourd’hui l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Selon vous, qu’est-ce qui a été fait concrètement depuis sa création en matière de lutte contre la corruption ?

Je peux avoir un regard critique mais ce regard critique est professionnel. Parce que quand j’ai pris service en 1981 à la direction du budget, je suis resté à la division investissement et équipement. C’est ça qui s’occupait des grands travaux. Donc, ce qu’on appelle les rues de Cotonou, c’est-à-dire quand vous quittez Gbèdjromèdé pour venir à Atinkanmè, c’était du sable. Ce projet-là, si vous le cherchez dans les archives, vous verrez mon nom, vous verrez le nom de l’IGF, Hounsou Edouard. Si vous prenez le ministère de l’économie et des finances actuel, vous verrez mon nom. Donc, je suis resté dans un système où j’ai vu ce qu’on appelle les marchés publics. C’est pour ça que si vous allez à l’université aujourd’hui et que vous prenez mon mémoire du premier cycle, c’est : « Le financement des marchés publics en République populaire du Bénin ». Vous aurez assez de chiffres et vous verrez que déjà en ce moment-là, je dénonçais déjà tout ce qui est surfacturation, tout ce qui est avenant. J’ai fait l’Observatoire de lutte contre la corruption sous la direction de Jean Baptiste Elias. On peut tout reprocher à Jean Baptiste Elias, mais si c’est le dynamisme, il l’a et les résultats que nous avons eus sont probants et peuvent être démontrés pour les deux mandatures. Qu’on ait changé l’Observatoire de lutte contre la corruption en Autorité, vous verrez toujours que les missions n’ont pas changé. Les textes sortis, les lois qu’on a eues, qu’est-ce qu’on en fait ? Tout le problème est là et qui peut avoir la poigne de faire exécuter ça sans toucher à la cour et à la basse-cour de YAYI ? Tout le problème est là ! Qui peut avoir le courage de le faire ? C’est de ça qu’il est question.

On a l’impression que cette Autorité est trop silencieuse et ne parle pas. A quoi cela est dû ?

Il faut des gens qui peuvent avoir le courage de leurs opinions, de faire passer leurs opinions. Quand c’est blanc, ils n’ont qu’à dire que c’est blanc et n’avoir peur de qui que ce soit, ni de représailles de qui que ce soit et ou être prêt même à subir les représailles. C’est pour ça que si les paroles vont sous l’arbre à palabre au village, on ne cache rien.

Le droit de grève des magistrats à l’Assemblée nationale a nécessité la mise en place d’un comité de gestion de la crise. Selon vous, la victoire serait de quel côté ?

Dans cette histoire, il ne faut pas voir l’Unamab seule, il faut voir le peuple béninois. Si ce n’est que les magistrats, ils sont combien ? Non, on leur retire le droit de grève comme on a fait aux douaniers, mais aussi le droit de citoyenneté. Ils n’ont même pas à militer dans un parti politique. Voyez-vous tous les ravages que ça va faire au niveau des institutions ?

Puisqu’au niveau des institutions, tous ceux qui sont magistrats doivent être sortis. Votre CENA même, on doit le mettre aux calendes grecques et c’est fini. Il s’agit là d’un problème profond. J’ai dit à l’entame de notre entretien que quand vous prenez notre loi fondamentale, vous verrez que c’est par rapport à la période dictatoriale dont on venait de sortir que la loi a été prise. L’article 30 de la loi fondamentale a été clair : le droit de grève est reconnu à tout fonctionnaire. Si dans d’autres constitutions, dans d’autres pays le droit de grève est interdit aux magistrats, on ne peut pas transporter ça ici parce que dans notre loi fondamentale, ce n’est pas la même chose. Et, l’article 25 est clair : le droit d’aller et de venir est reconnu. Avant 90, Il n’y avait que deux journaux. On avait déjà conquis les libertés dans les rues en 85 et couronnées en 1989pour voir Tam-Tam Express, la Gazette du golfe, le Canard enchainé et autres commencer par paraître. Et si vous prenez les numéros de la Gazette du golfe aux années 89, c’est les extraits des papiers des comités d’action pour la plupart. Donc, pour en revenir à cette question, les magistrats, ce n’est pas eux, c’est le peuple. C’est au peuple qu’on veut retirer son droit pour avoir le bon droit de le mater à tout moment, de lui dicter ce qui doit pouvoir se faire. Quand vous avez vu le défilé du 1er août, qu’est-ce qu’on a montré ? C’est rien que des armes de guerre. « Taisez-vous hein, sinon, vous voyez ce que j’ai ? C’est pour vous. » Voilà ce qu’on veut dire. Dans les pays africains, c’est ça. Mais dans les pays développés, on montre ça pour faire peur à d’autres puissances. Quand les Etats Unis d’Amériques font ça, ils amènent tout ce qu’ils ont comme armes chimiques et autres pour dire : « Union soviétique tu vois tout ce que j’ai ? Tu vois à quel niveau je suis déjà » C’est ça ce qui se fait. Mais ici, c’est pour faire peur aux populations. On veut dresser le lit à la dictature. Au peuple de se battre. Les magistrats en ont suffisamment fait et il faut les féliciter.

N’y a-t-il pas un peu d’objectivité dans ce que disent les députés quand on sait ce qui se passe dans les tribunaux ?

Non. En voulant régler un problème, il faut voir celui à qui cela profite. Voici le problème qui est posé : ils disent que les dossiers trainent au niveau des juges, que les tribunaux sont engorgés, que les juges sont corrompus. Qui construit les tribunaux ?
C’est les magistrats qui le font ? Et dans la loi, je ne suis pas juriste mais quand il y a un tribunal quelque part, c’est qu’il doit y avoir une prison à côté. Combien de prisons on a au Bénin et elles ont été construites pour combien de gens ? C’est ça aussi la sécurité. Si on doit avoir pitié de nous, quand on nous a pris comme malfrat, la loi aussi nous dit qu’on ne doit pas nous torturer quand on nous met au frais. Il faut bien nous traiter. C’est ça aussi le droit du citoyen. Combien de prisons y a-t-il ? Tous les fonds qui sont volés, combien ont-ils pris pour construire des prisons ou des tribunaux ? N’avez-vous pas appris que le MCA a envoyé de l’argent pour construire des hôpitaux, argent qui a été détourné ? Voilà la leçon qu’on veut apprendre. Les tribunaux ont engagé les dossiers, les dossiers trainent sans suite. N’avez-vous pas appris que les magistrats disent que quand il y a cour d’assise, il y a des moyens qu’on doit mettre à leur disposition et qu’on ne le fait pas ?

Pour qu’il y ait sécurité, il faudrait qu’il y ait assez de juges, de magistrats. Ceux qui ont dit qu’ils ont honte des magistrats parce qu’ils sont trop corrompus, l’histoire nous a fait déjà savoir ce qu’ils sont. Pourquoi celui qui a dit que les juges sont plus corrompus ne donne pas de noms ? Moi, je ne parlerai pas d’un corrompu sans donner de nom ni la preuve. Dès qu’on a dit que quelqu’un connait des corrompus, il aurait dû donner des noms qu’il serait un garçon. Il aurait fait avancer la magistrature dans notre pays. Entre temps quand il y avait eu un problème des magistrats pour frais de justice, des magistrats ont été radiés. Les magistrats ont-ils refusé d’être radiés si les faits de corruption sont établis ?Moi je ne dirai pas que les magistrats sont corrompus. Je dirai que certains magistrats sont corrompus mais pas tous.

Que faut-il faire face à cette proposition ? Faut-il la ranger au placard ?

Moi, je pense qu’il faut la retirer. Mais j’ai écouté Sacca Lafia. Voilà quelqu’un qui s’occupe de notre Lépiet qui dit aujourd’hui que les signataires de cette proposition de loi ne feront pas demi-tour, qu’ils iront jusqu’au bout. Ils comptent sur quoi concrètement ? C’est ce que je ne comprends pas.

Où en est-on avec l’affaire Dangnivo ?

Je réitère mes remerciements à tous les journalistes qui nous ont relayés. Parce que n’eût été leurs efforts, personne n’aurait su qu’un cadre a disparu dans des conditions qui jusque-là sont mystérieuses. Quand même on a voulu me convaincre de ce que le corps exhumé à Womè était son corps. Moi je continue de dire que ce n’est pas son corps. Et ce n’est pas Akofodji qui me dira le contraire. Le Directeur de cabinet militaire, en ce moment, Robert Gbian qui était sur les lieux m’a posé la question de savoir pourquoi je suis si triste. Je lui ai répondu que même ci c’était un Nigérien qui était perdu et qu’on me dit que c’est lui qu’on est en train d’exhumer, j’allais avoir la même attitude. Dangnivo est un être humain et je continue de répéter que tôt ou tard, on saura la vérité sur ce qui s’est passé ce 17 août 2010. J’ai appris comme vous à la radio que le Procureur général de la cour d’appel, Gilles Sodonona dit qu’il y a un témoin qu’on recherche depuis dans l’affaire Dangnivo, sinon ça devrait passer à la cour d’assises. Quand nous avons été appelé puisqu’on a porté plainte au niveau de la cour et qu’on a laissé nos dépositions, personne ne nous a dit jusqu’à présent celui qu’on recherche. C’est déjà bien qu’on recherche un témoin. Si c’est le témoin à charge ou à décharge, il faut qu’il le retrouve.

Est-il vraiment mort ?

Ne me posez pas cette question dans la mesure où le procureur dit qu’il reste un seul témoin et c’est le principal. Puisqu’il l’a dit, j’attends. Je suis en train de prier pour qu’Akofodji ne meurt pas, puisque quand nous sommes allés le voir, il a dit quelque chose que vous devrez garder en mémoire. J’ai pu avoir la cassette et j’ai ce qu’il a dit. Que Dieu nous prête vie. Dangnivo vivant ou mort, on saura un jour ce qui s’est passé.

On apprend que les maires s’organisent à faire une déclaration sur un prochain mandat de Boni Yayi. Que pensez-vous d’un éventuel 3ème mandat ?

C’est une machine qui est en marche et le dernier verrou qui peut sauter c’est cette histoire de magistrature. On sait que si on arrive à vaincre les magistrats et à leur retirer le droit de citoyenneté et celui de grève, tout peut se passer. Parce que dans un pays où il n’y a pas de justice, quand ça va se passer comme ça, vous verrez les réponses que les gens donneront par rapport aux milliards promis lors de la table ronde. Que des maires s’apprêtent à le faire, c’est normal. Ces maires sont dans l’illégalité et ils veulent continuer leur mandat. Il leur faut ce parapluie pour pouvoir encore se maintenir. La même chose pour certains députés qui savent que c’est sous ce parapluie qu’ils peuvent faire autant de mandats qu’ils veulent à l’Assemblée nationale. Le troisième mandat est anti constitutionnel parce que notre constitution est claire à cet égard et la trouvaille c’est de dire que c’est le peuple qui le veut. On verra ce peuple qui va se soulever dans les campagnes pour pouvoir le dire. C’est la méthode qui a prévalu entre temps dans un pays voisin que je ne veux pas nommer mais que vous connaissez. L’avion peut atterrir et se casser mais, ça ne veut pas dire que les populations viendront pleurer et dire qu’il faut rester. Est-ce que mon peuple aujourd’hui, avec toute la misère, ses sous engloutis dans ICC, avec ces scandales dont la Cen-Sad, l’obscurité dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui après avoir englouti autant de milliards à Maria Gléta, est-ce que le peuple béninois, la jeunesse béninoise va se laisser duper ? J’attends de voir.

« Je confirme qu’il y aura alternance en 2016 et que Boni Yayi partira ». C’est ce qu’ont déclaré ses proches le 1er août dernier. Que pensez-vous de ces déclarations ? Vous y croyez ?

Je sais qu’au Bénin, ceux qui sont guidés par le ventre disent une chose dans la chambre et autre chose quand ils sont dehors. Pour les informations que j’ai reçues et qui me sont parvenues par rapport à cette loi contre les magistrats, en principe, elle devrait être balayée à leur première rencontre. Quand ils se retrouvent en plein jour, ils craignent la justice personnelle de celui qui les a mis là parce qu’il y a certains, quand tu les écoutes, c’est sans conviction. Il y en a parmi eux qui sont pour ça, qui foncent. Je ne voudrais pas vous dire certaines choses.

Que pensez-vous du RAMU ? Y a-t-il un relais entre Ramu et ICC ?

Vous qui êtes dans le journalisme, essayez de revoir un peu le passé. En son temps, pour pouvoir dompter les zémidjans puisqu’ils étaient nombreux, Kérékou disait qu’ils allaient faire du manioc et qu’il leur trouverait des champs. C’est des milliards qu’on a mis dans ce projet et il y avait au moins 3 ou 4 millions. Allez chercher là où sont passés ces milliards. Est-ce qu’ils ont réellement servi à faire du manioc, du gari ? Lui, pour ne pas faire du manioc, c’est le RAMU. « Je vais m’occuper de votre santé, vous allez vous soigner. » Se soignent-ils maintenant ? Vous les voyez ? Je ne peux pas dire que le Ramu est ICC bis parce que je n’ai pas encore assez de preuves mais, c’est un marché de dupes qu’on a signé avec eux.

Source : "L’Evénement précis" / N° 1311 du 12 aout 2014